Récemment frappé d'une amende de 900 millions d'euros par la Commission européenne, faute de permettre une interopérabilité entre ses logiciels et les produits concurrents, Microsoft tente, à grands renforts d'annonces, de faire preuve de son esprit d'ouverture. Dernière initiative en date : la prise en charge de la version 1.1 du format ODF (Open Document Format) dès le Service Pack 2 d'Office 2007, alors même que la prise en charge de son propre format désormais normalisé à l'ISO n'interviendra qu'avec la suite Office 14. Qualifiée de « mouvement allant dans le sens de l'interopérabilité » par Microsoft, cette annonce n'a pas suscité l'enthousiasme escompté chez les commentateurs, à commencer par la Commission européenne.
Dans un laconique communiqué, elle indique avoir pris connaissance de cette annonce et réserver son jugement à une date ultérieure. « La Commission accueillerait favorablement toute initiative allant dans le sens de l'interopérabilité, du libre choix du consommateur et de la libre concurrence. Dans le cadre de son enquête sur l'interopérabilité avec Microsot Office, elle vérifiera si l'annonce de la prise en charge de l'ODF conduit effectivement à une meilleure interopérabilité et autorise le consommateur à manipuler ses documents avec le logiciel de son choix », indique Bruxelles.
L'AFDEL, association des éditeurs de logiciels, se félicite quant à elle du mouvement amorcé par Microsoft. « Les synergies mises en place avec la communauté open source démontrent qu'il y a de place pour tous les approches sur le marché. Une approche multi-formats de l'interopérabilité respecte en l'occurrence la dynamique propre de l'innovation et laisse le marché arbitrer dans un cadre encore plus concurrentiel », commente Loïc Rivière, son délégué général.
Du côté de l'APRIL, association de défense et de promotion des logiciels libres, on se montre nettement moins enthousiaste. « Comme avec toutes les annonces de Microsoft il faut être prudent et attendre la réalisation concrète », lâche Frédéric Couchet, délégué général de l'April, qui n'oublie pas de rapprocher cette ouverture d'une thématique chère à son organisation : le référentiel général d'interopérabilité.
Dit RGI, ce projet monté dans le cadre du développement de l'administration électronique (programme ADELE) part du principe que l'interopérabilité entre les différents logiciels et formats est indispensable pour garantir le bon essor des services gouvernementaux en ligne. « Il est donc désormais possible de revenir au RGI original qui prévoit un format unique pour les documents révisables (ODF) et PDF pour les documents figés. Microsoft ne pourra plus prétendre être désavantagé, à moins d'avouer que son support natif d'ODF ne fonctionnera pas ou que son annonce n'est que du vent », milite l'April par l'intermédiaire de son délégué général.