Live Japon : l'électronique anti-rhume

Karyn Poupée
Publié le 05 février 2011 à 10h29
La grippe rôde toujours, le printemps n'est pas encore là, mais les pollens envahissent déjà l'air de Tokyo. Victimes de pollinose, les jeunes Nippones aux yeux mouillés ne font pas qu'émoustiler leurs collègues masculins (lisez le manga de l'ami Nishi), elles donnent aussi des idées aux électroniciens japonais, prompts à soulager leurs compatriotes fiévreux, allergiques ou refroidis.

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Habitants d'un pays dont la puissance économique repose essentiellement sur l'industrie et les hautes-technologies (à défaut de terres arables et de ressources naturelles), les Japonais sont enclins à penser que la technique constitue un remède à tous les maux. Et c'est ainsi que les NEC, Sharp, Sanyo, ou Panasonic, surtout connus pour leurs appareils informatiques et audiovisuels, se posent aussi en pourvoyeurs de moyens de prévention et lutte contre la grippe, les pollens réactogènes ou les coups de froid, grâce à des technologies dont ils ont le secret. Les fournisseurs de services en ligne ne sont pas en reste.

NEC Avio, une société affiliée au groupe de produits et prestations informatiques NEC, a ainsi présenté récemment un petit miroir à installer dans les lieux publics et qui est capable de repérer les personnes ayant de la fièvre. Ce détecteur d'état grippal est censé permettre de ralentir la propagation des virus responsables. Le "Thermo Mirror", à poser sur une table ou à fixer au mur, repère la présence d'un individu dès qu'il est situé à moins de 60 centimètres, grâce à un capteur dédié, et évalue la température à la surface de son front lorsqu'il se trouve à une distance de 30 centimètres ou moins. Il suffit de s'approcher pour déclencher la mesure. La température est affichée sur ledit miroir, lequel est en outre pourvu d'une alerte sonore pour signaler les cas de fièvre. "L'appareil agit sans contact direct et tient compte des conditions externes pour effectuer ses calculs", insiste l'entreprise. NEC Avio est un spécialiste des systèmes à rayons infrarouges et notamment des caméras thermographiques habituellement employées pour ce type de fonctions dans les sites publics comme les aéroports.

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A l'instar de ces caméras, ledit miroir peut être relié à un dispositif de contrôle des entrées/sorties et déclencher une alarme couplée à un girophare si un individu malade pénètre dans les lieux. Ce miroir, aux contours relativement soignés, peut aussi être installé sur le comptoir d'accueil d'un hôtel ou d'une entreprise sans gâcher l'esthétique des lieux, argue NEC Avio. Et ce d'autant que, hors utilisation, l'objet en question affiche l'heure, un calendrier, la température ambiante, etc.

Ce miroir-thermomètre, qui existe en plusieurs versions, coûte entre 98.000 et 120.000 yens (890 à 1.090 euros), un tarif au moins dix fois inférieur à celui des caméras thermographiques, selon NEC Avio. Il est de fait à la portée financière d'établissements scolaires, d'entreprises, d'hôpitaux et autres lieux publics, voire de particuliers un rien hypocondriaques. NEC Avio ne table cependant que sur la vente de quelque 5.000 unités en une année.

Ce nombre est sans commune mesure avec les millions de purificateurs d'air qui s'écoulent au Japon, du simple fait qu'ils constituent un moyen efficace de lutte contre les virus et surtout pour éliminer les pollens responsables des allergies dont souffre une étonnante proportion de la population nippone. Depuis quelques jours, outre les grippés qui se masquent pour ne pas contaminer leur entourage, se repèrent sans mal dans les rues, commerces et entreprises, les premières victimes du rhume des foins, yeux rougis, nez et bouche couverts.

