Huawei se retrouve au cœur du conflit politique opposant le gouvernement chinois à celui de Taïwan. Trois de ses modèles ont ainsi vu leur commercialisation suspendue sur le territoire taïwanais, pour avoir fait référence à l'île en tant que région chinoise.
L'île de Taïwan a pour nom officiel, en français, « la république de Chine ». Mais il ne faut pas confondre cette appellation avec « la république populaire de Chine », qui désigne l'État s'étendant majoritairement en Asie continentale. Néanmoins, les deux entités revendiquent la souveraineté totale sur l'ensemble du territoire chinois... Vous suivez ? Non ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas un cas isolé.
Une interdiction pour l'instant provisoire
Le constructeur Huawei a en effet été vivement critiqué dernièrement par le gouvernement taïwanais. La raison de ce courroux : une mention « Taïwan, Chine » présente dans la liste des fuseaux horaires de trois modèles, en l'occurrence les P30, P30 Pro et Nova 5T. Or, cette façon de présenter l'île comme une partie de la république populaire de Chine est catégoriquement rejetée par les dirigeants du territoire.En conséquence, la National Communications Commission (NCC), qui régule le secteur des télécommunications, a décidé de bannir les trois modèles incriminés, dans le but de « préserver la dignité nationale ». Huawei est donc invitée à revoir sa copie, sans quoi l'interdiction pourrait être prononcée à titre définitif.
De l'autre côté, Pékin met également la pression
La modification à apporter pour l'entreprise ne semble pas très compliquée, mais elle n'a en réalité rien de simple. Car le constructeur doit également composer avec la pression du gouvernement chinois, qui lui a déjà reproché par le passé de ne pas avoir inclus certains territoires, dont Taïwan, dans la « Chine unique ». Huawei se trouve donc, bien malgré elle, prise entre deux feux.Il n'est cependant pas difficile d'imaginer où ira la priorité du fabricant. Plusieurs entreprises internationales ont déjà cédé face à la pression de Pékin, à l'image de Dior, qui lui a présenté ses excuses après avoir affiché une carte de la Chine sans y inclure Taïwan. Alors pour une société dont le siège se situe à Shenzhen, sur le continent...
Bien que Taïwan jouisse d'une indépendance politique et économique depuis 70 ans, la Chine considère toujours qu'il s'agit d'une partie de son territoire, en attente de réunification. L'ONU semble aller dans ce sens, ne considérant pas l'île comme un État indépendant, mais comme une province de la république populaire de Chine. Et sur la scène internationale, elle se retrouve de plus en plus isolée : seuls 17 pays reconnaissent encore Taïwan, parmi lesquels le Vatican, le Paraguay ou le Honduras.
Source : Channel NewsAsia