Introduction
Pour donner du réalisme à tout cela, NVIDIA propose depuis le début de l'année sa technologie 3D Vision. Il s'agit ici de transformer l'image 3D rendue par l'ordinateur en une image 3D stéréoscopique : soudain les objets se détachent du fond de l'écran avec du relief. Le principe repose sur une paire de lunettes, des lunettes bien différentes de celles en carton avec des plastiques bleu et rouge en guise de verres. Non, NVIDIA utilise un mécanisme d'écrans LCD occultant tour à tour l'œil gauche ou l'œil droit pour masquer des images afin de recréer une perception de profondeur.
On se souvient d'ailleurs qu'il ne s'agit pas de la première tentative de NVIDIA en matière de 3D, la firme au caméléon ayant par le passé déjà proposé une solution de ce type, toutefois l'approche technologique était à l'époque différente. Que vaut la 3D que nous propose aujourd'hui NVIDIA ? Réponse dans ce test !
- NVIDIA 3D Vision : la technologie, les exigences, le kit
- NVIDIA 3D Vision : installation, environnement compatibilité
- Performances et test en vidéo
- Conclusion
NVIDIA 3D Vision : la technologie en quelques mots
NVIDIA reprend ce principe naturel pour recréer l'illusion de la 3D. La carte graphique va donc envoyer à l'écran deux images, affichées en alternance à l'écran, alors que les lunettes, synchronisées avec ce dernier, vont occulter chaque oeil à tour de rôle. C'est donc in fine grâce au mélange des deux images effectué par notre cerveau que la sensation de relief est reproduite.
Des prérequis contraignants
Pour fonctionner, la technologie de rendu 3D Vision nécessite un ensemble de prérequis. Il faut tout d'abord disposer d'une carte graphique NVIDIA GeForce, à partir du modèle 8800 GT. Pour des questions de performance, NVIDIA recommande au minimum un GeForce GTS 250... pourtant on ne peut pas dire que l'écart de performances entre le GeForce 8800 GT et le GeForce GTS 250 soit conséquent, puisqu'il s'agit précisément de la même puce graphique avec quelques unités de calcul en plus et surtout un nouveau nom commercial. Naturellement, il est bien entendu que 3D Vision ne fonctionne pas avec les cartes graphiques ATI Radeon. A la décharge de NVIDIA, il est vrai que c'est le pilote graphique qui effectue le plus gros du travail pour gérer le rendu stéréoscopique.Second prérequis, plutôt rédhibitoire, la nécessité de posséder un écran dont le taux de rafraîchissement est supérieur à 100 Hertz, préférablement 120 Hertz. Pourquoi ? Afin de recréer l'effet de 3D et donc de donner du relief aux différents objets ou personnages d'une scène, la carte graphique va, nous l'écrivions plus haut, effectuer le rendu de la même scène selon le point de vue de chaque oeil et donc transmettre deux fois plus d'images à l'écran. Avec un écran conventionnel, dont le taux de rafraichissement est de 60 Hertz, la sensation de fluidité ne serait pas au rendez-vous puisque chaque oeil n'aurait droit qu'à 30 images par seconde maximum alors que la fatigue oculaire serait beaucoup trop intense. Aussi NVIDIA détourne ici à son avantage l'une des caractéristiques des écrans plats les plus récents, comme le Samsung SyncMaster 2233RZ et sa dalle de 120 Hz (le modèle utilisé dans ce test). Notez que Viewsonic propose également un écran LCD répondant aux exigences de la technologie 3D Vision.
Ecran Samsung 2233RZ
Les anciens écrans cathodiques, à condition qu'ils proposent un taux de rafraîchissement de 100 Hertz, sont également compatibles avec la technologie 3D Vision. Naturellement, le confort visuel obtenu avec ce type de solution sera inférieur à ce que propose une dalle LCD de 120 Hertz. Et alors que certains DLP sont également compatibles 3D Vision, ce n'est pas le cas des téléviseurs haute définition actuels qui se réclament pourtant comme offrant un rafraîchissement de 120 Hertz (ou plus). En effet, ceux-ci ne peuvent diffuser que du contenu 60 Hertz en entrée...
