La guilde des acteurs américains accepte que l'IA reproduise leurs voix, mais seulement sous certaines conditions.
Cet accord, qui a été annoncé au cours du CES 2024 à Las Vegas, a été passé auprès de Replica Studios, une entreprise de génération de voix par Intelligence Artificielle. Alors que la grève historique des scénaristes puis des acteurs américains au cours d'une bonne partie de l'année dernière est encore dans toutes les mémoires, artistes et studios ont cette fois-ci décidé de s'entendre avant d'en arriver jusque-là. Mais cet accord, passé avec une seule entreprise, et limité à l'industrie du jeu vidéo, reste très circonscrit.
Le développement de l'IA, inquiétude majeure pour les professionnels du cinéma
Si le développement de l'intelligence artificielle a soulevé des inquiétudes quant à la sécurité de l'emploi de nombreuses professions, souvent à raison, nul ne les a exprimées aussi fortement que les scénaristes américains, suivis de près par les acteurs du pays. Les deux professions, en effet, ont obtenu des accords des studios de cinéma et plateformes de streaming après des grèves de respectivement 148 et 118 jours. L'encadrement de l'utilisation de l'intelligence artificielle dans cette industrie n'était certes pas la seule de leurs revendications, mais elle y occupait une bonne place.
Après cet interminable bras de fer qui a paralysé une bonne partie de la production audiovisuelle américaine pendant des mois, les deux professions ont largement obtenu gain de cause, signant un accord leur accordant des augmentations de salaire et limitant fortement l'usage de l'IA dans leur domaine.
Mais au cours du CES 2024, la guilde des acteurs a signé un accord avec Replica studios, une société qui utilise l'intelligence artificielle pour reproduire des voix. Les termes de cet accord autorisent cette entreprise à utiliser leurs voix dans le cadre du développement de jeux vidéo, et créent une base de travail pour d'autres deals similaires qui pourraient être passés dans ce cadre.
Un accord très encadré
Si le syndicat des acteurs a accepté que l'IA entre ainsi dans son pré carré, c'est que l'accord signé est très contraignant, et que les acteurs concernés y ont bien sûr également un intérêt. D'abord, il ne concerne évidemment que la reproduction de la voix des acteurs, et non la totalité de leur image. Replica Studios doit aussi récolter le consentement explicite des acteurs dont elle synthétise la voix pour pouvoir l'utiliser, et leur offrir une juste rémunération en échange. Enfin, le studio ne peut utiliser une voix ainsi synthétisée qu'un nombre limité de fois avant de devoir rémunérer les acteurs concernés à nouveau. Cet accord est valable pour les comédiens en activité, mais aussi pour les ayants droit des performances de ceux qui sont décédés.
S'il montre que les artistes américains ne sont pas aveuglément opposés à l'utilisation de l'IA dans leur domaine, il est surtout notable par le fait que l'activité de Replica Studios, précisément, était au cœur des préoccupations de la guilde des acteurs au cours de leur grève de 2023.
Source : Mashable