L'Internet est un immense espace dans lequel une somme gigantesque de connaissances est éparpillée. Bien sûr, les moteurs de recherche nous rendent de très grands services, mais s'avèrent quelque peu limités lorsqu'il s'agit de concentrer en quelques pages les informations sur un sujet précis. Ce que les encyclopédies en ligne pallient.
Les acteurs du domaine sont tout d'abord ceux présents dans les encyclopédies « papier » : Larousse, Hachette, Quid ou Encyclopédie Universalis. D'autres ne sont présents que sur le Net : Knol, de Google, et bien sûr Wikipédia. Tout ce petit monde se retrouve désormais sur le Web, au moment où les ventes des collections papier sont de moins en moins importantes et où même les supports optiques ne sont plus vraiment à jour (seule l'Encyclopédie Universalis propose une version 2010 de sa collection).
L'intérêt d'Internet est indéniable pour les éditeurs : une audience potentielle très importante, des mises à jour bien plus simples à effectuer que sur une collection papier et la possibilité de mettre à contribution les internautes pour rédiger des articles. À l'évocation de ce dernier aspect des encyclopédies en ligne, on pense immédiatement à Wikipédia. En 2007, un cabinet privé allemand détermina, sur la base de différents critères, que l'encyclopédie allemande Brockhaus, pourtant payante, était moins performante que Wikipedia ; qu'en est-il en France ? Tentons d'apporter une réponse dans ce dossier.
Notre sélection
Pour ce comparatif, nous avons tenté d'être le plus exhaustifs possible dans une certaine catégorie d'encyclopédies, celles au contenu généraliste et disponible en français, ce qui élimine le pourtant excellent Britannica. Un mot également sur MSN Encarta : l'encyclopédie de Microsoft était jadis présente à la fois sur le Net et proposée en DVD. Elle cessera complètement d'exister le 31 octobre prochain. Voici donc les 6 encyclopédies en ligne retenues :Comment tester des encyclopédies en ligne ?
Quels sont les critères sur lesquels une encyclopédie en ligne peut-elle être jugée ? Sa pertinence, tout d'abord. Pour cela, nous comparerons le contenu des différentes encyclopédies sur deux sujets que nous maîtrisons bien, en informatique (la technologie RAID) et en physique (le boson). Il convient également de vérifier la réactivité de l'encyclopédie : nous effectuerons donc une recherche sur une personnalité qui a connu une actualité récente (Roman Polanski) ainsi qu'un fait dont tous les médias ont parlé ces derniers jours (le oui irlandais au traité de Lisbonne). Nous tenterons aussi d'apprécier la capacité des différents acteurs à proposer un contenu multimédia riche et varié, grâce à des articles sur le système solaire et l'oscillateur harmonique. Pour vous renseigner sur le style d'écriture des encyclopédies (engagé, neutre, réservé...), nous effectuerons une recherche sur un article polémique (la loi Hadopi). Enfin, grâce à des sujets sur la discographie d'un artiste (Pink Floyd) ou un article sur un lieu précis (La Nouvelle Calédonie), nous testerons l'exhaustivité de l'information fournie.S'ils ces critères sont prépondérants pour juger les encyclopédies sélectionnées, ils ne conditionnent pas à eux seuls leur qualité. Nous discuterons donc également de la diversité des thèmes traités, du nombre d'articles disponibles, de l'ergonomie générale des différents sites et également de l'aspect participatif des 6 encyclopédies sélectionnées.
Hachette Multimédia
Nous aurions vraiment aimé vous présenter l'encyclopédie en ligne d'Hachette. Vraiment. Oui mais voilà, ce site semble tout aussi à l'abandon que le support optique vendu par Hachette et qui date maintenant de 2007. Il nous a été ainsi impossible de nous abonner à cette encyclopédie, malgré nos nombreux essais (deux ordinateurs différents, avec Firefox ou Internet Explorer). Nous avons également tenté de joindre Hachette à ce sujet, et visiblement rares, très rares sont les personnes qui s'occupent de l'encyclopédie en ligne. Même l'audiotel, qui permet de s'abonner 24h, renvoie vers un numéro non attribué... Catastrophique. Impossible de s'abonner à l'encyclopédie en ligne d'Hachette... Ici, le résultat sous Internet Explorer 8. Evidemment, le pseudo-lien ne fonctionne pas
Alors dans l'espoir (vain ?) de voir cette encyclopédie fonctionner chez vous, nous pouvons en dresser un rapide portrait-robot : elle comporte 42 000 articles qui s'appuient sur 9 000 médias et 66 000 définitions. Les tableaux de conjugaison de 5 000 verbes sont également de la partie, tout comme un Atlas complet et 149 fiches pédagogiques appelées « aides-mémoire ».
