Un homme prenant en photo des maisons © DirkVG / Shutterstock
Un homme prenant en photo des maisons © DirkVG / Shutterstock

Se décrivant lui-même comme un « visionnaire » de l'immobilier, Shray Goel est à l'origine d'une fraude massive sur Airbnb, en étant accusé d'avoir trompé de nombreux clients avec de fausses propriétés, puis d'avoir refusé de les rembourser.

Shray Goel pourrait être qualifié de « génie diabolique », à défaut de lui-même se comparer à un visionnaire sur son propre site internet. L'homme est aujourd'hui épinglé pour avoir orchestré une fraude massive sur Airbnb, en ayant réservant près de 100 propriétés fantômes. Ce stratagème, déjà pointé du doigt dès 2019 par Vice, lui aurait rapporté 7 millions de dollars. Inculpé de fraude électronique et d'usurpation d'identité, Goel aurait, entre autres, intimidé les représentants d'Airbnb pour éviter les remboursements. Voyons comment il s'y est pris.

Un stratagème bien rodé mis en place pour piéger les voyageurs Airbnb

La fraude de Goel fut lancée en janvier 2018 et dura jusqu'au mois de novembre de l'année suivante. L'homme a utilisé une variété de faux comptes d'hôtes sur Airbnb et dans une moindre mesure sur Vrbo, un concurrent qui appartient au géant du tourisme Expedia, au même titre qu'Abritel par exemple.

Certains comptes utilisaient des noms tels que « Alex & Brittany », « Becky & Andrew » et « Annie & Chase ». Shray Goel se donnait du crédit avec son site internet à son effigie tentant de donner aux visiteurs une image rassurante, et affirmant même avoir intégré l'IA dans son quotidien, tout en posant sur un yacht histoire de flatter un peu plus son égo tourmenté.

Plus concrètement, l'arnaque de Goel impliquait un système de double réservation, pour attirer plusieurs touristes sur une même propriété, et ensuite les inciter à prendre une réservation de remplacement, souvent dans des habitations moins huppées. Lorsque les clients refusaient d'être en quelque sorte déclassés, Goel et ses complices refusaient de les rembourser. Certains biens étaient carrément fictifs, d'autres n'étaient même pas affiliés à Goel. L'utilisation de faux comptes et d'identités volées compliquait forcément la détection de l'arnaque et laissait les victimes sans solution.

Shray Goel soigne son apparence sur son site internet © Capture d'écran
Shray Goel soigne son apparence sur son site internet © Capture d'écran

Malgré un mandat d'arrêt, Goel ne bronche pas et son site reste actif

Goel et son équipe ont poussé le vice jusqu'au bout pour donner du crédit à leur démarche, en laissant des avis positifs mais forcément trompeurs sur leurs annonces, en utilisant leurs différents comptes. Pour éviter les critiques négatives des voyageurs lésés, ils désactivaient puis republiaient les annonces, parfois sous un nouveau profil d'hôte. L'acte d'accusation révèle d'ailleurs un schéma complexe où les clients étaient manipulés avec de fausses excuses, des changements de propriété, et des mensonges aux plateformes de location pour garder l'argent.

Les abus s'étendaient même jusqu'aux employés d'Airbnb, avec des pressions et menaces envers les représentants du service client. Goel exigeait d'être transféré à un autre représentant ou superviseur pour éviter les remboursements. Certains clients n'ont tout simplement pas reçu les remboursements auxquels ils avaient droit en raison de ces pressions.

Si un mandat d'arrêt a bien émis contre Shray Goel le 28 décembre 2023, il reste silencieux face aux accusations, et son site internet reste bien actif. Un énigmatique message publié sur son compte X (ex-Twitter) le 30 décembre suggère des problèmes personnels. En tout cas, Airbnb, qui avait promis des changements après l'article, a déclaré soutenir l'enquête des autorités pour assurer la responsabilité des fautifs. La plateforme a indiqué avoir collaboré avec le procureur américain et le FBI. Ces dernières années, le site a renforcé sa politique pour se protéger des fraudeurs.

Source : 404media