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Sharp, l'un des plus importants fabricants d'engins de purification, grâce à sa technologie "Plasmacluster" de production d'ions négatifs, a récemment affirmé qu'il avait vendu en dix ans plus de 30 millions d'appareils intégrant cette technique propre, qui élimine aussi les virus, microbes et bactéries. "Ils nous a fallu cinq ans pour vendre les dix premiers millions, trois ans pour les dix suivants et seulement deux ans pour les dix derniers", s'est vanté Sharp. Même si ces chiffres correspondent à ses ventes mondiales, Sharp doit surtout cette envolée au fait que les Japonais sont de plus en plus sensibles non seulement aux pollens mais aussi aux argumentaires publicitaires prétendant offrir un remède efficace. Sans compter que les techniques se sont améliorées entre-temps (à en croire les laboratoires chargés de les certifier).

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Sharp aligne une douzaine de types d'appareils intégrant sa technologie de purification, dont des nettoyeurs d'air, des aspirateurs, des réfrigérateurs, des machines à laver, des climatiseurs domestiques, des radiateurs ou encore des éclairages à diodes électroluminescentes (LED). Il fournit également le système à d'autres firmes, comme le fabricant de sanitaires Inax, les constructeurs d'automobiles Toyota et Nissan (pour la climatisation de l'habitacle) ou encore les firmes d'ascenseurs. Il existe même des casques de motards avec un filtre "Plasmacluster", pour éliminer les insanités et mauvaises odeurs.

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Sharp n'est pas le seul à diversifier de la sorte ses lignes de produits en exploitant ses savoir-faire électroniques à des fins multiples. Sanyo, Daikin, Mitsubishi Electric ou encore Panasonic prétendent aussi venir à bout des particules nuisibles qui polluent l'air ambiant avec des techniques différentes mais soi-disant tout autant sinon plus efficaces encore.

La "kafunsho" (pollinose ou rhume des foins) est une calamité telle au Japon que les sites internet spécialisés dans la diffusion d'informations météorologiques ainsi que les opérateurs de télécommunications ont déployé des réseaux spéciaux de milliers de capteurs pour recueillir des données et offrir des services d'alertes par e-mail, en tenant compte des lieux dans lesquels se trouvent les personnes sensibles. L'agence de météorologie privée Weathernews a même créé une chaîne d'information spéciale, avec cartes interactives et journaux vidéo, pour prévenir et conseiller en temps réel les citoyens dont les yeux pleurent et les nez coulent à n'en plus finir chaque fois que les pollens errent alentour. Quant à NTT Docomo, premier acteur de l'univers des mobiles, qui compte plus de 57 millions d'abonnés, il a installé des instruments de collecte près d'antennes-relais et utilise ces mesures pour dresser une carte de propagation des poussières allergènes de plantes.

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On se souvient aussi d'une opportuniste société de création de contenus pour mobiles qui, il y a quelques années, a osé monnayer en téléchargement une mélodie, conçue très sérieusement, dont la tessiture sonore était paraît-il capable d'atténuer les effets des pollens, à conditions de faire sonner son téléphone en le plaquant le long de chaque narine. Aussi inefficace qu'inélégant, cela va sans dire. Même les restaurants profitent de la propension aux allergies (ou de la crédulité) des Japonais, prétendant ces derniers jours servir des menus "anti-kafunsho", riches en éléments censés aider le corps à lutter.

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Pour finir, sachez que Sharp, Fujitsu, Panasonic et consorts sont aussi, et depuis belle lurette, des fabricants de couvertures électriques, un produit-vedette au Japon où l'on considère qu'il vaut mieux chauffer les personnes que les maisons, puisque la plupart du temps l'isolation thermique laisse à désirer.

Pour le groupe Sanyo, réchauffer les individus, y compris à l'extérieur, est une application de plus pour ses batteries rechargeables. Il a ainsi modernisé un objet surnommé "kairo", chaufferette de mains, en proposant des modèles électroniques, ainsi qu'une bouillote, le tout fonctionnant grâce à sa technologie éprouvée d'accumulateurs "eneloop". Le kairo électronique se recharge via un adaptateur ou sur la prise USB d'un ordinateur, ce qui évite par exemple d'emporter le chargeur dédié au bureau. Sanyo a aussi imaginé des écharpes, ceintures et couvertures chauffantes reposant sur la même technologie.

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Gare aux virus, refroidissements et pollens, prenez soin de vous et à la semaine prochaine.
Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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