Une femme se prenant en photo, après sa séance de sport © Hrecheniuk Oleksii / Shutterstock
Une femme se prenant en photo, après sa séance de sport © Hrecheniuk Oleksii / Shutterstock

Les études se multiplient pour montrer que les contenus légèrement sexualisés sont favorisés par Instagram. Car la sexualisation du sport ou du voyage, notamment, influence les publications et les interactions.

Lorsque Laura Kummerle, 376 000 followers au compteur, a décidé de changer le ton de ses publications Instagram axées sur le fitness, elle ne s'attendait sans doute pas à une telle réaction de la part de son public. Sa publication plus particulièrement axée sur le travail fessier a suscité un engagement colossal et boosté les ventes de ses programmes d'entraînement.

La sexualisation du contenu a une fois de plus prouvé que les publications de femmes en sous-vêtements ou d'hommes torse nu étaient plus susceptibles d'apparaître dans les fils d'actualité que des contenus dits « normaux ». Comment cette tendance à l'exhibition de son corps affecte-t-elle les créateurs de contenu, et les utilisateurs ?

Sport, sexe et réseaux sociaux : l'équation trouble d'Instagram

La sexualisation sur Instagram est devenue plus que visible, et nous ne parlons pas ici des jeunes femmes ou jeunes hommes qui n'ont que pour but de vous rediriger vers leur OnlyFans, non. Ici, nous touchons à des domaines comme le sport, le fitness ou même le voyage, avec des créateurs qui n'hésitent plus à exposer leur corps en long en large et en travers. Mais il faut comprendre que cette tendance semble en réalité être directement alimentée par l'algorithme d'Instagram, qui favorise les contenus légèrement sexualisés, sans être explicites.

Les chiffres de différentes études, comme celle menée par le cabinet Galaxy Marketing, montrent que les publications mettant en avant des photos de femmes en sous-vêtements ou en bikini sont 54 % plus susceptibles d'apparaître sur votre fil d'actualité. En ce qui concerne les photos d'hommes torse nu, la probabilité augmente de 28 %.

Nicolas Kayser-Bril, analyste au sein de l'ONG Algorithm Watch, suggère que cette tendance n'est pas seulement liée à la sexualisation, mais aussi et surtout à des facteurs algorithmiques. Instagram pourrait privilégier ce type de contenu, du fait qu'Internet est, de manière générale, inondé de photos et vidéos à caractère pornographiques, et que certaines plateformes font partie des plus visitées au monde.

Le post qui a fait flamber les statistiques du compte Instagram de Laura Kummerle © Instagram @paradigmofperfection
Le post qui a fait flamber les statistiques du compte Instagram de Laura Kummerle © Instagram @paradigmofperfection

Instagram, sport et sexualisation : l'algorithme qui influence notre perception

Certains utilisateurs exploitent forcément cette tendance en publiant des contenus sexuellement suggestifs, pour gagner rapidement des abonnés. Puis ils les suppriment pour les mettre en vente sur des plateformes dédiées et, elles, sexuellement explicites, comme MYM et OnlyFans.

La sexualisation a bien un impact sur les créateurs de contenu mais aussi sur les consommateurs. Elle joue sur des sentiments comme la perception de soi et la satisfaction corporelle. Certaines études montrent que l'exposition à des idéaux de beauté sexualisés peut réduire la satisfaction corporelle, en particulier chez les adolescentes.

Les experts débattent de l'impact de cette tendance sur Instagram. Certains considèrent que la sexualisation peut être un moyen d'autonomisation, permettant aux utilisateurs de prendre le contrôle de leur propre image et de se présenter au monde. Cependant, d'autres estiment que la plateforme copie les modèles de sexualisation de la publicité traditionnelle et pénalise ceux qui s'écartent de la norme.

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Les plus
  • Des interactions faciles par de nombreux canaux (publications, Stories, messagerie, etc.)
  • Un réseau social adapté aux préférences des utilisateurs dans la gestion de leur compte
  • De nombreux types de contenus à créer, à partager et à consulter