Bouygues Telecom ne lésine pas avec le terrorisme, le procureur de la République d'Abbeville non plus. C'est ce qu'a appris à ses dépends un abonné qui a passé 24 heures en garde à vue au motif de « non dénonciation de crime ». Ce malheureux Abbevillois de 29 ans a simplement reçu de la part d'un collègue un SMS jugé « tendancieux », et l'a laissé sur le téléphone que son opérateur lui avait prêté pendant que le sien était en réparation.
L'auteur du message a pour sa part eu droit à la perquisition de son domicile et été invité à rejoindre son collègue en garde à vue pour lui avoir envoyé cette mauvaise blague : « Pour faire dérailler un train, t'as une solution ? » Après de longues vérifications, les deux personnes ont été libérées. Dans le Courrier Picard, le destinataire du message indique avoir « vécu un véritable choc ».
Le procureur Éric Fouard estime pourtant que « l'opérateur a le droit de consulter ces messages et le devoir d'alerter les autorités s'il estime qu'un crime ou un délit est susceptible d'être commis », et a privilégié le principe de précaution. Embarrassé, l'opérateur Bouygues Telecom ne le voit quant à lui pas de cet oeil et rappelle qu'il « n'a pas le droit de prendre connaissance des contenus échangés par ses clients ». Il a donc ouvert une enquête pour découvrir qui a transmis « de manière officieuse » ces informations à la police, et mener des actions contre la personne fautive.