Live Japon : le point sur les livres numérisés, tome 1

Karyn Poupée
Publié le 10 juillet 2010 à 11h38
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Etonnant l'impact que semble avoir le lancement commercial de la tablette numérique multimédia iPad d'Apple au Japon. Depuis quelques semaines, grâce à un assourdissant bruit médiatique, tout le monde a l'air soudain de découvrir que la lecture sur écran est une pratique qui se répand, alors même que, soyons francs, cela fait au moins quatre ans que les Japonais achètent et lisent des manga ou nouvelles sur téléphone portable.

Ce support a d'ailleurs volé la place des tablettes électroniques durant toutes ces années passées, au grand dam des Sony, Panasonic et Toshiba qui avaient lancé au Japon de tels appareils, lequels furent des fiascos, arrivés trop tôt dans un environnement qui n'était pas prêt. In fine, c'est donc l'iPad qui relance l'intérêt pour ce type de support électronique et en tire les honneurs. Le secteur nippon s'active désormais à vive allure. Jeudi 8 juillet, l'une des plus importantes entreprises japonaises de technologies et services d'impression, Dai Nippon Printing (DNP), a annoncé l'ouverture à l'automne d'une immense librairie numérique et une gamme de services pour aider les éditeurs à numériser et distribuer leurs collections.

Le groupe DNP, qui comprend aussi des chaînes de librairies ayant pignon sur rue, dont les magasins Maruzen, va inaugurer une boutique de livres dématérialisés qui comprendra quelque 100.000 titres, a-t-il précisé. « Nous allons offrir le premier service géant hybride, avec des livres imprimés et numérisés pour que les clients puissent assurément trouver les oeuvres qu'ils souhaitent et puissent les lire sous la forme qu'ils désirent », a promis le groupe.

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DNP dit être en mesure de proposer aux éditeurs partenaires l'ensemble des prestations requises, du tirage sur papier en série à la vente physique ou numérique aux particuliers, en passant par l'impression unitaire à la demande d'ouvrages. « Du fait de l'offre grandissante de téléphones portables et autres terminaux numériques adaptés à la lecture, nous nous attendons à une très forte augmentation de cette pratique et cela représente pour le monde de l'édition un média inédit susceptible d'attirer de nouveaux lecteurs », a souligné DNP.

Pour l'offre numérique, la maison d'impression se propose de gérer non seulement le traitement informatique des ouvrages, mais aussi la plate-forme de vente, l'encaissement, les droits d'auteur afférents et leur redistribution. Ce groupe est déjà depuis plusieurs années un acteur de l'édition numérique, proposant des livres à télécharger sur téléphones portables, un marché déjà important au Japon. Toutefois, l'émergence récente de nouveaux supports encore plus confortables, comme l'iPad, laisse augurer une réelle démocratisation de la lecture sur écran.

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Le principal concurrent de DNP au Japon, Toppan Printing, est lui aussi engagé dans un processus stratégique similaire, en partenariat avec le géant de l'électronique nippon Sony, l'opérateur de télécommunications KDDI et le groupe de presse et d'édition Asahi.

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DNP et Toppan ont en outre créé ensemble une association afin d'éviter que tous les projets ne tirent à hue et à dia et divisent le marché au lieu de le faire prospérer. « Il y a une vague mondiale du livre numérique qui grossit de jour en jour », avait assuré récemment Fujio Noguchi, directeur général d'une filiale de Sony. « C'est l'année inaugurale du livre numérique », avait-il insisté. « Il est nécessaire dès lors de créer un environnement rassurant et tranquillisant de diffusion des livres numérisés, tant pour les groupes de presse et éditeurs que pour les lecteurs », avait-il poursuivi.

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Même si le téléphone portable est de facto pour le moment au Japon le terminal privilégié, « les terminaux de lecture de livres vont se multiplier, le marché va donc s'élargir et toucher toutes les cibles de public », avait ensuite souligné le responsable de la stratégie de KDDI, Makoto Takahashi. « Les modèles économiques varient selon les pays. Il ne s'agit pas d'importer au Japon des procédés développés ailleurs », avait cependant prévenu M. Noguchi. « Nous devons mettre en place un système qui soit adapté au fonctionnement des groupes d'édition et de presse japonais », a-t-il ajouté. « Le monde de l'édition affronte actuellement une situation délicate. Nous devons, en tant que groupe d'impression, être présents sur les deux plans: celui de la diffusion sous forme imprimée et celui des livres numérisés », avait pour sa part expliqué un directeur de Toppan Printing, Yukio Maeda. Et Yasushi Wake, responsable des activités numériques du groupe Asahi Shimbun, de renchérir: « le secteur de la presse est à un tournant. Nous voulons servir tous les terminaux avec une large offre de contenus ».

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Avant même l'arrivée des tablettes électroniques, le marché japonais des livres vendus sous forme de fichiers à télécharger, essentiellement sur téléphones portables pour le moment, a atteint au Japon 57,4 milliards de yens (522 millions d'euros) entre avril 2009 et mars 2010, soit une hausse de 23,7% par rapport au total de l'an précédent.

Ce nouveau bond est encore à mettre au compte des téléchargements de livres sur téléphones mobiles, essentiellement des manga, qui représentent en valeur 89% du marché total. Les Japonais, voraces lecteurs qui préfèrent leur mobile à leur ordinateur, profitent déjà d'un nombre important de titres proposés par les éditeurs locaux.

Au Japon, plus de 95% des 113 millions de clients des services mobiles ont un terminal de troisième génération ou équivalent. Les portails internet dédiés à ces téléphones multifonctionnels à écran plutôt confortable donnent accès à de très nombreuses librairies virtuelles, emplies de livres en tous genres, dont un catalogue varié de manga. Les milliers d'ouvrages numérisés proposés y sont vendus chacun pour un prix unitaire légèrement inférieur à celui de la version imprimée lorsqu'elle existe, et des extraits sont généralement proposés gratuitement. De même en est-il pour des magazines qui, encore peu nombreux il est vrai, proposent aussi leurs numéros via diverses maisons de presse virtuelles pour iPhone et iPad, dont une, Magastore, émane du groupe de publicité Dentsu.

A suivre, le tome 2 la semaine prochaine.

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Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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