Moves a signalé hier à ses utilisateurs, par le biais d'un email laconique, une mise à jour de sa politique de confidentialité. Suite au rachat par Facebook le document a doublé de volume, et comme on pouvait le craindre Moves s'octroie le droit de partager des données personnelles avec Facebook et d'autres tiers.
Un ciblage publicitaire on ne peut plus précis
Autrement dit, Moves le fait dès à présent. « Il n'est pas prévu d'échanger de données, » avait pourtant assuré l'éditeur lors de l'annonce du rachat, 11 jours plus tôt. Mais comme nous l'écrivions alors, ce service consignant tous les déplacements de ses utilisateurs est une ressource inespérée pour Facebook.Les lieux que fréquente un individu permettent effectivement d'en dresser un portrait précis, de cerner ses centres d'intérêts et ses préoccupations, et donc de lui présenter des publicités très pertinentes, qui auront on ne peut plus de chances de faire mouche (on parle de taux de transformation dans le jargon). Si l'on en croit les nouvelles conditions d'utilisation, Facebook et Moves ont d'ailleurs déjà prévu de recommander des lieux en temps réel (« provide place recommendations »).
Facebook peut associer un utilisateur du réseau social à un utilisateur de l'application par un partage consenti, par une adresse email commune ou encore par d'autres recoupements (cookie). Et quand bien même il ne relierait pas les comptes, les déplacements des deux millions et demi d'utilisateurs de Moves constituent une formidable source de statistiques.
Facebook pourrait ainsi devenir l'une des régies publicitaires les plus efficaces au monde, et le numéro deux pourrait prendre un nouvel élan face à Google, sur ordinateur comme sur mobile.
L'application mise à jour pour s'interfacer directement avec Facebook ?
Bien que les nouvelles conditions d'utilisation soient acceptées de manière tacite et bien que le développement du service ait été avorté, Moves a mis à jour l'application dans la foulée. Cette mise à jour est justifiée exclusivement par la nouvelle politique de confidentialité. Pourtant on peut accéder au dernier document depuis la version précédente, puisqu'il est chargé directement par Internet.On peut donc craindre qu'en réalité la nouvelle version de l'application mette en place un mécanisme de partage des données avec Facebook. Ceux qui veulent continuer à utiliser le service en connaissance de cause sont donc invités à ne pas effectuer la mise à jour, qui n'apporte en tout cas aucune amélioration.
Nous invitons quoi qu'il en soit tous les utilisateurs à consulter la nouvelle politique de confidentialité (ou traduite par Google), qui reste assez courte pour être lue en quelques minutes. La version précédente est accessible via la Wayback Machine de l'Internet Archive, plus depuis le site Internet du service, comme c'était pourtant le cas jusqu'à présent. On découvre ainsi que d'autres mentions controversées ont fait leur apparition, Moves se réservant par exemple le droit de dénoncer des activités illicites.
Les utilisateurs peuvent supprimer leur compte depuis leur espace personnel. Ils peuvent se tourner vers une alternative comme Chronos, qui remplit sensiblement les mêmes fonctions.