Alexey Smyshlyaev / Shutterstock.com
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L’univers crypto a bien changé depuis 2013, date à laquelle Vitalik Buterin rédigeait le premier livre blanc de ce qui allait devenir la blockchain Ethereum. Initialement construits sur l’idée d’une décentralisation maximale, les actifs numériques peinent aujourd’hui à conserver cette philosophie au premier plan. Selon Buterin, ce problème vient de la folie spéculative qui règne autour des cryptos et des NFT.

Critique à l’égard de l’appât du gain des investisseurs qui gangrène le monde de la crypto et des NFT, Vitalik Buterin aimerait que l’on revienne à des investissements centrés autour de l’utilité des actifs numériques.

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Cryptomonnaies : de l’utilité à la cupidité

Si vous demandez aujourd’hui à Vitalik Buterin de vous décrire son ressenti sur la « cryptosphère », il vous répondra probablement avec des sentiments ambivalents. De la fierté, mais aussi de la crainte. Fierté d’avoir mis sur pied un écosystème qui permet d’apporter une réponse à des personnes non bancarisées, de permettre à des entrepreneurs de construire de nouveaux produits ou de proposer des services novateurs. Mais crainte, aussi, face à l’utilisation des actifs numériques à des fins moins glorieuses : blanchiment d’argent, évasion fiscale et règne sans partage de la rentabilité.

Selon Buterin, cet attrait pour la spéculation et l'argent facile relègue au second plan les aspirations initiales des technologies blockchain. Là où beaucoup voient dans les cryptos et les NFT une manière de s’enrichir, Buterin continue d’espérer qu'Ethereum et d'autres blockchains pourront être le théâtre d’expérimentations sociopolitiques comme la planification urbaine ou le revenu de base universel.

La place de la crypto dans les enjeux géopolitiques

La guerre entre l’Ukraine et la Russie aura eu le mérite de remettre les principes d’utilité de la cryptomonnaie au centre de l’échiquier. Utilisés comme outil de donation par le gouvernement de Zelensky, les actifs numériques ont aussi permis aux Ukrainiens en fuite de pouvoir disposer de moyens de paiement et d'une alternative aux institutions bancaires parfois fermées. De nombreux experts ont aussi alerté sur le rôle que pouvaient jouer les actifs numériques sur les sanctions à l'encontre de la Russie, rappelant que la philosophie première de Bitcoin ou d’Ethereum était celle de la décentralisation.

Dans un courriel adressé au TIME, Vitalik Buterin précise cette pensée, non sans égratigner les NFT au passage :

« L'un des aspects positifs de la situation de ces trois dernières semaines est qu'elle a rappelé à de nombreuses personnes dans l'espace cryptographique que le but ultime de la cryptographie n'est pas de jouer à des jeux avec des images de singes valant des millions de dollars, mais de faire des choses qui ont des effets significatifs dans le monde réel ».

Les NFT en prennent pour leur grade !

S’il y a bien un domaine que Buterin ne porte pas dans son coeur, c’est celui des NFT. Pourtant, le co-fondateur d’Ethereum avait suivi le développement de ce nouveau segment de marché avec une certaine forme d’enthousiasme. Pour la blockchain Ethereum, l’émergence des NFT a été vecteur de bonnes et de mauvaises nouvelles. Bonnes parce que l’essor des jetons non fongibles a contribué à valoriser le cours de l’Ethereum. Mauvaises parce que le volume de transactions a aussi joué son rôle sur l’engorgement du réseau… et donc sur la hausse des frais de transactions.

Si Buterin ne semble pas remettre en cause les principes fondateurs des NFT, il semble regretter leur usage. Et lorsqu’il évoque les Bored Ape Yacht Club qui s’échangent parfois contre plusieurs millions d’euros, l’idée d’une trop grande centralisation n’est jamais bien loin. L’investissement de consortiums et autres sociétés de capital-risque sur ce marché, l’émergence des projets de type « clubs privés » n’inciteront probablement pas l’informaticien à revoir sa copie.

Pourtant, la très large majorité des projets NFT est aujourd’hui basée sur la blockchain Ethereum. Si Solana grignote peu à peu son retard, Ethereum reste leader sur ce marché, comme sur celui de la finance décentralisée.

Source : TIME.