©Mastodon
©Mastodon

Si Twitter ne vous convient plus et que les récentes alternatives au réseau social à l'oiseau bleu ne font pas mieux, la solution Mastodon est toujours là, fidèle à ses valeurs décentralisées. Et on vous explique tout pour l'aborder au mieux.

« Grâce » à Twitter et à ses nombreux déboires (Elon Musk le premier, mais aussi les bots, les désagréments liés à l'affichage des tweets ou encore le nouveau TweetDeck payant), Mastodon est de nouveau dans l'actualité. À moins que ce ne soit grâce au lancement imminent de Threads, l'alternative signée Instagram/Meta, ou encore à son autre concurrent, Bluesky. Quoi qu'il en soit, vous avez peut-être envie de vous lancer sur ce réseau social décentralisé. Certes plus complexe à appréhender et à dompter au premier abord que Twitter, la solution est également plus riche et intéressante sur certains aspects.

Mastodon, c'est quoi ?

En plus d'être un groupe de metal, Mastodon est donc un réseau social décentralisé. Créé en 2016 par l'Allemand Eugen Rochko, ce service est également libre et auto-hébergé. En effet, au moment de son inscription, l'utilisateur ou l'utilisatrice ne s'inscrit pas qu'à Mastodon, mais doit aussi choisir un serveur sur lequel le faire.

Accueil Mastodon

Plus de 3 600 existent actuellement, et chacun est hébergé par un ou plusieurs administrateurs (dont des organisations publiques) qui y appliquent les règles et la modération de leur choix. Il reste cependant possible de suivre et d'interagir avec les utilisateurs présents sur d'autres serveurs (aussi appelés instances) que le sien.

Ce fonctionnement est permis par le Fediverse, le nom donné à une fédération de serveurs indépendants où communiquent entre eux plusieurs services libres (microblogging, hébergement de fichiers…etc.). C'est le cas de Mastodon, mais aussi de PixelFed (alternative à Instagram) ou PeerTube (alternative à YouTube) notamment. Le protocole de communication ActivityPub y est le plus utilisé depuis son lancement en 2018. Relevons par ailleurs que le Fediverse permet une interopérabilité entre les services qui s'y trouvent. Il est par exemple possible de commenter une photo postée sur Pixelfed depuis Mastodon sans même avoir de compte Pixelfed.

Concernant les serveurs, ceux-ci sont listés ici (de manière partielle visiblement) et . Il est possible de choisir un serveur par zone géographique, sujet (musique, activisme, activité…) ou encore langue. En langue française, les principaux serveurs au moment d'écrire ces lignes (par nombre d'utilisateurs) sur les dizaines existants sont les suivants :

  • awscommunity.social : presque 10 000 utilisateurs « intéressés par la technologie AWS mais non affilés à Amazon »
  • mastodon.iriseden.eu : presque 7 000 utilisateurs, propos racistes, diffamatoires, violents ou sexuels interdits
  • lou.lt : presque 5 000 utilisateurs, « Instance francophone dans le respect de la loi et des autres »
  • Piaille.fr : presque 5 000 utilisateurs, l'un des serveurs qui semble à la mode auprès d'une bonne partie des nouveaux abonnés de votre serviteur

Trouver un serveur n'est cependant pas toujours aisé, d'autant que certains ferment régulièrement leurs inscriptions face à leur succès. C'est notamment le cas de mastodon.social, le serveur principal géré par le créateur du service lui-même.

Mastodon, comment ça marche ?

Au moment de l'inscription sur joinmastodon.org, Mastodon demandera donc de choisir un serveur. Cela influencera surtout le « Fil public local » dont nous allons parler dans un instant.

Une fois cela fait, le pseudo du ou de la nouvel·le venu·e ressemblera à cela : @pseudo@nomduserveur. Notez qu'il est possible de changer de serveur après coup tout en conservant ses abonnés et abonnements. Si ce serveur spécialisé sur l'histoire du fromage ne vous intéresse finalement pas trop et que vous voulez rejoindre celui sur la littérature de fantasy recommandé par un ami, vous pouvez.

Comme chez Twitter, Mastodon propose principalement de poster des messages (ici appelés des « toots », ou « pouets » dans la langue de Molière). On retrouve également un système de hashtags, de tendances, de favoris (et non de like comme c'est maintenant le cas chez Twitter) ou encore de « retweets » (ici appelés « boosts »). Images et vidéos peuvent accompagner le texte, de même que des sondages. Pas de support natif des GIF ici malheureusement (il faudra les télécharger localement et les uploader en tant que pièce jointe), mais simplement des émojis.

Concernant son interface (proposée en français), outre la zone de gauche pour composer un message, au centre on retrouve l'Accueil. C'est ici que s'affichent les posts des personnes suivies. À droite, il est possible de cliquer pour afficher ses notifications, favoris, listes, messages directs et l'onglet Explorer, mais surtout les fils public local et global. Le premier n'affiche que les messages postés par tous les utilisateurs du serveur où l'utilisateur s'est inscrit, quand le second affiche les messages agrégés de tous les serveurs.

Disponible sur le web de manière officielle ou via des services tiers (comme le léger et simple Pinafore), Mastodon est également accessible sur mobile. Des app officielles Android et iOS existent, de même que moult solutions tierces gratuites ou payantes pour mobile et desktop. Ces dernières sont listées ici.

Les différences fondamentales avec Twitter

La limite des toots est ici de 500 caractères (contre 280 chez l'oiseau bleu sans payer), tandis qu'il est ici déjà possible d'éditer ses messages après coup (chez Twitter, c'est arrivé très tardivement et de manière payante). En plus des favoris, un système de marque-pages est là pour organiser ses découvertes. Les options du service (apparences, comportements…) sont aussi nombreuses si ce n'est légèrement plus que chez la concurrence.

