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La firme d’études de marché Forrester Research ne blague pas lorsqu'elle considère que le « Web3 contient les graines d’un futur dystopique ». Dans un rapport au vitriol, la firme américaine explique en quoi les rêves d’une finance décentralisée se confrontent à la réalité du terrain.

L'année 2021 s'est terminée dans une pagaille de NFT et d’autres concepts fourre-tout qui réunissent aussi bien les idéalistes que les escrocs. Le Web3, lui, se confronte à ses propres limites, dont la principale est l’appât du gain, soutien l’agence Forrester lors d’un démontage en règle qui fait mal à la blockchain. 

Le Web3 n’est pas l’utopie espérée

Le rapport, écrit par des analystes économiques de Forrester, est disponible pour la somme de 1 495 dollars sur leur site. Il fustige de prime abord l’utilisation du terme Web3, qui se confond avec le terme Web 3.0, déjà employé au début des années 2000. On apprend que le mot Web3 a été remis au goût du jour fin 2021 par une société de capital-risque, pile à l’heure où le monde entier s’engouffrait dans l’ère des NFT.

Il y aurait dans le Web3 un petit goût de Web 2.0, qui aurait pu devenir un modèle où les internautes possèdent le Web s'ils n'avaient pas réalisé que l’ensemble du système tourne autour de seulement 3 ou 4 sites (Facebook, Google and co) qui ont fini par dicter aux utilisateurs leurs vies en collectant leurs données. Le constat du Web3 et de la blockchain est similaire, avec une poignée d’acteurs majeurs qui contrôlent la plupart des projets.

De fait, la finance décentralisée est, sur le papier, un beau projet, mais les grandes idées qui la composent (« Faites confiance au code, pas aux entreprises ») sont impossibles à mettre en œuvre, selon le rapport. Même si une communauté s’organise en smarts contracts et rend le code public et transparent, des déviances pourront toujours avoir lieu.

La finance décentralisée victime de l'argent roi

Sur les neuf idées qui démontrent la possibilité d’un Web3 fondé sur le partage et l’entraide, Forrester insiste sur le fait que c’est bien l’argent le centre du problème, et que dans les communautés cryptos, seuls un petit groupe d’individus détient l’ensemble des richesses. « Tant que les financiers ne fermeront pas les robinets de cette machine à cash, le phénomène Web3 va continuer à voir fleurir des arnaques qui feront de l’ombre aux projets plus valorisants. » Sur ce point-là, difficile de donner tort à ce rapport, quand on voit les nombreux projets fumeux qui ont fait le beurre des premiers investisseurs NFT.

Pour finir, l’agence estime que la décentralisation n’est qu’un rêve, en soulignant que des projets comme l'Ethereum ne pourraient pas tenir sans des entreprises centralisées qui constituent sa colonne vertébrale.

Source : The Register