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IBM prend ainsi l'ascendant sur ses concurrents chinois et sur Google en dévoilant le premier processeur quantique de plus de 100 qubits.

Aux yeux de certains observateurs, l'informatique quantique est une chimère. Les récents déboires de Microsoft et le mystère persistant autour des fermions de Majorana sont une façon de leur donner raison. Les progrès enregistrés par l’Université des sciences et technologies de Chine d'un côté, par Google de l'autre sont, au contraire une manière de voir le vide à moitié plein. La dernière annonce d'IBM en la matière va dans le même sens. Incontestablement.

Presque deux fois le précédent record

À l'occasion de l'IBM Quantum Summit, la firme américaine a donc tenu à mettre en avant les progrès réalisés dans le domaine du matériel. IBM a présenté un processeur quantique baptisé « Eagle » qui se distingue par un nombre record de qubits, 127.

Record, car il permet à IBM de prendre le dessus sur l’Université des sciences et technologies de Chine qui, en juillet dernier, avait présenté un processeur de 66 qubits. IBM devance aussi son concurrent américain Google dont le Sycamore regroupe 53 qubits.

Rappelons à toutes fins utiles que le qubit constitue la plus petite unité de stockage au sein d'un système quantique. À la différence des bits « classiques » que l'on connait bien, il peut prendre trois états différents, le 0, le 1 ou les deux à la fois.

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Une architecture « 3D »

Lors de l'annonce, Bob Sutor - exposant quantique principal chez IBM - a expliqué qu'Eagle représente « une étape cruciale dans le développement de l'informatique quantique » devenant le premier processeur à rassembler plus de 100 qubits.

IBM a déjà déployé autour de 50 systèmes quantiques, mais il ne compte évidemment pas s'arrêter là. Eagle se repose sur une architecture 3D - 3D packaging - et les éléments nécessaires à son bon fonctionnement se trouvent sur plusieurs « couches », simplifiant nettement les interactions entre les qubits et limitant les risques de perturbations.

« Eagle est basé sur l'agencement hexagonal des qubits que nous avions initié avec Falcon où les qubits se connectent avec deux ou trois voisins. Cette connexion très particulière réduit le risque d'erreurs entre qubits proches et permet d'améliorer nettement nos rendements de production de processeurs fonctionnels », souligne IBM dans son communiqué.

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Vers la suprématie quantique ?

La mise en place d'une architecture 3D doit aussi permettre à IBM de tenir ses engagements sur le long terme, de ne pas faire mentir sa feuille de route, laquelle prévoit notamment la sortie d'un nouveau processeur déjà baptisé « Condor » et qui doit atteindre un total de 1 121 qubits en 2023.

Avant cela, IBM prévoit toutefois de lancer « Osprey » dès l'année prochaine. Pour IBM, il s'agira déjà d'une étape clé dans son projet quantique. Osprey devrait multiplier par près de 3,5 le nombre de qubits intégrés au processeur : IBM parle de 433 qubits.

Si les progrès sont impressionnants, il n'est pas encore possible de parler de suprématie quantique, cet état où un ordinateur quantique est capable de résoudre des tâches impossibles pour un ordinateur au fonctionnement « classique ». IBM assure toutefois que la chose est proche et que la sortie de Condor devrait lui permettre d'atteindre cette étape.

Source : ZDNet