Profitons-en pour préciser qu'actuellement 3D Vision est confronté à une limitation technologique. Si les écrans de Samsung et Viewsonic ont une diagonale de 22 pouces, et donc une résolution de 1680x1050 pixels, ce n'est pas un hasard. En effet, la liaison Dual-Link DVI actuellement utilisée par nos ordinateurs n'offre pas la bande passante suffisante pour atteindre une résolution Full-HD, c'est à dire 1920x1080 pixels avec une fréquence d'affichage de 120 Hertz. Pour profiter d'écrans 24 pouces compatibles 3D Vision, il faudra visiblement attendre le HDMI 1.4 (ou le DisplayPort ?)...
Enfin, bien sûr, il vous faut la paire de lunettes NVIDIA 3D Vision. Celle-ci est constituée de deux écrans LCD en guise de verre. Grâce à la liaison infrarouge effectuée entre l'ordinateur et les lunettes, chaque verre sera obturé très rapidement pour masquer l'image de gauche ou de droite, en synchronisation avec l'écran, recréant ainsi l'effet de 3D.
Fréquence de rafraîchissement de 120 Hertz
Le kit NVIDIA 3D Vision
Quelques mots sur les lunettes : avec une monture en plastique, celles-ci peuvent se mettre par-dessus des lunettes de vue. Elles disposent d'un bouton de mise en marche et intègrent une batterie leur donnant une autonomie annoncée de 40 heures. La recharge des lunettes s'effectue via un câble mini-USB et NVIDIA a pensé à inclure un automatisme pour éteindre automatiquement les lunettes après une dizaine de minutes d'inactivité.
A l'usage les lunettes sont peu confortables : leur plastique dur n'est pas des plus agréables alors que leur forme trop étriquée ne convient pas aux têtes assez larges. De plus, les lunettes sont tout de même assez lourdes : 50 grammes à peu près. Et elles ne feront pas bon ménage avec des casques de grande taille comme le G35 de Logitech, à tout hasard. Précisons que NVIDIA livre ses lunettes avec un étui en tissu, un chiffon de nettoyage, mais également des ailettes en caoutchouc de trois tailles différentes pour s'adapter à votre nez.
Les lunettes NVIDIA 3D Vision
Un mot sur la base USB : celle-ci est dotée d'un bouton dont la couleur de la diode représente l'état de fonctionnement de 3D Vision (rouge 3D Vision non installé, etc). Une pression sur ce bouton permet à tout instant d'activer ou de désactiver le rendu 3D, y compris en pleine session de jeu. Une molette présente au dos de la base permet quant à elle d'ajuster manuellement la profondeur de l'effet 3D. Il ne sera pas rare de régler plusieurs fois ce paramètre en cours de jeu, un paramètre réglé par défaut à 15%.
Base USB NVIDIA 3D Vision
Notez que plusieurs revendeurs proposent des packs avec d'un côté le kit NVIDIA GeForce 3D Vision, de l'autre l'écran Samsung SyncMaster 2233RZ.
Installation
Côté installation, les choses sont relativement simples à condition de respecter là encore quelques exigences. Tout d'abord, la technologie 3D Vision ne fonctionne que sur les systèmes d'exploitation Windows Vista et Windows 7, éditions 32 ou 64 bits. Pas question donc d'en profiter sous Windows XP. Ensuite, l'écran doit être relié à la carte graphique par le biais d'un câble DVI de type Dual-Link. Enfin, si les configurations SLI sont supportées, ce n'est pas le cas du 3-Way SLI.Activation du rendu 3D stéréoscopique
Pour le reste, NVIDIA livre avec son kit un CD d'installation : celui-ci va non seulement installer les pilotes graphiques NVIDIA mais aussi les pilotes de l'émetteur infrarouge. Une fois tout ce petit monde paramétré, il faudra redémarrer l'ordinateur et procéder à la configuration du kit. NVIDIA propose ici un assistant plein écran vous invitant à connecter l'émetteur infrarouge puis à chausser les lunettes : quelques rapides questions permettront de configurer l'ensemble et de vérifier le bon fonctionnement de la paire de lunettes. Problème, la traduction de l'assistant est pour le moins approximative !
