Chromecast : pour qui et pour quoi faire ?

Romain Heuillard
Publié le 14 avril 2014 à 17h36
Disponible en France depuis le mois de mars 2014, le Chromecast était attendu de pied ferme par de nombreux technophiles. Cette clé HDMI vendue seulement 35 euros par Google intrigue aussi beaucoup d'autres consommateurs. Mais à quoi et à qui un appareil si abordable peut-il bien servir ?

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La passerelle multimédia réduite à sa plus simple expression

Pour commencer, il faut préciser que ce prix n'a rien d'étonnant, quand on connait sa raison d'être et quand on sait ce qu'il contient.

Tout comme les autres terminaux de Google — c'est-à-dire les téléphones et les tablettes Android de la gamme Nexus, et dans une moindre mesure les ordinateurs portables Chromebook — le Chromecast est probablement vendu à prix coûtant. Car l'objectif de Google n'est pas de vendre des appareils, mais des prestations et des services, bien plus rentables à long terme. Et naturellement, plus les appareils permettant d'y accéder sont économiques, plus Google a de chances d'attirer les utilisateurs vers ses services, plutôt que vers ceux de ses concurrents.

La clé HDMI Chromecast est donc un appareil multimédia réduit à sa plus simple expression. Il n'abrite qu'un petit processeur Marvell, un module Wi-Fi, 512 Mo de mémoire vive et 2 Go de mémoire interne. Surtout il n'est livré avec aucune télécommande : il est entièrement asservi à d'autres appareils, tels qu'un smartphone, une tablette ou un ordinateur portable.

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Crédit : iFixit

Connecter facilement un téléviseur à Internet

Initialement destiné et longtemps réservé aux États-Unis, le Chromecast sert principalement à transformer en téléviseur connecté un modèle qui ne l'est pas, ou un modèle qui est obsolète. Sur le marché américain, où les box des FAI sont inexistantes ou beaucoup moins abouties, le Chromecast est ainsi un moyen simple et économique d'accéder à des services de vidéo en ligne depuis un téléviseur.

En France, son principal intérêt est de répondre à certains usages populaires plus simplement que le décodeur d'un FAI. Il permet aussi d'équiper à moindres frais les téléviseurs supplémentaires d'un foyer, sans avoir à louer de décodeurs additionnels auprès du FAI (pour au moins 5 euros/mois). Dans ce cas il est amorti en plus ou moins six mois. En outre il remplit certaines des fonctions d'autres passerelles multimédias plus onéreuses, telles que l'Apple TV ou un récepteur Miracast.

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Une passerelle obligatoirement télécommandée par smartphone, tablette ou ordinateur

Concrètement, le Chromecast sert essentiellement à accéder sur grand écran à des services de vidéo à la demande, de télévision par Internet et de musique en ligne.

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Il sert plus précisément à diffuser des contenus issus de tels services. Car comme nous l'écrivions ci-dessus, il est entièrement asservi à d'autres appareils. Au repos, il ne présente pas vraiment d'interface, simplement un fond d'écran avec une horloge et le message « prêt à caster ». Pour « caster » (qu'on pourrait traduire par « diffuser » dans ce contexte), il faut lancer une application compatible sur un téléphone ou une tablette, faire son choix depuis cette application, puis lancer la lecture vers un Chromecast à l'aide du bouton dédié.

Techniquement, l'application indique au Chromecast quel flux ou quel fichier il doit diffuser, directement depuis un serveur HTTP. Ce n'est pas le téléphone ou la tablette qui retransmet ce flux, il ne sert qu'à télécommander le Chromecast. On ne peut donc pas diffuser directement un fichier issu de son appareil, comme on peut le faire avec AirPlay ou Miracast, mais en contrepartie on épargne la batterie et on peut faire autre chose de son terminal, ou même l'éteindre, sans interrompre la diffusion.