Un accès gratuit permet d'avoir un aperçu (très limité) de la présentation des articles : l'ergonomie semble plutôt bonne et bien pensée, avec un affichage qui utilise bien la largeur de la page et affiche à gauche les définitions et personnages ayant trait à l'article recherché, et à droite les lieux et autres articles qui pourraient intéresser le lecteur. Un cadre vers les médias connexes à la recherche effectuée est également présent. Malheureusement, tout n'est pas toujours très cohérent : c'est le cas ici avec la recherche « boson », qui confond dans le même article la particule et le roi de Bourgogne, comme c'est également le cas avec le Quid.
Cette encyclopédie possède quelques atouts sympathiques, comme la fonction qui permet d'accéder aux articles liés à un mot sur lequel vous double-cliquez. Il est également possible, d'après Hachette, de copier non seulement les articles, mais aussi les médias. Enfin, un guide pédagogique vous expliquera le fonctionnement du site.
Un site relativement prometteur donc, mais que nous n'avons malheureusement pas pu tester. A titre indicatif et au cas où vous arriveriez à vous abonner, voici les tarifs pratiqués par Hachette :
- 1,69 euros pour 24h, via un audiotel dont le numéro n'est pas attribué...
- 5 euros pour 1 mois ;
- 15 euros pour un trimestre ;
- 25 euros pour le semestre ;
- enfin, 50 euros à l'année.
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Google Knol
Google n'est pas qu'un moteur de recherche. Son activité est variée et l'encyclopédie en ligne Knol (pour knowledge) en est l'un des exemples. Mais à vouloir toucher à tout et être présent dans l'ensemble du monde informatique, peut-on vraiment tout réussir ? Précisons avant de juger Google Knol que le service, comme la plupart de ceux produits par le géant de Mountain View, est en version bêta.Un Google bis ?
Deux éléments interpellent à l'affichage de la page d'accueil de Knol : la barre de recherche façon Google, bien sûr, mais surtout la mention présente sous cette dernière : « partagez vos connaissances et rédigez un knol » (knol est le nom donné par Google aux différents articles). L'aspect participatif est donc clairement mis en avant ici, et pour cause : c'est l'unique source de contenu de ce site. C'est donc un modèle à la Wikipedia qui est retenu ici. Une question vient alors à l'esprit : pourquoi Google attaquerait-il de front un concurrent particulièrement puissant ? Certes, il possède des armes en matière de référencement, mais rattraper le chemin qui sépare Knol de Wikipedia semble difficile. Voyons si Knol possède des atouts qui pourraient faire pencher la balance en sa faveur.Knol bénéficie tout d'abord d'une recherche avancée, à l'image de ce que propose le moteur de recherche Google. Vous pouvez ainsi effectuer une recherche par auteur, commentaires, révisions... Il est également possible de n'afficher que certains types de documents, feuille de calcul, vidéo, équation, diaporama, agenda... Étonnant de trouver des agendas ou des feuilles de calcul dans un contenu censé être encyclopédique.
Une recherche effectuée sous Knol affiche des résultats que vous pouvez trier par pertinence. Pertinence que nous vous laissons apprécier : la recherche sur la Nouvelle-Calédonie nous a conduit sur comment acheter et vendre des voitures d'occasion en Nouvelle-Calédonie. Pour le système solaire, on tombe sur l'herpès solaire... En fait, on se rend assez vite compte que Knol n'a pas grand-chose d'encyclopédique et son contenu est très limité, particulièrement en français. Rien sur Hadopi non plus. Pire, certaines recherches (sur Michael Jackson par exemple) nous amènent à plusieurs articles qui possèdent un contenu équivalent, ce qui va à l'encontre même de la notion d'encyclopédie, qui se doit de rassembler les informations au lieu de les éparpiller. La raison de ces faibles performances est double : la relative jeunesse du service et la concurrence de Wikipedia. En effet, les contributeurs sont davantage attirés par la concurrence, bien plus réputée et où les échanges sont beaucoup plus nombreux.
