Notion encore mal connue au début des années 2000, le logiciel libre s'est insinué dans notre usage du web, des ordinateurs et même des périphériques mobiles, parfois sans que l'on en soit conscient. Le succès de Mozilla Firefox ou l'adoption d'OpenOffice.org dans de nombreuses administrations ont prouvé que le logiciel libre pouvait dépasser le cercle de geeks idéalistes auquel on le réduit parfois.
On est évidemment loin du rêve un rien utopiste, de milliards d'utilisateurs qui auraient spontanément lâché Windows pour se mettre à la ligne de commande sous Linux. De même, l'avantage principal du logiciel libre, à savoir la possibilité de modifier le code source (à condition de rendre ces modifications publiques), ne profite réellement qu'aux développeurs, qui ne sont pas les seuls, loin de là, à utiliser ces logiciels. Néanmoins, à bien y réfléchir, si le logiciel libre n'a pas fait tomber le logiciel propriétaire, il a réussi à se frayer un chemin et à trouver une place dans des domaines tels que la navigation sur le web, la lecture vidéo ou encore les suites bureautiques grâce à des applications de qualité, fournies gratuitement, dans de nombreuses langues, et avec un développement actif.
Revenons donc sur les succès du logiciel libre : l'historique de logiciels comme Firefox, OpenOffice.org, Gimp ou VLC, leur évolution, ce qu'ils ont pu changer (ou pas) dans le monde de l'informatique ainsi que leur avenir.
Mozilla Firefox : le navigateur qui bouscula le monopole
Difficile de ne pas commencer ce tour d'horizon des réussites du libre par la plus évidente. En 6 ans, la fondation Mozilla a réussi, avec Mozilla Firefox à changer le paysage du web, dominé depuis la fin des années 90 par un Internet Explorer qui régnait sans partage. Ironiquement, c'est des cendres de Netscape Navigator qu'est né ce « phoenix » qui a relancé la concurrence entre les navigateurs web.
L'histoire de Mozilla Firefox pourrait être résumée dans son nom original : Phoenix. Le navigateur libre est né d'une série d'échecs qui ont fini par accoucher d'un navigateur alternatif crédible. L'échec de Netscape d'abord : progressivement éclipsé par Internet Explorer, l'autre grand navigateur des années 90 cherchait un second souffle. En 2001, Netscape prit alors la décision, plutôt controversée à l'époque, de repartir de zéro, sur un code entièrement neuf, et publié en open source, le fameux projet Mozilla. Initialement destiné à servir de base aux versions 6 et 7 de Netscape, Mozilla a fini par voler de ses propres ailes... Mais des ailes lestées avec du plomb. La suite Mozilla était lourde, et intégrait des outils pas franchement indispensables, hérités de Netscape Communicator : client mail, newsgroups et éditeur de pages web.
D'où l'idée de revoir une fois de plus la copie, en créeant Phoenix, un navigateur basé sur Mozilla, mais débarrassé de ses composants superflus. Un nom tout indiqué... Mais déjà pris ! Ce sera donc Firebird. Ah... déjà pris aussi ! Finalement, le navigateur s'appellera Firefox, du nom anglais du panda roux. Mais comme un panda roux, c'est tout de même moins identifiable qu'un renard de feu, le logo du navigateur lancera un des trolls les plus mémorables de l'histoire (enfin, de la petite histoire ici). Plus sérieusement, Mozilla Firefox 1.0 sera publié en 2004, une version posant déjà les bases, même si de nombreuses améliorations sont apparues depuis.
De Phoenix 0.5 (gauche) à la version finale de Mozilla Firefox (droite)
Le succès de Mozilla Firefox est essentiellement dû à un timing parfait : apparu en 2004, il était LE navigateur que l'on attendait à ce moment. Entre un Internet Explorer 6 devenu passoire, un Opera encore payant (et donc criblé de publicités dans sa version gratuite) et un Mozilla fonctionnel mais trop lourd, Firefox était un compromis idéal. Son interface épurée bénéficiait de la navigation par onglets (ça n'était absolument pas le premier, certes), son niveau de sécurité le tenait à l'écart des attaques ciblant Internet Explorer, et pour les geeks amateurs de personnalisation, il pouvait être modifié et complété par des extensions et des thèmes.
