Début juin, 52 musiciens montent au créneau pour soutenir le projet de loi Création et Internet, récemment présenté par Christine Albanel. Une invitée surprise vient de joindre sa voix mélodieuse à l'appel lancé par cette partie de la scène française. En des termes très simples, Cindy Sander, candidate malheureuse, explique en quoi le téléchargement illégal a sapé le démarrage de son premier titre, le bien nommé « Papillon de lumière ».
Pour ceux qui seraient passé à côté de ce phénomène médiatique qu'est Cindy Sander, retour en arrière. Le radio crochet télévisé Nouvelle Star recale, lors des premiers castings de son édition 2008, Cindy Sander, une esthéticienne passionnée de chanson, qui puise son inspiration chez des voix telles que Céline Dion. En coulisses, la jeune femme se dit déçue, estime que le jury de l'émission n'a pas su apprécier la mesure son talent, et affirme haut et fort qu'on ne l'arrêtera pas de chanter.
Avide de victimes faciles, la Toile française s'embrase pour le phénomène Cindy Sander, et les vidéos des prestations de la jeune femme tournent de blogs en forums, jusqu'à ce que certains animateurs TV en fassent leur mascotte temporaire. Reportages, interviews et plateaux se succèdent : une artiste est née ? Arrive alors le projet de disque, mais surtout, le premier single : « Papillon de Lumière », lancé sur le Net. Le phénomène Cindy Sander est tel que le groupe M6 (auquel appartient aujourd'hui Cyréalis, éditeur de Clubic.com) décide de produire ce titre via l'une de ses filiales.
Quelques semaines après le lancement, celui-ci ne totalise qu'environ 6.000 ventes. Un résultat décevant pour celle qui se voyait en haut de l'affiche, aux côtés des Voices telles que son idole, Céline Dion. Dans une interview vidéo publiée sur son blog, elle explique les raisons de l'échec, et rejoint la cause des artistes en lutte contre le téléchargement illégal. La transcription qui suit est littérale.
« Déjà je dirai que je suis très très contente de la vente de mon single. Parce que je me dis que avant que tout ça démarre, j'ai mis cette chanson en téléchargement légal sur le net », commence Cindy Sander. « Parce que je pensais pas bien sûr à la suite, je pensais pas à la signature avec une maison de disque. Et faut être réaliste, il y a eu plus de 200.000 téléchargements. Donc moi je pars d'un principe que si le CD aurait été fait tout de suite, bin j'en aurais déjà vendu plus de 200.000 ». Cindy Sander, ou l'art du syllogisme ?
« Donc pour moi c'est déjà une très très bonne place avec tout ce qui a été téléchargé. En plus, j'étais devant Mariah Carey, donc c'est déjà pas mal », poursuit la diva. « Je m'attendais pas du tout à être première, ça j'en étais même sûre. Mais voilà j'espère que ça se passera mieux pour le deuxième, le deuxième titre, et surtout faut se dire une chose, c'est que tous les artistes c'est pareil ».
« On est tous dans le même bateau. Les ventes de singles et d'albums deviennent très très dures depuis qu'il y a tous ces téléchargements à droite à gauche », conclut Cindy Sander, avant d'asséner : « Donc arrêtez ces téléchargements, vous nous faites mourir ». Celle dont le succès est né du Web l'accuse aujourd'hui de tuer sa carrière. Douce ironie du sort ?