Les armes pour contrer Wikipédia ?
Quels sont alors les atouts de Knol face à son concurrent? Sans aucun doute l'aspect participatif exacerbé. En effet, tout tourne ici autour des auteurs, qui possèdent leurs pages dédiées (avec une photo s'ils le souhaitent), leurs statistiques, leurs récompenses. Il est très facile d'avoir accès à leurs différents articles, aux catégories dans lesquelles ils publient... Les fonctions participatives ne s'arrêtent cependant pas à cela. Ainsi, Knol offre une très bonne visibilité au nombre de consultations d'un article, au nombre de versions publiées, à la date de dernière modification et aux différents avis et commentaires sur l'article visité. Il est également possible de proposer un auteur que Knol se chargera de contacter.Mais ce qui est l'atout majeur de Knol se retourne également contre lui. En effet, la tentation de faire de cet espace une tribune existe, mais au-delà de cela, le contenu est trop dépendant d'un auteur, pour deux raisons une nouvelle fois : la communauté est trop étroite et la modification n'est possible que par l'auteur pour un knol modéré. Les modifications d'un tiers ne sont en effet que de simples suggestions que l'auteur peut ou non prendre en compte. Ainsi le style, la langue, la quantité de médias (photos ou vidéos) dépendent uniquement de celui ci. Si le contenu n'est donc pas inintéressant, difficile de parler d'encyclopédie pour Knol. Un exemple révélateur : nous sommes tombés sur un article extrêmement détaillé sur le contexte de l'enregistrement de l'album Animals des Pink Floyd avec force citations et photos. La contribution d'un fan qui s'offre également un lien vers son propre blog... Ce contenu est meilleur que ce que l'on peut trouver sur Wikipedia, certes. Mais par ailleurs, impossible de trouver sur Knol un article regroupant les informations essentielles sur le groupe.
Dans la pratique
Il est relativement simple de devenir un contributeur Knol : il suffit de posséder un compte Google, tout simplement. L'interface d'édition ou de modification est simple et possède toutes les possibilités d'édition nécessaires. L'insertion de divers éléments (tableaux, images...) par exemple, est très facile. La présentation des articles en eux-mêmes est tributaire du contributeur, mais tous possèdent une table des matières. Enfin, notez que si une fonction d'impression a été prévue, elle n'adapte pas le contenu pour un rendu papier.- Revenir au sommaire de notre Comparatif de six encyclopédies en ligne
Larousse
L'encyclopédie en ligne de Larousse, contrairement à celle d'Hachette ou à Universalis, est gratuite. C'est son premier atout. En effet, le modèle économique choisi par Larousse est inédit dans le monde des encyclopédies en ligne, puisque les publicités financent le contenu de fond produit par Larousse tandis que les internautes peuvent participer de façon active à augmenter le nombre d'articles traités. Cette double source d'informations permet-elle à Larousse de damer le pion aux autres encyclopédies ?L'ouverture d'une encyclopédie historique aux lecteurs
Si Encyclopédie Universalis n'a pas encore franchi le cap de la contribution, Larousse l'a fait. Et le fait savoir. La page d'accueil du site fait en effet la part belle aux contributeurs à grands coups de photographies qui occupent la moitié de la page avec une sélection des meilleures contributions placées sous ces visages. De plus, il suffit de cliquer sur l'une des petites têtes présentes pour voir s'afficher une page qui lui est dédiée et dont le contenu ne dépend que du contributeur, puisque l'on peut y ajouter un descriptif complet en plus des liens vers ses articles et ses médias. Un système de vote et de commentaires est également présent pour valoriser le travail de l'auteur tout en indiquant au lecteur la qualité de l'article.Tout comme sur Wikipedia ou Knol, il est très simple de devenir contributeur pour Larousse : l'inscription est très rapide et vous permet de commencer à rédiger vos articles. Le système est le même que sur Knol : les articles sont modérés. En pratique, seul l'auteur peut en modifier le contenu, à moins évidemment d'accepter de la part d'un tiers une collaboration, ce qu'il est particulièrement simple de faire.