La vidéo ci-dessous résume bien le fonctionnement du Chromecast dans les grandes lignes :


En France, à l'heure où nous écrivons ces lignes, les applications suivantes sont compatibles :
  • YouTube, Google Play Films et Google Play Musique.
  • le service de vidéo à la demande sur abonnement (SVOD) CanalPlay, et probablement Netflix quand il sera disponible en France.
  • l'application de musique à la demande Rdio, mais ni Deezer ni Spotify.
  • Pluzz de France Télévisions et plus généralement SFR TV, qui permettent d'accéder au direct et au rattrapage d'une multitude de chaînes de télévision. MYTF1 et 6play notamment seront prochainement compatibles.
Le Chromecast permet aussi de répliquer un onglet du navigateur Internet Google Chrome pour ordinateur, à l'aide de l'extension Google Cast. On peut ainsi montrer n'importe quelle page Web, tel qu'un album photo hébergé sur Facebook par exemple, mais il faut rester derrière l'ordinateur pour naviguer. La version Android du navigateur prendra en charge cette fonction prochainement.

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Les contenus personnels relégués au second plan

Les contenus personnels et/ou stockés en local ne sont donc pas au centre du Chromecast. On peut néanmoins les diffuser de manière plus ou moins détournée.

Pour « caster » de la vidéo ou de la musique stockée sur un ordinateur ou sur un NAS, on peut installer le serveur Plex sur l'un d'eux puis installer l'application Plex sur un appareil mobile. Les fabricants de NAS devraient proposer leurs propres solutions, comme Synology le fait déjà.

Depuis un terminal Android, les applications AllCast, Avia et RealPlayer Cloud permettent quant à elles de caster de la musique, des vidéos ou des photos stockées sur l'appareil.

Mais de nombreux services et applications de toutes envergures peuvent désormais prendre en charge le Chromecast. Google a effectivement mis à disposition en février dernier un SDK permettant à n'importe quel développeur de concevoir une application mobile (Android ou iOS) ou un site Internet capable de « caster ». Google a montré la voie avec Photowall, qui permet de diffuser des photos en temps réel. Notons d'ailleurs que la plateforme repose en partie sur HTML5 et qu'elle permet de concevoir toutes sortes de services non multimédias, présentant par exemple les titres de l'actualité, la météo ou le trafic.

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Conclusion

Le Chromecast est une passerelle aux possibilités quasi infinies, mais il est entièrement asservi à un ordinateur ou à un terminal mobile servant de télécommande. Il convient donc à ceux qui disposent de tels appareils, et aux adeptes du second écran. L'approche est assez différente d'autres appareils multimédias, on utilise ici deux appareils pour accéder à des services.

Le nombre de services proposés est d'ailleurs encore assez réduit, surtout en France et d'une manière générale en dehors des États-Unis. Pour autant le Chromecast est un bon investissement : cette clé HDMI devrait rapidement devenir le dénominateur commun des services multimédias, le premier produit que les éditeurs prendront en charge quand ils voudront conquérir le salon. Car l'adaptation des services est facile, mais aussi et surtout parce qu'avec son prix et sa simplicité, l'appareil est à la portée de tous.

En définitive, le Chromecast a de sérieux atouts pour prétendre au titre de standard. Mais le domaine dans lequel évolue la clé de Google, déjà très concurrentiel, se transforme si vite qu'il est difficile de parier sur l'établissement d'un tel standard, et donc sur le succès à (très) grande échelle de ce produit au demeurant intéressant. Et l'ombre des Google TV et de leur échec commercial plane toujours alors qu'un certain Amazon se lance sur ce créneau avec son Fire TV).

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Aller plus loin
Romain Heuillard
Par Romain Heuillard

C'est vers l'âge de 12 ans, lorsque j'ai reçu mon premier ordinateur (un Pentium 100), que j'ai décidé d'abandonner ma prometteuse carrière de constructeur de Lego pour me consacrer pleinement à ma nouvelle passion pour l'informatique. Depuis je me suis aussi passionné pour l'imagerie en général et pour la photo en particulier, mais je reste fan de sujets aussi obscurs que les procédés de fabrication de composants électroniques ou les microarchitectures de processeurs, que l'infiniment grand et l'infiniment petit. Je suis enfin foncièrement anti-DRM et pro-standards ouverts.

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