Comment se distinguer, parmi des acteurs déjà bien installés sur le terrain du stockage en ligne comme Google (Drive), Apple (iCloud), Dropbox et autres Microsoft (Skydrive) ? Stream Nation, lancé cette semaine par Jonathan Benassaya, co-fondateur de Deezer, fait le pari d'une prestation tournée exclusivement vers les contenus multimédias, photos et vidéos. « Aujourd'hui, les contenus sont éparpillés sur tous les appareils de la famille, smartphones, tablettes, ordinateurs ou autres », explique Jonathan Benassaya, « les gens en viennent à se demander comment accéder simplement à leurs propres contenus. C'est ce que propose Stream Nation, qu'on voit comme un vrai Media Center du Web ».
Autrement dit, faire peu mais le faire bien. Stream Nation promet ainsi un envoi facilité des fichiers vers ses serveurs, à l'aide de clients logiciels disponibles sur PC, Mac et terminaux iOS, sans avoir à se soucier du format d'origine. Photos reflex en format natif (.raw), rush de vidéos ou films de vacances, le service est censé s'accommoder d'à peu près tout, et sait surtout le restituer de façon accessible, quel que soit l'écran emprunté. Les photos sont en effet automatiquement redimensionnées et les vidéos transcodées en quatre formats distincts, tous accessibles au téléchargement direct depuis un autre terminal. Les contenus se destinent enfin à être consultés en streaming, soit directement depuis les serveurs de Stream Nation, qui utilise pour ce faire un protocole adaptatif (HLS), de façon à adapter la qualité du flux à la bande passante disponible.
Une fois en ligne, les contenus sont organisés automatiquement en collections susceptibles d'être enrichies de tags. On peut y naviguer au travers de streams, via le moteur de recherche intégré, et accéder aux photos et vidéos partagés par ses contacts directs. Pour Jonathan Benassaya, c'est notamment par sa clarté et sa simplicité d'utilisation que Stream Nation séduira.
Difficile toutefois de s'en tenir là sur un marché aussi concurrentiel, sur lequel se lancent également la plupart des fabricants de terminaux (Acer, Samsung etc.). Entre autres forces, le fondateur met donc en avant les fonctions de partage privé qui garantissent à l'utilisateur un contrôle total sur ses contenus, ainsi que la sécurité du service. Stream Nation stocke en premier lieu les contenus sur ses propres infrastructures, situées au Luxembourg, avant de répliquer le tout sur les serveurs d'Amazon Web Services, où les fichiers sont au préalable chiffrés de façon à garantir la confidentialité.
Stream Nation réserve également quelques fonctions moins courantes, comme l'aspiration automatique de vidéos YouTube ou Dailymotion, ou l'import automatique des éléments multimédias associés à un compte Facebook ou à un Dropbox.
Le prix, enfin, se veut un élémént différenciant de taille. Derrière l'offre d'essai gratuite, limitée à 10 Go de stockage , viennent ensuite des formules allant jusqu'au stockage illimité, facturé 20 euros par mois (moins 1 euro si souscription annuelle). Le service a ouvert ses portes mardi en France, en Angleterre et en Allemagne, avant de s'attaquer aux Etats-Unis, « dans deux ou trois semaines ». À court terme, Stream Nation envisage de se rendre encore plus accessible, notamment en ouvrant des interfaces de programmation permettant par exemple à un fournisseur d'accès ou à un fabricant de téléviseur d'élaborer une application dédiée.
Objectif 30 000 clients payants d'ici un an
Implanté au Luxembourg « pour des raisons fiscales », Stream Nation est pour l'instant financé par l'intermédiaire de sa maison mère, Milestone Project, un incubateur créé en 2010 par Jonathan Benassaya, qui avait reçu quelque 5,3 millions de dollars de fonds. Son fondateur se dit confiant dans la capacité du service à atteindre l'équilibre financier d'ici un an. Pour ce faire, il estime qu'entre 25 000 et 30 000 utilisateurs s'acquittant d'une facture mensuelle d'environ 7 euros seront nécessaires. En parallèle, la société compte bien apprendre de ses premiers utilisateurs pour préparer la suite, à commencer sans doute par une levée de fonds visant à accélérer son développement. « Dès qu'on aura trouvé ce que j'appelle le mode d'emploi de la machine, on ira parler au marché », conclut Jonathan Benassaya.