Notez également que les derniers pilotes GeForce NVIDIA intègrent la partie 3D Vision : seul problème, un bug fait que le pilote de l'émetteur infrarouge ne s'installe pas sur les systèmes 64 bits. Il faut donc passer par plusieurs installations successives de pilotes, une étape un rien contraignante, ou prendre son mal en patience et télécharger le CD de pilotes complets en version 1.10 pour 3D Vision.
De l'environnement et de l'aptitude physiologique
Avant d'évoquer la partie ludique, il nous faut vous mettre en garde sur l'environnement qui vous entoure. NVIDIA conseille en effet de chausser les lunettes, et donc de jouer, dans un environnement plutôt obscur. Et pour cause puisque les lumières provoquent un scintillement très désagréable du fait de la différence de fréquence de rafraichissement entre les écrans intégrés aux lunettes et votre éclairage. C'est ennuyeux, car s'il est facile d'éteindre un second écran ou une lampe de bureau à proximité de sa station de jeu, il est plus difficile de couper certaines diodes ou même les lumières extérieures ! C'est pourquoi NVIDIA propose, via son assistant de configuration d'adapter la fréquence de rafraichissement de l'écran en la réglant sur 120, 110 ou 100 Hertz. Manque de chance, le réglage n'a fait qu'atténuer le clignotement provoqué par notre lampe néon sans l'éradiquer... totalement.Attention, certains individus ne ressentent pas, pour des raisons physiologiques, l'effet 3D recréé par la technologie NVIDIA. Le fabricant estime à 8% le pourcentage de la population perméable à ce type d'effets. C'est pourquoi durant l'installation, NVIDIA propose un écran permettant de tester la perception de l'effet 3D.
Compatibilité avec les jeux, fonctions du pilote
Une question se pose maintenant : quels jeux vidéo sont compatibles avec la technologie 3D Vision ? Techniquement, tous les jeux le sont puisque c'est le pilote qui va doubler automatiquement les images. Toutefois, les résultats peuvent être assez variables d'un titre à l'autre. C'est pourquoi NVIDIA a mis au point un système de profils, semblables aux profils SLI. Ainsi, le pilote graphique détecte le jeu qui se lance et peut procéder à divers ajustements. Du reste, comme certains jeux de tirs effectuent le rendu de leur viseur sur une mauvaise profondeur, ce qui provoque son dédoublement dans le meilleur des cas, NVIDIA propose sa propre mire. Il est ainsi possible de choisir un viseur personnalisé directement depuis les pilotes NVIDIA. Dans un autre registre, les pilotes proposent également d'affecter des raccourcis clavier de son choix pour activer ou désactiver certaines fonctions liées à 3D Vision comme l'activation ou non de l'effet ou encore le réglage de son intensité (deux paramètres qui peuvent également se régler via la base USB NVIDIA).Choix de la mire de remplacement et affectation des raccourcis clavier
Selon NVIDIA, plus de 350 jeux sont compatibles avec 3D Vision alors que la firme au caméléon propose sur son site Internet un tableau de compatibilité avec le niveau de compatibilité attendu : très bon, bon, moyen ou même déconseillé.
Liste des jeux et compatibilité depuis les pilotes NVIDIA
Prenons un exemple : avec un jeu comme Crysis, le pilote recommande lors du lancement d'effectuer quelques réglages graphiques bien précis dans les options de configuration du jeu car certains effets posent problème. C'est notamment le cas du flou de bougé ou encore du rendu de l'eau. Dans un autre titre, comme NHL, c'est le nom des joueurs qui s'affiche de manière dédoublée à l'écran. Reste que s'il est plutôt bien vu de la part de NVIDIA d'afficher des astuces de configuration en incrustation au démarrage du jeu, on regrettera que les textes de ces écrans soient en anglais.
De plus, avec un nombre non négligeable de jeux, l'écran Samsung a la désagréable habitude d'afficher des effets de ghosting : lors des déplacements des objets ou personnages, ceux-ci semblent laisser des traînées. Le problème serait ici causé par le manque de réactivité de la dalle retenue par Samsung pour son 2233RZ.
