AMD Eyefinity : le jeu sur 3 écrans en test

Julien Jay
Publié le 03 février 2010 à 17h51
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Avec ses cartes graphiques de dernière génération, AMD introduisait une technologie plutôt inattendue sous le nom commercial d'Eyefinity. Il s'agit pour la firme de Sunnyvale de proposer aux joueurs une nouvelle expérience plus immersive. Dans le même esprit qui a poussé NVIDIA a commercialiser sa solution 3D Vision, AMD cherche de nouveaux usages pour ses cartes graphiques ou de nouvelles expériences capables de redonner du lustre au jeu sur PC.

Alors que NVIDIA se concentre sur la 3D stéréoscopique, la solution Eyefinity d'AMD vise à élargir le champ de vision du joueur en lui permettant de jouer sur trois ou six écrans. C'est ni plus, ni moins que le concept du surround-gaming qu'AMD met au goût du jour, un concept auquel s'était déjà frotté un certain Matrox. Gros plan sur la technologie Eyefinity.

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Eyefinity : le surround gaming sur trois ou six écrans

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Qui dit « surround gaming » dit plusieurs écrans. Or jusqu'à présent, le principal problème technique pour la mise en œuvre de telles solutions était la limitation du nombre de sorties sur les cartes graphiques. Typiquement, une carte graphique traditionnelle ne peut piloter que deux écrans de manière indépendante. Problème, jouer avec deux écrans, ce n'est pas ce qu'il y a de plus pratique, particulièrement dans un jeu de tir où la mire se retrouve juste à la séparation physique des écrans. D'où notamment l'implémentation d'AMD sur trois affichages.

Pour pouvoir piloter trois écrans, AMD a du revoir l'architecture de ses puces graphiques et intégrer la gestion de plusieurs sorties indépendantes. C'est précisément pour cette raison que les Radeon HD 5770, Radeon HD 5850 et autres 5870 disposent systématiquement de deux connecteurs DVI et un connecteur DisplayPort. En effet, si les puces AMD peuvent gérer jusqu'à six tunnels d'affichage, seuls deux peuvent être en DVI ou HDMI. Il faudra donc nécessairement passer par le connecteur DisplayPort pour le troisième écran. Deux solutions sont alors envisageables : faire l'acquisition d'un écran pourvu d'une connectique DisplayPort - ce qui ne court pas franchement les rues - ou se pencher du côté des adaptateurs « actifs » (environ 80 euros). Quant à la configuration six écrans que propose AMD avec Eyefinity, il faudra cette fois-ci disposer d'une version spécifique du Radeon HD 5870 pour espérer les connecter, tous en DisplayPort.

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Le pipeline d'affichage revu mis en œuvre avec les Radeon HD 5000

Dans sa configuration trois écrans, la technologie Eyefinity d'AMD permet donc d'étendre le champ de vision du joueur de manière horizontale alors qu'avec six écrans, le champ de vision est étendu aussi bien verticalement, qu'horizontalement. Toutefois, comme on peut le voir ci-dessous, AMD prend en charge d'autres combinaisons d'affichage, notamment avec 4 écrans, le quatrième écran étant alors utilisé en mode étendu.

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Les différentes combinaisons Eyefinity possibles

Eyefinity... en pratique avec Windows 7

Compatible exclusivement avec les systèmes d'exploitation Windows Vista et Windows 7, la technologie Eyefinity d'AMD dépend en grande partie du pilote graphique. Pour notre test, nous avons eu recours aux Catalyst 10.1 sortis au mois de janvier.

Une fois les trois écrans reliés à notre Radeon HD 5870, en l'occurrence des Dell 24 pouces, la machine démarre normalement et le signal est répliqué sur ces derniers. Avoir un bureau Windows qui se répète sur trois écrans ce n'est pas forcément la chose la plus utile. Il faut donc faire un détour par les pilotes Catalyst pour créer une surface d'affichage unique ou plus exactement un groupe d'écrans. La procédure est relativement simple et somme toute assez soignée. La création d'un groupe permet de transformer nos trois écrans en un seul ensemble d'affichage. Aussi la résolution de notre bureau passe de 1920x1200 pixels à 5760x1200 pixels alors que la barre des tâches Windows s'étale maintenant sur les trois moniteurs reliés à la carte graphique.

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Pilotes AMD Catalyst 10.1 et Eyefinity

Petit problème toutefois, l'ordre des écrans n'est pas le bon et le menu démarrer de Windows se retrouve sur l'écran central. Pas de panique dans ce cas de figure, AMD a prévu un assistant permettant de reconfigurer les écrans en quatre clics afin de remettre de l'ordre dans l'affichage.
À partir de là, il n'y a plus rien à faire, si ce n'est lancer le jeu de son choix. Celui-ci s'affichera, une fois configuré, sur les trois écrans avec le risque, non négligeable, de voir certaines vidéos de présentation totalement déformées car étirées à moins que ce ne soit le jeu en lui-même qui fasse les frais d'un tel phénomène... N'oublions pas qu'avec trois écrans 16/10, le ratio d'affichage obtenu est de 24/5 !

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Création d'un groupe d'affichage et ré-agencement de l'ordre

Sur l'ensemble des jeux que nous avons pu tester, la résolution démesurée de 5760x1200 pixels, soit près de 7 millions de pixels, était bel et bien accessible et utilisable, et ce, y compris avec la dernière mouture de Need For Speed. Toujours est-il qu'il est possible avec certains jeux DirectX 9.0, des titres plutôt anciens donc, de rencontrer quelques limitations, ceux-ci n'ayant évidemment pas été conçu dans l'idée que de telles résolutions graphiques seraient un jour accessibles.