L'espace d'édition est très clair, complet, et découpé en deux parties : l'une pour les articles, l'autre pour les photos. Vous pouvez associer des documents, des images, des liens Internet et préciser le niveau de lecture de votre article parmi trois options : expert, grand public ou junior.
L'interface d'édition de Larousse, un exemple à suivre !
Un site gratuit, mais...
Si l'encyclopédie en ligne de Larousse est effectivement gratuite, les contre-parties sont elles aussi bien réelles. La première d'entre elles est évidemment la présence de publicité sur le site. Elle n'est pas vraiment envahissante, mais surprend un peu, notamment le cadre situé à droite de la page. Mais là n'est pas le principal problème. En effet, le plus gênant est probablement le manque de réactivité du site, probablement dû à des effectifs rédactionnels relativement réduits. La preuve de cette latence un peu longue se trouve sur la page d'accueil, dans le cadre « Evènements à la Une ». Le dernier a été rédigé le 22 septembre et évoque les albums remastérisés de Beatles sortis le 9 septembre et le match Serbie-France, qui a eu lieu à la même date. De même, les articles issus de la collection Larousse ne sont pas forcément de première fraîcheur et le oui irlandais au traité de Lisbonne n'est pas encore référencé dans la page idoine.La page d'accueil est complétée par un « Zoom actu » pas franchement sexy et une zone « A la Une » qui évoque le Petit Larousse Illustré 2010, une auto promotion également liée à la gratuité du site. Nous aurions préféré voir dans cette zone un article sur des sujets d'actualité comme le propose Universalis.
La page d'accueil de l'encyclopédie en ligne de Larousse comporte publicités et autres éléments d'auto-promotion
Le contenu
Que nous propose Larousse sur son site ? Une ergonomie intéressante, d'une part, avec la présence d'un sommaire à droite, de documents associés, de médias et de liens. Des animations ensuite, même si certaines d'entre elles ne fonctionnent pas (pour l'article sur le système solaire). Elles sont bien conçues et didactiques, accompagnées d'un commentaire accessible. Des photos sont également présentes et agrémentent la plupart des articles, même si certains en sont privés et sont quelque peu indigestes à la lecture (c'est le cas pour l'article sur les Pink Floyd, alors que l'usage de photos est ici attendu).Le style des articles présents sur le site de Larousse varie selon l'auteur, bien évidemment. Mais la ligne éditoriale semble objective et se passe de certains éléments que propose Wikipedia : une recherche sur Roman Polanski vous fournira sa biographie et son œuvre, mais n'évoquera pas les soucis actuels du réalisateur.
Du fait de l'ouverture à la contribution, il est relativement attendu que les derniers éléments technologiques ne soient présents sur le site que par la bonne volonté d'un passionné érudit. Certes. Ainsi, on ne trouve rien concernant Hadopi sur ce site, ni même concernant la technologie RAID (qui est une incursion en territoire ennemi). Plus grave cependant, une recherche sur la nuit de la St Barthélémy ne nous a fourni aucune réponse. Gênant. En revanche, le recours aux contributions permet de bénéficier du travail de passionnés qui sont capables de rédiger des articles très pointus sur un sujet précis. Mais est-ce là le souhait principal d'un utilisateur d'encyclopédie ?
A contrario, l'article sur la Nouvelle-Calédonie comporte un historique complet, bien rédigé, avec quelques illustrations, une carte et les principales données. En revanche, l'article n'atteint pas l'exhaustivité de Wikipedia et ne propose pas d'actualités récentes sur l'île. Précisons également que chaque article propose, dans le corps du texte, des liens souvent pertinents, discrets et bien placés, en nombre restreint, contrairement à ce que l'on trouve sur Wikipedia. Pour finir, louons la fonction d'impression du site, qui adapte la mise en page de l'article de façon efficace.
