Ordre de grandeur. Cette semaine, le rapport sur les Technologies de l'information/communication (TIC) et le développement durable a été remis au ministre de l'Écologie. Les TIC françaises consommeraient l'équivalent de la production annuelle de huit centrales électriques (55 à 60 térawattheures), soit autant que huit villes de plus d'un million d'habitants ou encore 114 millions d'ampoules de 60 Watts allumées en permanence pendant un an. Surprenant?
Avec 34 millions d'internautes et environ 15 millions de mobinautes, le poids des TIC commence à peser lourd sur la facture électrique française. Un constat relativement inquiétant lorsqu'on pense aux autres 966 millions internautes que compte désormais la planète. « Dépasser le cap du milliard d'internautes est une étape significative dans l'histoire de l'internet (...) Le second et le troisième milliard d'internautes arriveront désormais très vite » commentait d'ailleurs, en janvier, Magid Abraham, PDG de ComScore Inc.
La consommation électrique des TIC françaises ne représente, pour le moment, que 13% de la consommation totale du pays, aux alentours de 420 térawattheures (TWh) par an. Les postes de travail professionnels compteraient pour 11 TWh et les serveurs et centres de données pour 4 TWh. Au-delà de leur seule consommation énergétique, les TIC ont une empreinte carbone. En France, cette empreinte globale s'élèverait à 30 millions de tonnes (Mt) de CO2 par an (5% de la production de CO2 en France estimée à 554 Mt). L'empreinte carbone d'un PC moyen (production, utilisation, déchets) représenterait 200 kg de CO2 par an (le double en Grande-Bretagne), tandis que celle d'un serveur afficherait 536 kg.
Pour remédier à cette situation, l'étude propose, entre autres, de mesurer régulièrement la consommation énergétique des TIC et d'en surveiller l'évolution, tout en fixant des objectifs pour le pays. Elle suggère également la mise en place de labels énergétiques et propose d'introduire la notion de développement durable dans les missions de l'Arcep (Autorité de régulation des télécommunications) et du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel). Pour les datacenters, le rapport met l'accent sur la récupération de chaleur (réduction d'impôts à la clé) et la normalisation du secteur (Comité européen de normalisation électrotechnique).
Le document mentionne toutefois un relatif impact positif des TIC. Plusieurs études montrent, en effet, que la dématérialisation, la logistique intelligente ou encore le télétravail permettraient des gains écologiques significatifs. Le secteur serait à même d'économiser l'équivalent d'une à quatre fois ses propres émissions de gaz à effet de serre.
Dernier constat, sur le million de tonnes de produits électriques et électroniques mis sur le marché en France en 2007, seulement 157.000 tonnes ont été récupérées (TIC - 24.000 tonnes), loin des 250.000 tonnes préconisées par la directive européenne DEEE (Déchets d'équipements électriques et électroniques). Où part le reste? Comme le porte-avion Clémenceau, à l'autre bout du monde...