En revanche, lesdits smartphones ont un avantage notable: ils peuvent être personnalisés de fond en comble, grâce à l'ajout de programmes au choix et d'accessoires sur mesure. Et croyez-nous, en la matière, les Japonais ne manquent guère d'imagination ni d'audace, à moins qu'il ne s'agisse que de bon sens pratique, comme l'explique en dessins J.P. Nishi. L'auteur du manga « A nous deux, Paris ! » (éditions Piquier) n'a rien inventé, il existe bel et bien plusieurs applications pour smartphone de recherche et de radioguidage vers les toilettes du Japon, petits logiciels souvent gratuits qui prétendent « changer la vie des salarymen nippons ».
Certes la même chose existe depuis peu pour la capitale française, mais le nombre de lieux référencés pour la mégapole de Tokyo est sans commune mesure, les lieux d'aisance se trouvant dans les immeubles, stations de métros, sous-sols commerciaux, supérettes, etc. et les Nippons étant en outre obsédés par la possibilité ou non de se libérer...
Dans le registre applications des petits coins, on trouve aussi pour iPhone des générateurs de sonorités de chasse d'eau (« otohime ») afin de masquer les bruits gênants (une fonction en général présente dans les toilettes pour filles) et des voix préenregistrées masculines et féminines pour réclamer du papier !
Outre les applications plus ou moins futiles ou utiles, un autre immense marché existe au Japon autour des smartphones, celui des accessoires. Dans les grandes surfaces d'électronique de Tokyo, ils occupent une place de plus en plus conséquente, de plusieurs dizaines de mètres de linéaires, du sol au plafond. La majorité sont destinés à l'iPhone d'Apple, lequel a mis du temps à séduire les Japonais mais qui aujourd'hui domine. De fait dans les trains, sur cinq passagers occupés avec leur smartphone, trois en moyenne utilisent un iPhone, une proportion qui a augmenté depuis qu'un deuxième opérateur nippon, KDDI, propose l'iPhone, brisant ainsi le monopole de facto dont jouissait son concurrent Softbank depuis 2008. Il est bien rare de voir en outre un Japonais utiliser un smartphone tel que : en général, l'objet est au minimum protégé par un film d'écran à diverses vertus (antireflets, antitraces, angle de vision réduit) et une coque, voire bien davantage.
Dans le domaine des coques, dont le prix moyen est d'environ 15 euros selon l'institut BCN Ranking, rencontrent un grand succès auprès des jeunes femmes de 15 à 30 ans les étuits à oreilles proéminentes de lapin ou de Mickey. Ne nous demandez pas pourquoi, on en sait rien, si ce n'est qu'elles doivent trouver cela mignon.
Autre modèle basique apprécié, celui des trous de nez qui, contrairement aux oreilles, ont une fonction : ils permettent de tenir le téléphone avec deux doigts. Commode à défaut d'être élégant. Ce modèle fait un malheur : « stock épuisé ». Les lecteurs technophiles de Clubic que vous êtes devraient néanmoins davantage apprécier les coques rétro reproduisant un objet disparu comme une cassette audio, un vieux modèle de calculatrice, de poste de radio de poche, d'appareil photo mythique ou de manette de console de jeux. Font aussi recette des films de protection à coller au dos et sur la façade de l'iPhone proposés avec un fond d'écran assorti à télécharger. Pas mal.
Il existe aussi pléthore de coques intégrant une batterie supplémentaire et permettant de recharger l'iPhone sans le connecter par câble, ainsi que des dizaines de modèles haut de gamme en divers matériaux, dont le métal, le cuir, le bois, etc. à des prix qui dépassent généralement 75 euros et peuvent atteindre 300 euros ou même 18 000 euros ! Ce tarif exorbitant est celui d'un étui en or pour iPhone actuellement exposé et vendu dans un des plus cossus grands magasins de Tokyo, Mitsukoshi à Nihonbashi, lieu fréquenté par les fortunés où l'on trouve aussi une reproduction en or de la nouvelle tour Tokyo SkyTree pour 436 000 euros. L'étui pour iPhone, d'une masse de 133,8 grammes, en or 24 carats, a été conçu en imaginant qu'il se trouverait peut-être quelqu'un d'assez riche et amoureux de son iPhone pour l'acheter. Eh bien bingo, la société nippone qui l'a créé, Shinshu Golden Castle (SGC), aurait déjà reçu plusieurs demandes même si l'attractivité de l'objet disparaîtra dès qu'Apple aura remplacé l'iPhone 4S par un iPhone 5 de forme différente.
Seront en revanche recyclables d'un modèle de smartphone à l'autre les petites figurines ou autres motifs à enficher dans la prise casque de l'appareil. Il en existe de toutes sortes, de la perle brillante au personnage quelconque. Cette mode a d'abord emérgé chez les jeunes filles habituée à décorer leur mobile, en l'assortissant parfois avec leurs ongles. Désormais, on voit aussi des hommes dont le smartphone est flanqué d'un accessoire de ce type, babiole dont la fonction n'est selon eux pas seulement esthétique mais aussi protectrice : cela évite que des saletés n'entrent dans dans la prise jack.
Par ailleurs, sont également aussi proposés au Japon plusieurs modèles de stylets (même si le doigt est censé suffire), des autocollants thématiques à placer sur le bouton principal (« home ») de l'iPhone, des tuners pour recevoir la TV numérique terrestre avec un iPhone, des dos porte-monnaie électroniques, des sondes dosimètres pour mesurer la radioactivité ambiante, des dragonnes en veux-tu, en voilà, des lentilles optiques pour varier les plaisirs photographiques, etc. Bref, de quoi rendre un iPhone absolument méconnaissable... et quadrupler son prix.