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Quid
Pour ceux qui sont habitués à nos cadres de notation, nous avons frappé fort dans cet article : un « A éviter », deux « Bofs »,... c'est plutôt rare. Celui que nous décernons au Quid ne doit rien à un souci d'abonnement. Nous avons pu tester le site du fameux Quid, et si parcourir ce gros pavé de papier plein de chiffres a pu en divertir certains, cela risque d'être plus délicat avec cette version en ligne.Commençons par une première critique concernant la publicité : si le site est gratuit et fonctionne grâce à elle, les annonces sont par trop présentes : haut et bas de page, cadre à droite, annonces Google, liens promotionnels... La partie de l'écran finalement dédiée à l'article en devient relativement limitée et la lecture d'un dossier nécessitera le recours à plusieurs liens « Page suivante » (si tant est que l'on puisse parler de page).
D'un point de vue exhaustif, le Quid est plutôt bien pourvu : les autres encyclopédies, même Wikipedia, ne pourront probablement pas rivaliser avec le Quid en ce qui concerne les dates et autres données chiffrées que l'encyclopédie aime à récolter. La partie cartographie, notamment, est très bien pourvue (on peut même y trouver la superficie de chacun des glaciers d'Islande...). Problème : ces données datent au mieux de 2007 et sorti de ces données chiffrées, le constat est beaucoup plus cruel.
Le menu de l'encyclopédie, tout d'abord, est tout sauf attrayant. Le site est composé de liens qui ne sont pas suffisamment structurés au sein d'un sommaire ou d'une arborescence. Les liens du menu envoient directement vers des pages beaucoup trop denses et sans mise en page, ce qui complique la lecture. La circulation au sein des articles est également pénible. Pour lire un document sur l'identité politique de l'Irlande, il nous a fallu passer par un menu « Inde à Italie », puis de cliquer sur page suivante jusqu'à avoir les informations recherchées. Inacceptable.
La table générale du Quid qui manque cruellement d'une arborescence plus évoluée. La navigation est on ne peut plus difficile au sein des articles.
En plus de la difficulté à trouver une information, celle-ci manque très souvent, prêtant même parfois au rire. La recherche sur le boson (particule physique) nous a tout droit conduit à Boson, beau-frère de Charles le Chauve, tandis qu'un lien vers AMD dans le portail informatique nous a conduits vers un article sur la normalisation des symboles des devises.
Le contenu est donc difficile à trouver, incomplet et extrêmement mal présenté. Une bonne idée toutefois : les cadres « Le saviez-vous ? » présents dans les pages qui sont relativement pertinents et instructifs.
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Encyclopædia Universalis
La réputation de l'Encyclopédie Universalis n'est plus à faire : 30 000 articles, 20 000 photographies, tableaux, dessins ou schéma, 400 cartes, le tout rédigé par 7 000 auteurs tous plus qualifiés les uns que les autres. En effet, point de contribution des lecteurs ici, tous les articles sont écrits par des professeurs d'université ou des philosophes érudits. Cela ne suffit évidemment pas à construire la renommée dont bénéficie Universalis : quels sont donc les autres arguments de cette encyclopédie en ligne ?Une ergonomie appréciable
La mise en page est probablement l'un des outils sur Universalis : la lecture est rapide, les liens bien placés et pertinents. Sur la page d'accueil par exemple, l'éphéméride nous renseigne sur un évènement qui a eu lieu ce même jour, ou encore sur un auteur. On regrettera juste sur cette page la présence un peu trop visible d'un lien d'achat vers la version multimédia de l'encyclopédie, la seule qui possède une version 2010 au passage.Au sein des articles, la présence d'un sommaire à gauche de la page est pratique, alors qu'à l'opposé, on trouve des informations concernant le rédacteur ainsi que des thèmes ou des documents liés. En haut, des onglets permettent une recherche simple ou en mode expert, par ordre alphabétique ou par thématiques. Le mode expert est à réserver aux personnes habituées aux expressions logiques, mais il est appréciable d'avoir un tel outil sur un site grand public. La recherche simple, quant à elle, autorise le filtrage des réponses par type (article ou médias) et de trier par ordre alphabétique ou par pertinence. La recherche est complétée par l'accès aux derniers articles publiés via un classement par date.