En d'autres termes, Firefox est à la fois un navigateur fonctionnel et épuré pour le grand public qui cherche à se débarrasser d'Internet Explorer, et un logiciel entièrement modulable pour des utilisateurs aux besoins plus pointus, tels que des développeurs. Malgré l'ouverture de Google Chrome et Safari aux extensions, Firefox reste aujourd'hui la référence en la matière : ses extensions permettent de modifier ses fonctionnalités de manière beaucoup plus profondes. Le démantèlement de la suite Mozilla a également permis à la fondation Mozilla de créer autour de Firefox une famille de logiciels indépendants, notamment le client mail, devenu Thunderbird, et qui continue à bénéficier d'un développement actif après un passage à vide.
Les évolutions de Firefox
Quelques améliorations apportées par les versions successives : la réorganisation des onglets dans la version 1.5, l'apparition d'un outil anti phishing dans la version 2.0, ou encore la redéfinition de la gestion des favoris dans la version 3, avec la possibilité de les indexer par des mots clés et de les rechercher facilement, depuis la barre d'adresse.Depuis, Firefox, il faut bien l'avouer, fait un peu du surplace et la version 3.5, puis 3.6 n'a pas changé grand chose alors que le navigateur se fait distancer par ses concurrents sur certains points, notamment sur la légèreté et la rapidité. Google Chrome lui a donné, il faut bien l'avouer, un petit coup de vieux. Néanmoins, la version 4.0, actuellement en bêta, semble prometteuse et devrait rattraper le retard du navigateur libre. L'interface se met au goût du jour en adoptant une disposition à la Google Chrome (onglets au sommet, disparition de la barre de menus), les performances du navigateur, notamment en Javascript, se voient largement améliorées et le moteur bénéficie de la prise en charge de nouveaux éléments HTML5 et CSS3.
En outre, si la grande force de Mozilla Firefox provient toujours de ses extensions, les incompatibilités d'une version à l'autre du navigateur posaient souvent problème lors de la sortie d'une mise à jour majeure. Firefox 4.0 promet de revenir sur ce point avec une nouvelle architecture qui devrait garantir leur compatibilité. Celles-ci bénéficieront en outre d'une nouvelle interface d'installation. La version bêta de Firefox 4.0 donne déjà un bon aperçu de l'avenir du navigateur libre mais il faudra évidemment attendre la version finale pour se prononcer, notamment sur les extensions.
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OpenOffice.org : la suite bureautique gratuite
La suite bureautique libre OpenOffice a su, au fil des années, convaincre un nombre croissant d'administrations, grâce à ses formats ouverts, sa gratuité et sa compatibilité plus que correcte avec Microsoft Office. A l'origine d'OpenOffice.org, on trouve StarOffice, une suite bureautique née en Allemagne et qui, pour la petite histoire, a commencé sous la forme d'un logiciel de traitement de texte pour... Amstrad CPC, avant d'être porté sur PC. En 1999 Sun Microsystems rachète l'entreprise StarDivision et décide de fournir la suite gratuitement, puis de libérer une partie de son code source, comme l'a fait Netscape avec le projet Mozilla. Le développement de la version libre, OpenOffice.org est financé par Sun, et ce dernier l'utilise comme base de sa version commerciale.
Si OpenOffice.org a remporté un succès non négligeable, c'est avant tout parce qu'il s'agit d'une suite bureautique fonctionnelle, relativement complète et surtout gratuite. Cela explique notamment son adoption dans de nombreuses administrations, où les coûts de licences Microsoft Office peut être conséquent. Ca ne s'invente pas : cela ferait même partie des raisons pour lesquelles Sun a racheté StarOffice, le rachat d'un éditeur de suites bureautiques proposant une version pour leur système Solaris leur revenait moins cher que de déployer des licences Microsoft Office à leurs employés !
Néanmoins, la gratuité pourrait avoir un coût indirect si la migration de Microsoft Office à une suite concurrente ne se faisait pas simplement. Fort heureusement, et c'est sans doute l'autre raison du succès d'OpenOffice, la suite a toujours été connue pour sa compatibilité relativement bonne avec les formats de fichiers de Microsoft Office. En outre, son fonctionnement n'est pas radicalement différent, et son interface est même très largement calquée sur les anciennes versions de son modèle. Autre avantage indirect : passer d'une ancienne version de Microsoft Office à OpenOffice est peut-être plus naturel pour des employés habitués à la suite que de migrer vers Office 2007 ou 2010, qui proposent une interface revue en profondeur (censée être plus simple, mais les habitudes sont ce qu'elles sont).
