Et si l'intelligence artificielle pouvait contribuer à la lutte contre le changement climatique ? Certains en sont convaincus et veulent en faire l'interlocuteur privilégié des décideurs.
Ce n'est un secret pour personne que les grands modèles de langage qui propulsent ChatGPT et Bard de Google sont très gourmands en énergie et en ressources. Une caractéristique qui les rend plutôt incompatibles avec les objectifs climatiques que de nombreux pays dans le monde se sont fixés.
Pourtant, dans certains cas, cette technologie pourrait bien nous aider à relever les défis de demain, et c'est même la raison d'être d'un certain… ClimateGPT.
Une base de données solide
Un bon modèle de langage ne doit pas nécessairement ressembler aux projets développés par les géants de la technologie. Alors que ChatGPT et Bard doivent répondre à un cahier des charges très large et très complet, d'autres IA peuvent se spécialiser dans des domaines très spécifiques. C'est ce type d'outil qu'a développé l'Endowment for Climate Intelligence (ECI), une organisation dont l'objectif est de créer des intelligences artificielles dédiées à la lutte contre le changement climatique.
Le résultat, ClimateGPT, est spécialisé dans la résolution de la crise climatique et se veut l'interlocuteur privilégié des « chercheurs, décideurs politiques et chefs d'entreprise », selon un communiqué de presse d'AppTek, une des organisations derrière l'ECI. Ces individus peuvent, en effet, interroger l'IA pour les aider à prendre les meilleures décisions sur le plan environnemental en acquérant « une compréhension holistique des impacts du changement climatique à travers les sciences naturelles, sociales et économiques ».
Cet outil d'IA n'a pas été formé avec n'importe quelles données, puisqu'il a ingéré « plus de 10 milliards de pages web et des millions d'articles universitaires en libre accès ». Ceux-ci ont été fournis par Erasmus.IA, une plateforme spécialisée dans la conception d'IA capables d'accompagner l'humanité dans ses défis futurs. L'ECI a pris la liberté d'utiliser une seconde série de données climatiques, mais pas seulement, pour affiner son modèle. ClimateGPT devrait donc être assez résilient face à la désinformation, même si ses créateurs préviennent qu'il « peut générer des réponses biaisées, offensantes ou inexactes ». Personne n'est parfait…
Quand l'IA est verte et open-source
Pour contribuer à la lutte contre le changement climatique, l'ECI a voulu limiter l'impact environnemental de ClimateGPT. Son premier nœud a été lancé lors de la COP 28, où il a été alimenté par la gigantesque centrale solaire photovoltaïque Al Dhafra Solar PV à Abu Dhabi. Le modèle, quant à lui, a été entraîné sur un réseau de 256 Nvidia H100,« les GPU cloud les plus économes en énergie », commente l'organisation, tous alimentés par la centrale hydroélectrique de Puyallup dans l'État de Washington, aux États-Unis. Enfin, l'accès à l'outil est désormais assuré grâce aux infrastructures cloud de Microsoft, qui essaye d'avoir un impact carbone moins important.
ClimateGPT n'est pas réservé aux politiciens et aux patrons du CAC 40. Tout le monde peut y accéder via Hugging Face AI, une plateforme française dédiée à l'IA open-source que nous vous avions présentée l'été dernier. Il est possible de vérifier les données d'entraînement du modèle de l'ECI, d'analyser son fonctionnement et de prévenir d'éventuels défauts qui iraient à l'encontre de sa mission première. Un véritable gage de confiance qui, espérons-le, rendra cette IA réellement utile et pertinente pour les décideurs.
Source : PR Newswire