Les seuls reproches à faire à l'encyclopédie concernent un chargement de l'arborescence de recherche thématique un peu long et un système de pop-up par toujours très pratique pour l'affichage des différents articles.
Le contenu
Contrairement aux encyclopédies présentées précédemment, Universalis nous donne enfin l'impression d'être sur une encyclopédie. Les dossiers d'initiation, particulièrement, nous semblent tout à fait pertinents. Les dossiers de fond, au nombre de 98, présentés sur la page d'accueil (en ce moment « Exclusion et Solidarité ») sont moins convaincants. En effet, ce ne sont en fait que des pages de connaissances agrégeant les articles liés au sujet. L'effort est louable, mais ne vaut pas la rédaction d'un article complet.Les articles sont riches en photo et en animations, même si certaines d'entre elles ne fonctionnent pas toujours correctement et ne sont pas toujours d'assez grande taille. Il est en revanche appréciable de pouvoir y naviguer par chapitre. Un commentaire écrit complète le commentaire oral. Si ce dernier vous suffit, vous pouvez cacher le commentaire écrit.
Bon point également pour la bibliographie complète systématiquement présente en fin d'article. Les fiches rédacteurs sont quant à elles présentes non pas pour vanter les mérites des auteurs qui n'ont certainement pas besoin de cela, mais pour mettre en avant tout le sérieux qui se dégage de l'encyclopédie.
Le contenu d'Universalis est varié et pourra satisfaire les petits comme les grands. La preuve avec les fiches de lecture, qui répondent de façon adéquate à un travail de collégien. Dommage qu'un lien ne permette pas d'avoir un accès à l'ensemble de fiches publiées. Enfin le « laboratoire » est là pour satisfaire ceux dont la curiosité scientifique n'a pas de limite. L'astuce est bien trouvée de la part d'Universalis, qui place là un espace attrayant en réutilisant simplement les animations présentes dans ses différents articles scientifiques.
Concernant nos différentes recherches, nous avons pu observer que la vie privée de Polanski n'était pas évoquée sur Universalis, que la technologie RAID ou la loi Hadopi n'ont pas d'entrée dédiée, tout comme le récent traité de Lisbonne. La raison à cela est simple : les articles datent pour la plupart de 2006. Sur Universalis, Michael Jackson est encore en vie... Autre reproche : l'article sur les Pink Floyd est relativement petit et sans image alors que l'utilisation de ces dernières paraît pertinente pour ce genre d'articles. A contrario, l'article sur la nuit de la St Barthélémy est complet, riche et écrit avec un recul historique approprié.
Dernière critique que l'on pourrait formuler : le ton choisi par certains des rédacteurs est loin d'être neutre. La preuve avec cet extrait d'un article sur un le meilleur joueur de tous les temps : « En Allemagne, Zinédine Zidane retrouve la forme de ses plus belles années. En quelques jours, il renvoie à leurs chères études d'arrogants Espagnols, hypnotise les magiciens brésiliens, élimine des Portugais pugnaces. La France est en finale, le 9 juillet 2006 au Stade olympique de Berlin. Mais, à quelques minutes de l'issue de la rencontre, Zidane est justement exclu du terrain par l'arbitre pour avoir répondu aux provocations verbales d'un obscur défenseur italien par un violent coup de tête. »
Notez enfin qu'Universalis propose un dictionnaire complet mais aux définitions très courtes. Cette encyclopédie est accessible durant 7 jours gratuitement, mais attention : pour bénéficier de cette période d'essai, vous devez entrer vos coordonnées bancaires et si vous n'annulez pas votre essai dans les 7 jours, votre compte est alors débité d'un montant de 69 euros, montant qui correspond à un abonnement à l'année, le seul disponible par ailleurs.