OpenOffice.org, du fait de sa gratuité, a également su séduire un public d'utilisateurs occasionnels et d'étudiants, n'ayant pas forcément envie d'investir dans une suite bureautique, même si Microsoft a fait, depuis, quelques efforts en direction du grand public, et surtout des étudiants avec des offres parfois agressives.
Evolutions d'OpenOffice.org
Au fil des versions, OpenOffice.org a su s'enrichir de quelques nouveautés majeures (exportation en PDF, importation des fichiers OpenXML issus d'Office 2007, prise en charge native de Mac OS X...), et corriger assez nettement ses problèmes de lenteur qui pouvaient entacher les premières versions de la suite, tout en améliorant sa compatibilité avec Microsoft Office.Néanmoins, il faut bien l'admettre, OpenOffice vieillit, et pas toujours dans le bon sens du terme. On a beau comprendre la réticence que pouvaient soulever les changements profonds de l'interface de Microsoft Office 2007, OpenOffice.org apparaît tout de même comme un logiciel daté, certes fonctionnel, mais loin de proposer les multiples raffinements et facilités offertes par les dernières versions de Microsoft Office.
C'est regrettable, car même si la suite reste relativement accessible, elle gagnerait à être plus simple d'utilisation. Sur le plan des fonctionnalités : rien à redire ! OpenOffice.org intègre tout ce qu'il faut et peut clairement suffire à un grand nombre d'utilisateurs pour saisir un rapport, rédiger des courriers, effectuer des calculs ou créer des présentations (sans parler des outils plus spécifiques comme le gestionnaire de base de données, ou le module de création de diagrammes). En revanche, même si le logiciel est loin d'être inutilisable, il accuse un certain retard par rapport à Microsoft Office qui a justement misé, dans ses dernières versions, sur la redéfinition de son interface utilisateur, de manière à la rendre plus simple, et surtout, de manière à faciliter l'accès aux fonctionnalités les plus utilisées. Le ruban Office a été très critiqué à la sortie d'Office 2007, mais il faut bien admettre qu'une telle interface manque cruellement lorsque l'on repasse à OpenOffice.org qui semble avoir 10 ans de retard (ce qui n'est pas tout à fait faux : l'interface n'a effectivement pas fondamentalement évolué depuis la version 1.0 sortie en 2001). Sans nécessairement copier le ruban d'Office (qui n'est pas non plus exempt de défaut), il y a sur ce point une gigantesque marge de progression.
Les développeurs d'OpenOffice.org sont conscients de ce problème, et le projet Renaissance a pour but d'y remédier en créeant une nouvelle interface graphique pour la suite. Néanmoins, on ne peut pas dire que le projet avance à vitesse grand V. On devrait voir arriver les premiers résultats du projet dans OpenOffice.org 3.3, mais uniquement dans le module de présentation Impress. Pour l'instant les changements sont plutôt minimalistes : on entrevoit au mieux l'intégration de listes déroulantes de modèles de diapositives, ainsi que des boutons permettant d'insérer en un clic un tableau, un graphique, une image ou une vidéo dans une diapositive. Bref, la refonte risque de prendre un certain temps ! En attendant, pour les utilisateurs ne souhaitant pas investir dans une version de Microsoft Office, on se contentera de dire qu'OpenOffice.org « fait toujours le job », et c'est finalement tout ce qu'on lui demande !
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Gimp : le Photoshop du libre ?
Peu d'applications résument aussi bien ce qui va et ce qui ne va pas dans le libre que Gimp. Ce logiciel de retouche d'image très complet a su s'entourer d'une réputation de Photoshop gratuit. Néanmoins, nombreux sont ceux qui ont été complètement rebutés par son interface plus que déroutante.
GIMP (pour GNU Image Manipulation Program) a été créé en 1995 par deux étudiants à l'université de Berkeley, Peter Mattis et Spencer Kimball. Leur but était de créer un logiciel de retouche d'image intuitif, et notamment influencé par Photoshop (la gestion des calques, introduite par Photoshop 3.0 a rapidement fait partie de leurs priorités). Après quelques versions préliminaires plus ou moins buggées, et le départ des deux créateurs du projet, une version 1.0 a finalement vu le jour en 1998, suivi de la version 1.1, la première à s'ouvrir à Windows.
