Les bactéries seront-elles l'avenir du stockage ?

Alexandre Laurent
Publié le 28 février 2007 à 14h50
Des chercheurs de l'Institut des sciences du vivant de Keio, au Japon, affirment avoir réussi à mettre au point un procédé qui permettrait de stocker des informations de façon pérenne dans les cellules d'un organisme vivant. Il serait ainsi possible d'envisager de conserver d'importantes quantités de données sur des dizaines d'années, celles-ci étant directement inscrites dans les gènes de l'organisme en question. Une première expérimentation a déjà été conduite sur une bactérie, Bacillus subtilis.

L'objectif est donc de parvenir à utiliser des organismes très simples, se reproduisant à l'identique, pour conserver des informations sur le très long terme. Pour ce faire, les chercheurs de Keio ont commencé par mettre au point un « code » permettant de convertir des informations telles qu'une suite de caractères en composés chimiques. Ils ont ensuite placé ces composés chimiques à différents niveaux des gènes de la bactérie Bacillus subtilis. Pour lire ces informations, il suffit ensuite de séquencer les gènes de la bactérie et de les comparer à l'ADN original afin d'isoler les molécules modifiées, puis de décoder ces dernières.

Les bactéries ont bien sûr une durée de vie limitée, mais elles se reproduisent rapidement et simplement, à partir de leur séquence génétique. Une bactérie génétiquement modifiée à des fins de stockage donnera donc naissance à d'autres bactéries qui partageront ses gènes, et véhiculeront donc les mêmes informations. Ainsi, la conservation des données serait parfaitement assurée dans le temps, si l'ADN n'était pas amené à subir des mutations et des altérations. Une fois modifié, celui-ci pourrait ne plus permettre de retrouver les séquences contenant les informations. Afin d'éviter leur corruption, les données devront donc été répliquées, puis placées à différents emplacements du génome de la bactérie.

A partir de simulations effectuées sur ordinateur, les chercheurs responsables de ce projet estiment qu'il devrait être possible de stocker, au moyen de cette méthode, des données pendant plusieurs centaines, voire milliers d'années, la seule contrainte étant de s'assurer que les bactéries qui portent les informations soient conservées dans un environnement adéquat. Notons qu'un autre projet, conduit cette fois-ci par un chercheur indien, étudie la possibilité de stocker des données sur un disque à l'aide de protéines sensibles à la lumière (voir 50 téraoctets sur un DVD grâce aux protéines ?).
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