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Wikipedia
Impossible de passer à côté de Wikipédia dans notre article, mais aussi sur le Net : l'encyclopédie libre est aujourd'hui un site extrêmement puissant et compte parmi les plus visités de la planète. Fort de ses 857 580 articles en français (sur 13 millions au total, Wikipédia se place en leader de la connaissance face aux autres encyclopédies évoquées. Réputation usurpée ? Nous allons vérifier cela immédiatement.Un contenu de qualité
Wikipedia a longtemps été et est toujours pointé du doigt concernant la qualité du contenu mis en ligne. En effet, le système est presque intégralement contributif et la qualité des articles est directement liée à la bonne volonté et à la compétence des rédacteurs. Toutefois, le nombre important de participants amène les articles à se bonifier au fur et à mesure des différentes versions. Ainsi, sur plus de 850 000 articles en français dont dispose l'encyclopédie, 581 sont à l'heure actuelle déclarés « articles de qualité » par le site lui-même et 724 sont présentés comme « bons articles ». Les premiers sont reconnaissables par l'étoile qu'ils affichent dans le coin supérieur droit de leur page, tandis que les seconds présentent deux étoiles plus petites.Le fonctionnement contributif associé à la conception même du site (facilement référencé dans Google) permet donc de générer un grand nombre d'articles donc certains sont exemplaires d'exhaustivité et de précision. La page d'accueil rappelle de plus que Wikipedia est bien une véritable encyclopédie en ligne : les portails thématiques, l'espace « Lumière sur... », l'image du jour, les cadres « Le saviez-vous ? » ou ceux des actualités et des évènements forment une page particulièrement riche.
L'index thématique d'un portail est loin de celui que l'on peut trouver sur le Quid : le contenu est classé, détaillé et extrêmement riche.
Au sein des articles, la présence de liens vers les documents liés en début de paragraphe, de notes et de références en bas de page, ainsi que les articles connexes et lien vers le portail correspondant complètent de façon pertinente (dans la plupart des cas) les articles consultés.
Ajoutons à cela que la mise à jour des articles est sans conteste la plus rapide, mais reste perfectible : si la page sur les îles Samoa recense déjà le tsunami de fin septembre, l'article sur les tsunamis, qui référence les évènements les plus meurtriers, ne le mentionne pas. En revanche, les championnats du monde d'escrime qui ont lieu actuellement possèdent une page qui est régulièrement mise à jour avec un avertissement précisant ce statut.
Un dernier mot sur la possibilité d'imprimer les articles Wikipedia : la fonction est tout simplement bluffante et la mise en page réellement adaptée au format papier.
Une édition simple en auto-gestion
Wikipedia ne fonctionnerait pas sans un module d'édition simple et performant. Si ce dernier n'égale pas celui de Larousse, il autorise toutefois un grand nombre d'actions et dispose du « bac à sables », un outil didactique permettant d'appréhender de façon simple les bases de l'édition.Tout un chacun peut modifier un article sur Wikipedia. C'est pourquoi il convient d'afficher la plus grande transparence possible au lecteur afin d'éviter les débordements qui ont pu avoir lieu par le passé et existent encore. Un historique complet des modifications et la comparaison simple entre deux versions d'un article aident en cela.
Wikipedia est depuis ses débuts un terrain de jeu idéal pour qui a des velléités à faire d'un article un tribune de ses propres opinions, oubliant l'objectivité nécessaire à la rédaction d'un article encyclopédique. Pour éviter ce genre de problème existe la possibilité de bannir un « contributeur », bien sûr, mais le site a également mis en place un outil plus pédagogique qui doit tendre à rendre les articles les plus neutres possible. Il s'agit des discussions. Ces pages ont pour but de récolter les avis de chacun en ce qui concerne la façon de rédiger un article sur un sujet. Malheureusement, ces discussions tournent parfois à l'affrontement et n'aboutissent pas toujours au résultat escompté. Cela reste une bonne initiative de Wikipedia, qui ne manque pas de signaler la présence de ce genre de fil de discussion sur les pages portant sur des sujets polémiques.
