Un iceberg sur la côte du Groenland © Michal Balada / Shutterstock
Un iceberg sur la côte du Groenland © Michal Balada / Shutterstock

Une nouvelle étude révèle que la calotte glaciaire du Groenland perd 30 millions de tonnes de glace par heure. La crise climatique est, selon les chercheurs, bien plus grave que prévue.

S'il fallait une énième preuve du réchauffement climatique, les scientifiques d'un institut californien ont publié les résultats, alarmants, d'une étude notamment basée sur l'analyse de données satellites, qui souligne que la progression de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland dépasse de 20 % les précédentes estimations. Si elle conserve ce rythme, elle pourrait déclencher un effondrement critique des courants océaniques, outre d'autres conséquences météorologiques ou encore alimentaires.

La fonte accélérée du Groenland met en danger les océans mondiaux et amplifie le risque d'un effondrement critique des courants marins

Les techniques de mesure actuelles ne parviennent pas à expliquer le retrait des glaciers sous le niveau de la mer au Groenland. Mais l'étude, basée sur l'analyse de 240 000 observations de positions prises entre 1985 et 2022, révèle un raccourcissement généralisé équivalant à 1 000 gigatonnes (1 gigatonne est égale à 1 milliard de tonnes) de glace perdue.

Au total, ce sont 30 millions de tonnes par heure qui disparaissent. La masse de glace perdue est désormais 20 % supérieure aux estimations précédentes. Pour le Dr Chad Greene, de la NASA, les changements sont « énormes ». Il estime que le déversement d'eau douce dans l'Atlantique Nord finira probablement par affaiblir la circulation méridienne de retournement atlantique.

Cette circulation est composée d'eaux chaudes du Golfe du Mexique, qui rejoignent les côtes européennes puis se refroidissent, pour finir par plonger en profondeur dans le sud du Groenland. Les chercheurs notent que cette dernière, au plus bas depuis 1 600 ans, montre des signes de point de basculement. Une partie importante de la calotte glaciaire du Groenland est proche d'une fonte irréversible, avec une potentielle hausse du niveau de la mer de 1 à 2 mètres, ce qui mettrait en danger de nombreuses zones côtières.

Glaciers © Bogdan Vacarciuc / Shutterstock
Glaciers © Bogdan Vacarciuc / Shutterstock

Des impacts dans de nombreuses régions du monde

Publiée dans Nature et relayée par nos confrères britanniques du Guardian, l'étude a utilisé l'intelligence artificielle pour cartographier plus de 240 000 positions de glaciers sur 38 ans, le tout à l'aide de données provenant de satellites. Depuis 1985, la calotte glaciaire a perdu environ 5 000 km² de glace, une masse significative qui souligne l'urgence d'agir face au changement climatique.

Les modèles actuels négligent l'eau douce provenant du retrait des glaciers du Groenland. Les conséquences sur les conditions météorologiques mondiales, les écosystèmes, et la sécurité alimentaire sont préoccupantes et nécessitent une réévaluation des modèles océanographiques.

Des experts, comme le professeur Tim Lenton, veulent alerter sur les risques considérables pour la circulation océanique, avec des impacts sur l'Europe occidentale, le Royaume-Uni, l'Amérique du Nord et la région du Sahel. Cette découverte de la perte accrue de glace est en tout cas cruciale pour comprendre le déséquilibre énergétique de la Terre, causé par les émissions de gaz à effet de serre. Et ainsi mener les actions nécessaires et immédiates pour atténuer le changement climatique.