Mastodon permet également de mettre en place des avertissements sur ses posts (pour le contenu sensible ou éviter le spoil), ou encore de décider qui peut voir ses posts. Il est aussi possible d'épingler plusieurs toots à son profil et d'y renseigner plusieurs liens vers d'autres profils sociaux/sites.

Mastodon propose également, en option, d'opter pour une interface avancée sur le web. Si activée, cette dernière propose un affichage à colonnes paramétrables, à la manière de TweetDeck. Pratique pour afficher à la fois l'accueil, les notifications et ses messages directs, par exemple.

Pourquoi passer (ou pas) à Mastodon ?

Ce système, certes complexe à première vue et parfois moins performant qu'un poids lourd de l'ingénierie comme Twitter, présente de multiples avantages. Géré de manière bénévole et soutenu par des dons et des sponsors, Mastodon peut ainsi se passer totalement de publicité, de tracking, de centralisation, et n'est pas soumis aux caprices de dirigeants, puisqu'inexistants. Il est aussi possible de choisir un serveur généraliste ou plutôt un serveur centré sur des centres d'intérêt particuliers pour éviter le brouhaha et donner un petit côté serveur Discord/communauté reddit au service.

Attention cependant, puisqu'avec une politique de modération changeante d'un serveur à un autre, les propos incorrects et la désinformation sont aussi de la partie sur Mastodon. Bien choisir son serveur est primordial et, hébergement libre ou non, les utilisateurs sont toujours soumis aux décisions des hébergeurs. Sur sa page d'accueil, Mastodon promet cependant : « Notre organisation ne vous dirigera que vers des serveurs qui sont constamment engagés dans la modération contre le racisme, le sexisme et la transphobie. »

Autre souci potentiel : le niveau de confidentialité du service, notamment concernant les messages privés (non chiffrés), laisse à désirer. L'administrateur d'une instance a en effet accès à ces derniers, mais aussi aux mots de passe. Opter pour un mot de passe unique, activer l'identification à deux facteurs (proposée sur Mastodon) et ne pas communiquer de données sensibles sur le service suffit à contourner partiellement ces (gros) défauts, dont il faut malgré tout avoir conscience. D'autant que malgré cela, la solution demeure intéressante. Notamment depuis qu'Elon Musk est à la tête de Twitter.

L'erratique milliardaire (pour rester poli), en plus d'avoir licencié sans visiblement trop réfléchir une bonne partie des employés quelques jours seulement après son arrivée, veut appliquer des changements radicaux à la plateforme. Il veut tout d'abord encourager une liberté d'expression totale sans modération (sauf quand les choses ne vont pas dans son sens, notamment quand des comptes le parodient…).

Dès le rachat, Musk souhaitait également que n'importe qui puisse faire valider son profil contre 8 dollars par mois via l'abonnement Twitter Blue. Celui-ci est désormais en place. Un problème financier pour les médias et personnalités tout d'abord (certains sont certifiés gratuitement, mais pas tous), mais surtout la porte ouverte à tous les abus et faux comptes pseudo vérifiés. D'autant que les tweets des gens qui payent sont mis en avant par l'algorithme de Twitter. Musk déclare vouloir donner le pouvoir au peuple, mais avec ce fonctionnement seules les personnes riches et/ou malhonnêtes sortiraient gagnantes de ce système.

C'est pour cela notamment que depuis l'arrivée de Musk et de ses 44 milliards de dollars (somme qui l'oblige à revendre des actions Tesla…), Mastodon a enregistré un sérieux pic d'activité. Depuis le 27 octobre, plus de 1 000 nouveaux serveurs ont été créés et environ 500 000 nouveaux utilisateurs et utilisatrices ont tenté l'expérience. Reste à voir si l'engouement ne sera que passager (comme cela avant déjà été le cas en 2017), ou si cette fois la tendance se concrétisera de manière pérenne.

Quelques outils pour aider à la transition

Pour les utilisateurs réguliers de Twitter, outre les quelques outils qui pourraient leur manquer sur Mastodon, le principal problème est bien évidemment de repartir à zéro côté abonnements et abonnés. Il existe heureusement quelques services et outils qui permettent (un peu) d'aider à effectuer la transition. Attention cependant, certains pourraient ne plus fonctionner, notamment depuis que Twitter a coupé l'accès à certaines API.

Pour alimenter son compte Mastodon en pouets sans pour autant abandonner Twitter tout de suite (et éviter de faire des copier-coller entre les deux), il existe un service pour cross poster d'un service à l'autre. Disponible à cette adresse et fonctionnel, celui-ci permet de régler quoi envoyer (ou ne pas envoyer) automatiquement d'un réseau à l'autre. Testé et approuvé.

Pour retrouver ses abonnements et abonnés, outre écumer le moteur de recherche de Mastodon ou les comptes Twitter à la recherche de liens Mastodon, il est possible de passer par Twitodon. Soyons clairs : le service ne fait pas de miracles. En effet, il permet de retrouver les personnes qui y ont manuellement lié leurs comptes Twitter et Mastodon (un fonctionnement basé sur le volontariat donc), puis d'importer la liste générée dans Mastodon au format CSV. Le service a également l'honnêté d'inviter les utilisateurs à révoquer son accès à ses comptes une fois l'opération réalisée.

  • La décentralisation des serveurs (ou instances)
  • La facilité de publication de contenu
  • La diversité des communautés présentes
8 / 10