Des éléments à perfectionner
Même si les efforts de Wikipedia sont louables, la rédaction entièrement basée sur la contribution et l'auto-gestion conserve son lot de problèmes, notamment les soucis de pertinence sur certains articles peu contrôlés par la communauté. L'autre défaut principal de l'encyclopédie libre concerne le manque pattant de contenu multimédia : si quelques animations voient le jour ça et là, elles sont encore trop peu nombreuses, tout comme les photos. Lorsqu'elles existent, elles ne sont pas forcément pertinentes et servent parfois d'illustrations esthétiques sans apporter une réelle plus-value à l'article. Les animations présentes sont également trop souvent de piètre qualité.Les raisons de cette limitation se trouve probablement du côté de l'aspect libre de l'encyclopédie : en effet, rares sont les animations, images et autres vidéos libres de droit comme cela est nécessaire sur Wikipedia. Cependant, la médiathèque libre du site (Wikimedia Commons) s'enrichit de nouveaux contenus de jour en jour et compte à ce jour près de 5 millions de fichiers.
Autre défaut récurrent de Wikipédia enfin : la présence de trop nombreux liens, qui ne sont pas toujours pertinents : à la fin de l'article sur le chat de Shrödinger, un trouve un lien sur le portail des félins.
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Diderot, dans son Encyclopédie parue en 1751, définissait les enjeux d'un tel ouvrage : « Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre, d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ». Force est de constater que le passage du support papier à l'Internet est sans conteste un excellent moyen d'exposer et de transmettre au plus grand nombre la connaissance rassemblée. Dans la forme donc, pas de problème. Dans le fond, c'est moins évident.
En effet, le principal problème des encyclopédies en ligne ne réside pas la transmission des données (mis à part pour Hachette, évidemment), mais dans la collecte de celles-ci. Si Universalis se refuse encore et toujours à faire appel au peuple pour compléter sa base de connaissance, tous les autres acteurs du domaine ont cédé aux sirènes du contributif. Le succès incontestable du modèle Wikipedia n'y est évidemment pas étranger.
Deux philosophies s'affrontent alors : celle de Wikipedia, adoptée par Knol, qui préconise le tout participatif, et celle de l'Encyclopédie Universalis, qui ne fait appel qu'à des érudits dans chaque domaine. Oublions pour le moment Knol, qui ne parvient dans aucun domaine à la cheville de Wikipedia. Chaque option possède ses avantages et ses inconvénients : si Wikipedia bénéficie d'une exhaustivité et d'une réaction excellente, Universalis s'assure quant à lui d'une pertinence à toute épreuve. Au milieu de ces deux mondes, Larousse propose un compromis, bénéficiant à la fois du catalogue Larousse et de la contribution de lecteurs passionnés. Le modèle est viable, basé sur la présence de publicité, mais semble finalement prendre davantage les inconvénients des deux modèles que leurs qualités : les internautes ne rédigeant que des articles relativement pointus. Le contenu « chaud » est mis de côté alors que les articles de fond, ceux-là mêmes que l'on attend d'une encyclopédie, se font rares.
L'avenir de l'encyclopédie en ligne appartient à Wikipedia ? Peut-être, tant ce site est déjà puissant et présent dans la tête de nombre d'internautes. L'aspect libre de l'encyclopédie est également un atout majeur de Wikipedia, qui autorise par exemple les écoliers à reproduire son contenu sans enfreindre le droit d'auteur. Mais il lui faudra corriger ses erreurs de jeunesse, ce qu'il tarde quelque peu à faire. Au début de cette année, suite à la modification des pages et l'annonce de la mort de Ted Kennedy et Robert Byrd, Jimmy Wales, cofondateur de Wikipedia, a évoqué la possibilité de modérer les modifications. Ce système n'est toujours pas mis en place.
De même, l'exhaustivité et la pertinence de certains articles sont démontrées, mais la plupart restent imparfaits. Bien sûr, la qualité des articles augmente avec le nombre de contributeurs, mais le propos n'est pas toujours adapté à tous les publics. L'Encyclopédie Universalis reste probablement la plus à même d'aider les collégiens voire les lycéens ou d'intéresser les plus jeunes, notamment grâce à un contenu multimédia plus important. Toutefois, les vidéos arrivent sous Wikipedia ; reste aux contributeurs à utiliser cet outil à bon escient.
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- Quelques articles qui ont pour propos la comparaison de services en ligne :