Et pourtant, l'abominable Comic Sans revêt une qualité cachée : comme toutes les polices d'écriture tarabiscotées, il forcerait l'attention de celui qui le lit, conduisant de fait à une meilleure assimilation des contenus. C'est pour cette raison qu'au mépris des plus élémentaires règles de savoir vivre du Web, le corps de cet article sera rédigé en Comic Sans (visible si votre système la prend en charge).
Connor Diemand-Yauman, chercheur à l'université de Princeton, s'est récemment penché sur l'impact que pouvait avoir la police de caractère d'un texte sur la mémorisation de ce dernier par ses lecteurs. Pour ce faire, il a organisé de brèves séances de lecture d'un même contenu avec deux groupes de cobayes. Le premier a été exposé à une innocente Arial 16 points, police sans serif particulièrement lisible, tandis que le second a dû affronter des échantillons de texte imprimés en Comic Sans 12 points.
Quinze minutes après la lecture, les deux groupes ont été interrogés sur le mode du QCM à propos du texte qu'ils venaient de lire. Le premier groupe, exposé à l'Arial, a alors obtenu 72,8% de bonnes réponses, contre 86,5% pour le second.
L'étude a alors été prolongée auprès d'étudiants issus de l'Ohio, à qui il a été distribué des cours imprimés tantôt en police claire, tantôt en police alambiquée de type Comic Sans. Là encore, les cobayes exposés à la police la plus lisible ont montré des résultats d'assimilation et de mémorisation inférieurs à ceux de l'autre groupe.
Explication ? Pour Diemand-Yauman, une personne qui lit sans difficulté un texte aura plus naturellement tendance à se dire qu'elle l'a compris. A l'inverse, si un obstacle visuel comme une police de type Comic Sans intervient, la lecture sera plus lente, plus contrainte, mais au final nettement plus productive.
Die, Comic Sans, Die !
Faut-il pour autant préconiser aux webmasters, professeurs et autres personnes amenées à communiquer des textes par voie écrite ou numérique l'utilisation du Comic Sans ? Nous ne saurions que trop le leur déconseiller.
Intégrée à Windows depuis les années 90, le Comic Sans (MS) est à l'origine une police de caractère pensée pour les programmes et contenus destinés aux enfants. Mais si ses lettres arrondies collent effectivement bien à un logiciel jeunesse, l'usage s'est rapidement étendu, jusqu'à ce que le Comic Sans se retrouve sur des sites Web d'entreprise, des panneaux de signalisation ou des communications sérieuses. Le phénomène a provoqué l'agacement de nombreux graphistes, qui s'insurgent régulièrement contre l'absence d'adéquation entre la typographie employée et la nature du message.
Se prêtant particulièrement bien au détournement et à la dérision, la lutte contre le Comic Sans relève maintenant du mème, comme l'illustrent les très nombreux images le mettant en scène de façon parodique. Pour mieux comprendre pourquoi l'usage du Comic Sans est à proscrire selon leurs auteurs, on pourra consulter le tout juste lancé mais néanmoins excellent comicsanscriminal.com qui, en quelques diapositives, résumera bien mieux la situation que nous le faisons ici. Que la faute de goût commise en début d'article nous soit pardonnée, au nom du LOL et de la féérie de Noël... ;-)
Merci de tenir la porte fermée !!!
Merci de ne pas utiliser de Comic Sans - nous sommes une entreprise du Fortune 500, pas un stand de limonade.