Dernière précision, les pilotes actuels proposés par AMD ne permettent pas de régler un paramètre pourtant important : l'épaisseur de la bordure des écrans. Or ce paramètre a son importance puisqu'il génère un léger décalage de l'affichage entre les écrans : d'ici quelques mois, AMD devrait proposer une mise à jour des Catalyst visant à intégrer cette fonctionnalité.

AMD Eyefinity : la vidéo

Une vidéo vaut parfois mieux qu'un long discours. C'est l'angle que nous retenons pour cet article avec une présentation vidéo de la technologie Eyefinity... en action ! Nous recueillerons à chaud les commentaires de Virgile, l'un des rédacteurs de JeuxVidéo.fr sur l'expérience Eyefinity.

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Pour tester l'impact de la technologie Eyefinity sur les performances, nous avons utilisé une plate-forme récente dont le détail figure ci-dessous :
  • Carte mère Gigabyte EX58-US5 (BIOS F8),
  • Processeur Intel Core i7 920,
  • Radeon HD 5870,
  • 6 Go de mémoire DDR3-1333 - Transcend,
  • RAID 0 - 2x Disques dur Western Digital Raptor 300 Go
Notre système opérait sous Windows 7 édition Intégrale en version 64 bits. Sur cette machine nous avons recours aux pilotes Catalyst en version 10.1. Nous testons ici les performances du jeu exécuté en résolution presque conventionnelle sur un seul écran : 1920x1200 puis nous exécutons le même test en 5760x1200, l'affichage étant alors réparti sur les trois écrans.

Colin McRae Dirt II

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Tom Clancy's H.A.W.X.

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StreetFighter IV

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On le voit, avec ces trois titres somme toute récents, l'activation de la technologie Eyefinity a un gros impact sur les performances. C'est logique puisque le nombre de pixels à calculer est soudainement bien plus important du fait d'une surface d'affichage élargie. Toutefois, on peut s'étonner d'une chute finalement assez modérée des performances. Dans le pire des cas, la baisse est de 49% sous H.A.W.X alors qu'elle n'est que de 21% sous Street Fighter IV. Quant à Colin McRae Dirt II, ses performances chutent de 38% en passant d'une résolution de 1920x1200 pixels sur un seul écran à 5760x1200 pixels sur trois écrans.

Conclusion

Arrivés au terme de cette brève présentation de la technologie Eyefinity, force est de reconnaître qu'AMD comme NVIDIA tentent chacun d'innover à leur façon en matière de technologie de rendu. Quand NVIDIA privilégie la 3D, un choix finalement précurseur au vu du dernier CES et de l'abondance d'annonces de téléviseurs 3D, AMD privilégie lui le jeu sur plusieurs écrans.

Ici donc, point n'est question de lunettes spécifiques, mais « simplement » de disposer de trois écrans. Toutefois, il ne s'agit pas de disposer de n'importe quel écran puisque l'un d'entre eux devra presqu'absolument comporter une connectique DisplayPort, une exigence tout de même élitiste vu le faible nombre d'écrans dotés de cette interface. Parallèlement, il faudra disposer d'une carte graphique Radeon HD de la série 5000, une restriction somme toute compréhensible, les précédentes générations n'étant pas en mesure de gérer plus de deux canaux d'affichage.

Ces considérations techniques mises de côté, venons-en à l'expérience en elle-même. Oui, jouer sur trois écrans est incontestablement un luxe appréciable. Oui, sur des titres comme DiRT 2 ou H.A.W.X., Eyefinity fait effectivement des merveilles et les sensations sont certes différentes, mais tout aussi appréciables que ce que peut procurer la technologie 3D Vision de NVIDIA. Mais dans tous les cas de figure, cela reste une technologie réservée à des amateurs passionnés et... fortunés qui ont en plus de la place pour installer trois écrans sur leur bureau.

Bref à défaut de révolutionner le jeu sur PC, AMD innove... chose dont on avait presque perdu l'habitude ! Quand à NVIDIA, il devrait proposer avec ses GeForce 100, ou plutôt GeForce 470 et 480, une solution mêlant le rendu 3D à l'affichage sur plusieurs écrans...

AMD Eyefinity

6

Les plus

  • Véritable expérience élargie
  • Réalisme bluffant avec certains titres

Les moins

  • Solution onéreuse
  • Nécessite un écran DisplayPort
  • Peut générer des étirements/déformations

0

Performances6

Fonctionnalités8

Confort7

Julien Jay
Par Julien Jay

Passionné d'informatique depuis mon premier Amstrad 3086 XT et son processeur à 8 MHz, j'officie sur Clubic.com depuis ses presque débuts. Si je n'ai rien oublié d'Eternam, de MS-DOS 3.30 et de l'ineffable Aigle d'Or sur TO7, je reste fasciné par les évolutions constantes en matière de high-tech. Bercé par le hardware pur et dur, gourou ès carte graphique et CPU, je n'en garde pas moins un intérêt non feint pour les produits finis, fussent-ils logiciels. Rédacteur en chef pour la partie magazine de Clubic, je fais régner la terreur au sein de la rédaction ce qui m'a valu quelques surnoms sympathiques comme Judge Dredd ou Palpatine (les bons jours). Mon environnement de travail principal reste Windows même si je lorgne souvent du côté de Mac OS X.

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