Une étude menée par les universités de Rice et de Duke tend à démontrer que la suppression des DRM des fichiers vendus en ligne pourrait contribuer à faire baisser le piratage. Une conclusion qui va à contre-courant des réflexions menées par les ayant-droits.
A l'heure où les différentes industries du divertissement, musique, cinéma et jeux vidéo en tête, verrouillent de plus en plus leurs produits à l'aide de DRM, une étude menée conjointement par deux universités américaines tend à démontrer que les verrous numériques favoriseraient plus le piratage qu'ils ne l'endigueraient. Les professeurs de marketing Dinah Vernik de l'université de Rice et Devavrat Purohit et Preyas Desai de l'université de Duke ont utilisé un système de modélisation analytique pour examiner la façon dont le piratage est influencé par l'absence ou la présence de DRM.
Les chercheurs ont ainsi constaté que si les DRM rendent le piratage des fichiers bien plus difficile, ces derniers ont également un impact négatif auprès des « utilisateurs légaux qui n'ont aucune intention de faire quelque chose d'illégal », souligne le premier rapport de l'étude.
« Seuls les utilisateurs légaux paient le prix et souffrent des restrictions » expliquent les chercheurs. « Les utilisateurs illégaux ne sont pas affectés, car les produits piratés n'ont pas de restrictions de DRM ». Un constat somme toute logique, et qui se vérifie souvent en pratique : on peut prendre pour exemple les contraintes rencontrés par les joueurs de certains jeux vidéo, obligés d'être connectés en permanence pour jouer et valider leur copie légale en ligne.
« Dans de nombreux cas, les restrictions DRM empêchent les utilisateurs légaux de faire des choses aussi naturelles que des copies de sauvegarde de leur musique » ajoute Dinah Vernik, qui lance alors une triste conclusion : « En raison de ses inconvénients, certains consommateurs choisissent de pirater ». Dans cette logique, proposer du contenu payant exempt de verrous numériques permettrait de contenter les consommateurs tout en enrayant leur frustration. Par ailleurs, l'étude démontre également que « la diminution du piratage ne garantit pas une hausse des profits.»
Des constations qui apparaitront évidentes aux yeux de beaucoup, mais qui sont ici réalisées avec des outils d'analyses spécifiques donnant ainsi du poids à des théories souvent évoquées par les consommateurs eux-mêmes : l'absence de DRM est d'ailleurs un des points présents dans le manifeste du projet Don't Make Me Steal, plutôt orienté cinéma.
Les chercheurs à l'origine de l'étude espèrent que cette dernière interpellera les secteurs qui exploitent les DRM et les poussera à remettre leur utilité en question, à l'heure où le DRM universel Ultraviolet semble sur le point d'être lancé.