Qui aurait cru que Google traquait quand même ses utilisateurs en mode incognito ? À peu près tout le monde, mais cela ne devrait plus être le cas à la suite d'un accord pour éviter une décision de justice.
Le Wall Street Journal a révélé un accord passé entre Google et des utilisateurs de ses services après une « class action ». Le moteur de recherche a ainsi accepté de supprimer d'immenses quantités de données récoltées sur ses utilisateurs par le mode incognito du navigateur Web Chrome, ce qui devrait lui éviter de passer devant la justice.
L'entreprise s'est également engagée à plus de transparence et de contrôle quant aux données récoltées avec ce mode de navigation.
Google contrainte de supprimer les données récoltées avec le mode incognito
Avec l'accord qui a été trouvé entre l'entreprise et les plaignants, les avocats de ces derniers ont décrit le mode incognito dans sa forme actuelle comme « un mensonge en pratique », et « un problème d'éthique professionnelle et d'honnêteté élémentaire ». Il est vrai que ce mode de navigation n'avait jusqu'à présent d'incognito que le nom, et s'il ne laisse pas d'historique dans votre navigateur, Google n'oublie en revanche rien.
Mais l'accord qui a été passé pourrait changer, sinon l'anonymat revendiqué, au moins le manque de transparence qui l'entoure pour l'instant. En effet, Google s'est engagée à reformuler la notice qui s'affiche sur le mode incognito afin d'informer les utilisateurs que des données sont bien collectées lorsqu'ils utilisent ce mode de navigation. Les cookies tiers devront également y être bloqués par défaut.
Cet accord, qui doit encore être validé par un juge en juillet prochain, imposera enfin à la firme de « supprimer et/ou [de] remédier à des milliards d'enregistrements de données » faits par ce biais.
- Très bonnes performances
- Simple et agréable à utiliser
- Un navigateur bien sécurisé
- Politique de confidentialité catastrophique
- Gestion de l'autoplay à revoir
Un problème connu depuis longtemps
Lorsque des particuliers se sont constitués en « class action » en octobre 2022, ils avaient de bonnes raisons d'être sceptiques quant à la confidentialité affichée par la navigation incognito. À ce moment, des conversations internes à l'entreprise, dans lesquelles des employés en charge de ce mode s'en moquaient ouvertement, avaient en effet été rendues publiques. En 2018, un ingénieurs avait écrit dans un e-mail interne qu'« il faut que l'on arrête d'appeler cela "navigation privée" et que l'on arrête d'utiliser une icône d'espion ».
Le problème n'est donc pas vraiment nouveau. Une responsable marketing avait également suggéré à Sundar Pichai, le P.-D.G. de l'entreprise, en 2021, de « rendre le mode Incognito vraiment privé », parmi une liste de mesures qu'elle suggérait pour tenter de regagner la confiance du public après plusieurs révélations quant au traitement de la vie privée par l'entreprise. Pour elle, le seul moyen d'en faire la promotion sans tomber dans la publicité mensongère était de rester aussi vague que possible. Et c'est bien sûr cette dernière approche qui a été préférée, ce qui n'a pas empêché, en mai dernier, plusieurs états américains de porter plainte contre l'entreprise précisément pour cette raison.
Il aura donc fallu la menace de la justice et d'une énième amende pour que le mode incognito se rapproche un peu de ce qu'il suggère.