Un petit aparté s'impose : alors que le pilote graphique n'a fort heureusement aucun souci pour identifier les jeux en cours d'exécution, l'interface des dits pilotes a elle beaucoup plus de mal. Censée répertorier les jeux présents sur la machine, elle en oublie certains... et en ajoute d'autres, qui n'ont pourtant jamais été installés.
A l'avenir, certains développeurs de jeux pourraient prendre en compte la technologie 3D Vision dès le développement de leurs titres pour mieux intégrer certains effets. C'est notamment le cas du titre Resident Evil 5 dont la démonstration technologique laisse apercevoir de belles choses.Sans nous étendre dans d'interminables tests, nous avons choisi de vous présenter l'impact qu'a l'activation du rendu 3D Vision sur les performances graphiques de notre système de référence dont le détail figure ci-dessous :
- Carte mère Intel DX58SO,
- Intel Core i7 920,
- 6 Go Mémoire DDR3-1333 Transcend @ 1066,
- NVIDIA GeForce GTX 280,
- 2x Western Digital 320 Go - RAID 0
Crysis - Réglages 3D Vision - v1.2
Pour le FPS Crysis, il fait peu de doute que l'impact de la technologie 3D Vision affecte négativement les performances. L'activation de la 3D stéréoscopique divise en effet par deux les performances. Seule bonne nouvelle ? L'écart de performances entre nos deux résolutions de test est plus que minime.
Resident Evil 5
Resident Evil 5 est l'un des rares jeux à proposer une prise en charge native de la technologie 3D Vision. Celui-ci dispose d'un module de test intégré dans sa version de démo. Comme sous Crysis, les performances sont divisées par deux avec une chute de près de 90% du framerate lorsque le rendu 3D stéréoscopique est activé.
NVIDIA 3D Vision en vidéo
Parce qu'une vidéo vaut mieux qu'un long discours, nous avons réalisé une séquence afin de présenter la technologie 3D Vision dans ses grandes lignes pour recueillir ensuite les impressions d'un joueur avec quelques titres. Notez que techniquement, il n'est pas possible de restituer en vidéo l'expérience procurée par 3D Vision... Il faudra donc nous croire sur parole !Conclusion
Avec 3D Vision, NVIDIA propose une approche inédite de la 3D dans les jeux vidéo. La technologie est réellement opérationnelle et donne des résultats pour le moins saisissants. On est ici très loin de l'effet 3D bancal qu'offrent des lunettes en carton. Saisissante oui, totalement convaincante... non ! Non car même si NVIDIA réussit un autre tour de force : faire en sorte que sa technologie fonctionne avec des centaines de jeux, la pertinence de l'effet n'est pas toujours au rendez-vous. Avec un jeu de sport comme NHL, l'effet de relief donné au personnage est somme toute très moyen alors qu'avec Crysis il faudra consentir des sacrifices au niveau de la qualité du rendu.Plus globalement, et sans rentrer dans le détail jeu après jeu, notre critique se portera sur le fait que la 3D offerte par NVIDIA se situe en profondeur dans l'écran. Les développeurs de jeux vidéos n'utilisant pas le Z positif, aucun objet ou même personnage ne sort de l'écran ! Cela aurait été encore plus captivant !
Autre point à considérer : la fatigue visuelle que l'on ressent assez rapidement après une heure de jeu avec les lunettes 3D Vision. Naturellement, chaque individu est ici différent et le ressenti variera d'une personne à l'autre, mais il n'est pas rare d'entendre parler de tension dans l'oeil ou de début de maux de tête.
Bien que 3D Vision soit aujourd'hui la seule technologie de 3D stéréoscopique viable sur PC, elle n'en demeure pas moins contraignante et coûteuse ! Entre la nécessité de disposer d'un écran 120 Hertz, le prix des lunettes ou encore l'obligation de recourir à une carte graphique GeForce, NVIDIA ne s'adresse clairement pas à monsieur tout le monde !
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