Une équipe de chercheurs hongrois explore une nouvelle forme de thérapie pour accompagner les patients atteints de ce trouble. Pour cela, ils ont utilisé la réalité virtuelle avec leur patients et il se pourrait que cette alternative soit efficace.
La schizophrénie est un trouble très complexe qui affecte environ 24 millions de personnes dans le monde. Les impacts sur la vie quotidienne des personnes concernées sont souvent très lourds, provoquant des handicaps parfois sévères. Une équipe de scientifiques de l'université Semmelweis à Budapest cherche à améliorer le processus de réhabilitation des patients avec une méthode très novatrice. Elle vise essentiellement à améliorer la capacité de mentalisation (l'interprétation de ses comportements et des comportements d'autrui) grâce à l'utilisation de la réalité virtuelle.
Une thérapie révolutionnaire en réalité virtuelle
C'est une première dans l'histoire du soin de la schizophrénie. Ce dispositif, baptisé VR-ToMIS (Virtual-Reality based of Mind Intervention in Schizophrenia) a été développé en collaboration avec la startup vTime, qui a fourni le logiciel à l'équipe de chercheurs. Le programme thérapeutique est constitué de neuf séances au total. Il démarre d'abord par une session d'introduction pour habituer les patients afin de ne pas les brusquer ou les choquer. Par la suite, un travail en collaboration entre patients et thérapeutes débute et se déroule le long de huit séances de 50 minutes. Ces séances ciblent en particulier la sphère des interactions sociales.
Un des nombreux symptômes induits par la schizophrénie est un défaut dans le processus de mentalisation. Ceci provoque chez les patients de grandes difficultés à interpréter correctement leurs propres émotions et celles des autres, ainsi que leurs pensées. L'intérêt du VR-ToMis réside dans le fait qu'il plonge les patients dans des situations quotidiennes simples, simulées de manière complètement virtuelle. Une rencontre avec une nouvelle personne, un rendez-vous ou une simple promenade. L'avatar qui interagit avec le patient est entièrement contrôlé par le thérapeute. Cela lui permet de cibler précisément les « points de blocage » et les défauts dans le processus de mentalisation. Le thérapeute utilise volontairement des outils linguistiques spécifiques pour aider l'identification de ces faiblesses : phrases à double sens, métaphores ou ironie par exemple.
Des résultats très prometteurs
L'échantillon de patients qui bénéficiaient de ce protocole de test était plutôt restreint, mais la réponse thérapeutique globale au VR-ToMis laisse à penser que cette technologie serait viable. Sur 43 patients au total, 93,3 % d'entre eux ont trouvé cette technique de soin ludique. 78 % l'ont perçu comme un élément clé dans leur processus de réhabilitation. En tout, 93,3 % des personnes ont jugé que leurs compétences en communication avaient évolué positivement à la suite du test.
Un autre aspect très important à souligner dans cette méthode est l'adhésion plutôt remarquable des patients au dispositif thérapeutique. C'est aujourd'hui le plus gros obstacle que rencontrent les soignants dans l'accompagnement et le soin des personnes atteintes de schizophrénie. Par exemple, le soin par médication – bien souvent des traitements très lourds à supporter – est dans certains cas très difficile à maintenir sur le long terme.
Ces premiers tests du VR-ToMis ont eu lieu en 2022 et présentent des résultats vraiment engageants. Cette méthode innovante pourrait clairement transformer l'approche globale que le corps soignant a de cette maladie. L'université de Semmelweis compte bien faire reconnaître ce dispositif à l'international pour le généraliser et l'appliquer à des échantillons de patients plus grands. Une lueur d'espoir potentielle pour des millions de personnes.
Sources : The Next Web, Semmelweis