Comme pour OpenOffice.org, l'attrait de Gimp est facile à comprendre : le logiciel se veut une alternative gratuite à Photoshop, commercialisé à un prix dissuasif. En réalité, le logiciel a souffert de cette réputation en partie abusive : Gimp n'est pas Photoshop, même s'il s'agit d'un logiciel de retouche photo très évolué, beaucoup plus complet que n'importe quel autre gratuiciel dans sa catégorie. On y trouve une gestion complète des calques, une batterie de filtres que l'on peut encore compléter par des plug-ins, et des outils aux propriétés plutôt avancées. D'autres logiciels gratuits existent, et s'avèrent plus simples dans leur approche, notamment Photofiltre ou Paint.NET. Néanmoins, pour un utilisateur à la recherche d'un certain degré de complexité sans débourser un centime d'euro, Gimp reste une référence. Une référence néanmoins plutôt difficile d'accès...
L'évolution de Gimp
Gimp a longtemps souffert d'une interface absolument aberrante, à la limite cohérente sur Linux où il s'intégrait assez bien à son environnement graphique natif, mais de nature à faire fuir n'importe quel utilisateur de Windows. Entre des conventions très exotiques (l'essentiel des menus était uniquement accessible depuis un clic droit !) et une multiplication de palettes, l'interface de Gimp était tout sauf intuitive. Les différentes moutures de la version 2.0 ont su corriger l'essentiel de ces défauts, et standardiser une interface qui reste complexe, mais qui a su au moins adopter un look moins austère, des palettes aux comportements plus conventionnels (fini les boites à outils qui se comportaient comme des applications dans la barre des tâches), et même de nouveaux outils, oui, osons le dire, agréables à utiliser, tels que l'outil d'extraction d'objets ou le pinceau de clonage tenant compte de la perspective.Comme de nombreux projets libres, on pourra dire poliment que l'évolution de Gimp suit un rythme plutôt tranquille, les mises à jour étant parfois espacées de plus de 6 mois, tandis que la version 2.8 paraît encore loin d'être finalisée. Celle-ci apportera quelques améliorations, dont la plus visible sera l'ajout d'un mode « fenêtre unique » à l'image de Photoshop depuis la version CS4 (palettes « dockées » et onglets pour basculer d'une image à l'autre). On trouvera aussi de nouvelles propriétés pour les pinceaux (gestion de l'angle), une édition de texte s'effectuant, enfin, directement dans l'image ou encore la possibilité de regrouper les calques en dossiers.
L'interface du futur Gimp 2.8 en mode standard et en mode fenêtre unique
Voilà qui devrait satisfaire les utilisateurs habitués au logiciel, mais pas forcément faire de nouveaux convertis, Gimp restant un outil pour « power users ». Signe des temps : il a disparu de la configuration par défaut d'Ubuntu, au profit de F-Spot, un outil de retouche et de gestion photo plus en phase avec les attentes du grand public, dans la lignée de Picasa ou iPhoto. Il est néanmoins appréciable que malgré ce coup porté à la visibilité du logiciel, Gimp reste un projet en activité (on déplore tout de même l'abandon d'une version native pour Mac OS X). Il a beau être bourré de défauts et ne pas vraiment faire le poids par rapport aux dernières versions de Photoshop, c'est un projet important et un logiciel auquel on tient !
VLC : le lecteur/serveur multimédia tout terrain
Développé à la base comme un projet universitaire, VLC media player reste encore aujourd'hui un lecteur vidéo de choix, malgré un développement souvent perturbé. Toujours sur les rails, il a fini par passer le cap de la version 1.0 alors que sa version Mac devrait connaître un second souffle prochainement...
VLC signifie Video Lan Client, et le logiciel était, à l'origine, associé à un autre module : Video Lan Server. Le but du projet Videolan, initié par des étudiants de l'Ecole Centrale de Paris, était avant tout de diffuser de la vidéo en streaming sur un réseau. S'en suit alors un long développement, qui aura notamment vu la fusion des deux composants, pour arriver finalement à une version 1.0... en 2009 ! Entretemps, VLC aura été adopté notamment par certains FAI, dont Free, pour permettre la diffusion de chaines de TV sur IP, ou pour diffuser des contenus vidéo issus d'un ordinateur vers la box.
VLC s'est rapidement forgé une image du lecteur qui lit tout, ou presque. Il a beau ne pas payer de mine (son interface s'est tout de même légèrement arrangé au fil des ans), VLC lit un nombre tellement exhaustif de formats de fichiers audio et vidéo qu'il est impossible de les lister ici. Même sans rentrer dans ses fonctionnalités de streaming vidéo, VLC est typiquement le genre d'application que l'on recommande à ses amis : relativement légère, fonctionnelle, bref, qui fait ce qu'on lui demande et qui le fait bien.
