À l'heure des puces 20 nm de l'Intel 335 Series par exemple, ou de la mémoire de type TLC du Samsung 840 Series, l'adoption de modules de mémoire flash gravés en 19 nm ne surprendra personnes même si, nous le verrons, ces dernières recèlent un petit ingrédient assez original. Sandisk, en effet, produit ses propres puces et a donc la possibilité d'innover face à la concurrence.
L'introduction d'un contrôleur Marvell, en revanche, est beaucoup plus stratégique. Contrairement à SandForce, Marvell ne livre en effet que des puces, et non le firmware qui les dirige. En s'associant avec Marvell, Sandisk choisit donc de générer son propre micro-logiciel et s'approprie un nouvel élément de la chaîne de production de ses SSD. Le constructeur entre ainsi en concurrence avec OCZ (qui dispose, avec Indilinx, d'un sérieux atout) et surtout Samsung, qui produit son SSD de A à Z.
Que vaut ce SSD face à la concurrence ? Sandisk a-t-il mis à profit cette nouvelle autonomie pour jouer sur les prix de son Ultra Plus ? Et quel est donc ce nouveau système de cache ? Les réponses à suivre.
Le Sandisk Ultra plus est un SSD au format 2,5 pouces doté d'une épaisseur de 7 mm, ce qui lui permet d'équiper sans souci un ultrabook, ou n'importe quel PC portable. Il faut dire que Sandisk est particulièrement apprécié des OEM et se devait d'améliorer la finesse de son SSD pour coller aux tendances actuelles. La légèreté de l'Ultra Plus est également un atout certain dans l'optique d'équiper des ultrabooks. Si le plastique utilisé n'est pas étranger à ce poids plume, une autre raison explique cette légèreté.
En effet, lorsqu'on ouvre ce SSD, on découvre un PCB ridiculement petit ! Sa taille ne dépasse pas la moitié du boîtier. Sandisk a en effet posé sur son PCB seulement 4 puces mémoire. Notre modèle de test, d'une capacité de 256 Go, dispose donc de 4 NAND flash de 64 Go. Et ce n'est pas un hasard.
En effet, le contrôleur Marvell SS889175 utilisé par Sandisk sur son Ultra Plus ne fonctionne que sur 4 canaux. En choisissant d'implanter 4 puces mémoire sur son PCB, Sandisk optimise donc le fonctionnement de son SSD. Le Marvell SS889175 est une déclinaison du SS889174 dont est équipé le 510 Series d'Intel. Sandisk utilise une version optimisée pour réduire la consommation de la puce. Encore un atout de taille pour les OEM... Compatible avec l'interface 6 Gbps, gérant NCQ et TRIM, ce contrôleur fonctionne de pair avec un système de cache, matérialisé ici par la présence d'une puce Samsung de 128 Mo, de type DDR2-800.
Le nCache, ou le retour du SLC
En produisant sa propre mémoire, Sandisk dispose d'une latitude plus importante que nombre de concurrents concernant l'innovation autour de la NAND flash. La gravure 19 nm en est un exemple, mais ce n'est pas le plus significatif. Car les modules eX2 ABL de Sandisk disposent d'une autre particularité, celles de posséder une fraction fonctionnant comme de la mémoire SLC, ou presque. Et cette mémoire est utilisée dans une technologie que Sandisk nomme nCache.L'objectif de ce nCache est d'améliorer les performances sur la manipulation de petits fichiers, exercice dans lequel les SSD sont les plus à la peine. Ces fichiers de petite taille sont donc écrits sur la mémoire SLC (Single Layer Cell), plus rapide que la traditionnelle mémoire MLC (Multiple Layer Cell). Dès que le SSD est moins sollicité, le contrôleur se charge de redistribuer les données sur les puces MLC. De plus, le firmware produit par Sandisk peut définir et ajuster la quantité de mémoire utilisée pour le nCache.