Les fonctionnalités de VLC ne s'arrêtent pas à la simple lecture de vidéo. Comme nous l'avons dit, il est également utilisé pour diffuser les flux TV de certains FAI : si vous êtes abonné à Free, notamment, le logiciel permet de visualiser la plupart des chaines sur son PC ou Mac. Plusieurs logiciels destinés à simplifier cette tâche ont d'ailleurs vu le jour, et l'utilisent comme base : c'est notamment le cas du fameux ADSL TV. Enfin, pour les utilisateurs souhaitant passer du côté de la diffusion, ce qui est le cœur de l'application, VLC permet de configurer de manière relativement aisée un serveur de streaming pour diffuser un fichier ou une source vidéo à ses proches. Ces derniers peuvent même le diffuser à leur tour, comme nous l'avions vu sur notre guide de la diffusion vidéo en streaming.
VLC fait également office de serveur de diffusion en streaming
VLC aura tout de même mis plus de 8 ans à atteindre le cap de la version 1.0, franchi depuis début 2009. C'est néanmoins un cap plus symbolique qu'autre chose puisque cela fait déjà plusieurs années que le logiciel peut être considéré comme suffisamment stable. Son interface reste aujourd'hui assez austère mais elle a tout de même bénéficié d'une refonte avec la version 0.9, tandis que le logiciel a continué à améliorer sa prise en charge des codecs audio et vidéo, notamment HD (la version 1.0 apportait notamment la compatibilité avec les formats audio AES3, Dolby Digital Plus, TrueHD, ou Linear PCM...). Depuis la version 1.1, VLC s'ouvre également à l'accélération matérielle de la lecture vidéo avec une compatibilité NVIDIA et AMD (DxVA2).
Reste un problème récurrent : le caractère bénévole du projet implique parfois des pannes de développeurs, notamment sur Mac OS X. Néanmoins, VLC tient la barre, et la version Mac devrait même connaître une évolution majeure avec le projet Lunettes, un nouveau lecteur vidéo basé sur VLC, mais offrant une toute nouvelle interface conçue spécifiquement pour Mac OS X. En attendant, la version Mac, après quelques frayeurs, est toujours maintenue.
- Télécharger VLC Media Player pour Windows
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Ubuntu : Linux démystifié pour le grand public ?
Terminons ce tour d'horizon par un retour sur un succès que l'on aurait souhaité plus massif, mais qui reste malgré tout significatif : la démocratisation de Linux via des distributions mettant l'accent sur la simplicité d'utilisation. Cela n'est pas antinomique, et Ubuntu l'a notamment prouvé.
A l'origine, Linux (ou GNU/Linux, si on veut faire son puriste) n'est pas un système d'exploitation plus complexe qu'un autre : simplement, les créateurs des différentes distributions du système n'avaient pas l'utilisateur lambda en tête. Le millionnaire sud africain Mark Shuttleworth, lui, avait l'idée de créer un Linux simple, distribué sur un seul CD, facile à installer et épuré au maximum. La première version fut lancée en octobre 2004 et estampillée 4.10. Depuis, les versions successives sont sorties tous les 6 mois, toujours en octobre et en avril. De nombreuses variantes (Kubuntu, Edubuntu, Ubuntu Studio... ) ont également vu le jour, pour les utilisateurs aux besoins plus spécifiques (création multimédia, éducation...).
Ubuntu n'est pas la première distribution Linux à avoir tenté d'élargir le public du système d'exploitation libre. Suse ou Mandrake (future Mandriva) avaient déjà balisé le terrain avec des distributions cherchant à reproduire la (relative) simplicité d'utilisation de Windows en mettant l'accent sur l'installation et l'interface graphique. Néanmoins, Ubuntu a réussi à pousser le concept encore plus loin, notamment en limitant le nombre de supports (un seul disque) et surtout, le nombre d'applications installées en standard au minimum vital, en réservant la possibilité d'installer d'autres applications via un système de gestionnaire de paquets, de manière assez transparente pour l'utilisateur. Le même souci de simplicité se retrouve dans l'interface très épurée. Là où d'autres distributions Linux n'hésitaient pas à aller dans la surenchère, Ubuntu avait quelque chose de plus proche de la simplicité du Mac : un bureau très minimaliste et une tendance à n'afficher à l'utilisateur que ce qui lui est vraiment utile.