Notre modèle de test, qui comporte 4 puces de 64 Go, dispose de 256 Go. Windows affiche quant à lui une capacité de 238,4 Go (ces deux chiffres étant en fait des Gio). Il reste donc 93% de mémoire disponible pour l'utilisateur, avec une réserve comparable aux traditionnels 7% utilisés par les mécanismes visant à limiter l'usage des puces (over-provisioning) ou à remplacer l'une d'elles en cas de défaillance (garbage collection). Le nCache de Sandisk prive donc l'utilisateur d'une portion de son SSD, mais pas plus que la concurrence. Et d'après le constructeur, de la durée de vie de son SSD également.
L'utilisation des puces MLC en « mode SLC » limite en effet l'amplification d'écriture, nocive aux puces mémoire. Sandisk affiche ainsi fièrement un MTBF (temps moyen avant une panne) de deux millions d'heures, là où la concurrence se contente de 1 ou 1,5 million d'heures. Ce qui n'empêche pas le constructeur de limiter sa garantie à 3 ans...
Performances | |||
64 Go | 128 Go | 256 Go | |
Lecture séquentielle (Mo/s) | 520 | 530 | 530 |
Écriture séquentielle (Mo/s) | 155 | 290 | 445 |
Lecture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 76 000 | 80 000 | 82 000 |
Écriture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 29 000 | 33 000 | 39 000 |
Si le nCache est prometteur sur le papier, Sandisk ne communique cependant pas des chiffres mirobolants quant aux performances de son Ultra Plus. Sur la version 128 Go notamment, si les débits annoncés sont supérieurs à ceux d'un Samsung 840 Series, ils restent assez loin, du moins en écriture, de ce dont est capable un Vector d'OCZ. La version 256 Go en revanche semble pouvoir affronter cette concurrence.
Performances
Pour le vérifier, nous avons comparé ce Sandisk Ultra Plus à différents SSD récemment testés, comme le Vector d'OCZ, l'Intel 335 Series ou le Samsung 840 Series.Le nouveau SSD de Sandisk, du moins dans cette version 256 Go, tient toutes ses promesses. Pourtant, il ne brille pas particulièrement dans les tests synthétiques là où on l'attend, c'est-à-dire sur l'écriture. Le test sous ATTO, notamment, montre même une faiblesse en écriture aléatoire dès lors que la taille du fichier dépasse les 2 Mo. Le nCache se montre particulièrement brillant dans les petits fichiers, mais peine visiblement avec les plus gros.
Qu'en est-il en pratique ? L'Ultra Plus se montre particulièrement convaincant sur le test d'écriture de petits fichiers, où il surclasse tous ses concurrents. Reste que l'OCZ Vector reste le maître en matière de lecture et d'écriture de gros fichiers, tandis que l'Intel 335 Series conserve sa première place en lecture de petits fichiers.
Notre avis
Car il faut l'avouer, nous n'attendions pas ce SSD là où il se trouve, c'est à dire tout simplement en tête des SSD que nous vous conseillons à ce jour. En effet, le modèle 128 Go se positionne face au Samsung 840 Series (aux alentours de 90 euros) et nous semble plus intéressant, car n'utilisant pas de mémoire de type TLC, dont on ne connaît pas la durée de vie. En version 256 Go, c'est face au SSD le plus rapide du moment, à savoir le Vector d'OCZ, que l'Ultra Plus concourt. Et grâce à son meilleur rapport performances / prix, il nous parait plus intéressant, là encore, que son adversaire.
Un carton plein donc pour Sandisk, qui met à profit un changement stratégique majeur, celui de choisir un contrôleur Marvell pour utiliser au mieux ses propres puces NAND. Un pari réussi, et cet Ultra Plus pourrait aussi bien séduire les OEM, tant ce SSD semble taillé pour l'ultrabook, que les particuliers, même si l'on regrettera tout de même l'absence complète d'accessoires (adaptateur 3,5 pouces, câble SATA).