L'évolution d'Ubuntu
Depuis la sortie de la version 4.10, qui utilisait tout de même un installeur en mode texte assez laid, Ubuntu a su constamment se bonifier et se simplifier, intégrant notamment des solutions aux problèmes les plus communs sous Linux : comment ajouter les pilotes de sa carte graphique ou la prise en charge de formats tels que le MP3 ? Les versions successives d'Ubuntu ont réussi à automatiser ce type de processus de manière assez élégante (pour du Linux).Avec les dernières versions, Ubuntu s'est offert un lifting plutôt judicieux, abandonnant sa traditionnelle image (graphisme épuré, teintes marron...) pour adopter un look plus moderne, proche de Mac OS X (impossible de ne pas faire le rapprochement, même si le thème est très réussi : les boutons des fenêtres et les ascenseurs ne trompent pas). Toujours plus simple et agréable à utiliser, Ubuntu se décline également dans une version pour netbooks, sans doute plus adaptée à ce type d'ordinateur que les versions de Windows qui les accompagnent. Et c'est là le problème : une telle simplicité d'utilisation mériterait une percée vers un public beaucoup plus large que celui des utilisateurs actuels d'Ubuntu.
Cela n'empêche pas le projet de garder le cap. La version 10.10 proposera notamment une nouvelle interface pour netbooks et périphériques mobiles. Baptisée Unity, elle sera notamment conçue dans le but d'un usage tactile, et en particulier multi-touch, avec les netbooks mais également les périphériques mobiles tels que les tablettes en ligne de mire. Une approche assez logique dans la mesure où le succès d'Android, système basé sur un dérivé du noyau Linux, peut servir d'exemple pour les systèmes libres qui ont peut-être une place à se faire sur ce marché naissant.
Conclusion
On pourrait encore parler de nombreux logiciels libres que l'on a appris à utiliser au point de ne plus pouvoir s'en passer au quotidien : 7 Zip, Filezilla, Pidgin (ou Adium pour les utilisateurs Mac)... Autant de projets libres réussis qui s'avèrent toujours aussi utiles au jour le jour. Si nous avons choisi de revenir sur ces logiciels là, c'est tout d'abord parce qu'ils sont emblématiques, mais aussi parce que nous souhaitions revenir sur leur évolution passée et future. Quelque part, l'histoire de ces logiciels libres est intéressante à mettre en parallèle dans la mesure où ces projets ont tous plus ou moins démarré dans cette période charnière entre la fin des années 90 et le début des années 2000. Ubuntu est plus récent, mais c'est également à cette époque que certaines distributions Linux ont cherché à séduire un public plus large via des environnements graphiques comme KDE ou Gnome.
10 ans après, quel bilan pour ces projets ? Tout d'abord, on peut se féliciter qu'ils soient encore tous actifs. Ceci est d'autant plus admirable que certains d'entre eux ont très vite perdu leurs créateurs originaux (le cas de Gimp, notamment). C'est là une des forces du libre : quand la communauté fonctionne, la pérennité des logiciels peut être assurée, et c'est une excellente nouvelle. Il est important, voire capital que l'on puisse, en 2010, télécharger gratuitement une suite bureautique complète ou un logiciel de retouche photo « professionnel » comme Gimp.
Cependant, les projets libres peuvent également être freinés dans leur développement. Le cas d'OpenOffice.org est assez caractéristique : certes, la suite est fonctionnelle, et elle fait le bonheur de millions d'utilisateurs. Nous ne comptons pas le nombre d'occasions où avoir cette suite sous la main nous a été d'une aide précieuse. Néanmoins, c'est un fait : OpenOffice.org évolue lentement, et propose une interface aujourd'hui datée. Cela peut paraître purement cosmétique, mais OpenOffice.org est une grande idée, comme tous les projets qui consistent à mettre à disposition de tous les utilisateurs un logiciel fonctionnel, gratuitement et librement. Et on veut croire à des projets libres qui fonctionnent, et qui génèrent des logiciels à la fois efficaces et simples d'utilisation. Globalement, ça a été le cas pour Firefox : même si le navigateur libre a récemment connu quelques relâchements dans son développement, le projet repart de plus belle avec une version 4.0 en bonne voie. Mozilla a su, en outre, communiquer en direction d'un public plus large avec un certain succès, ce qui était loin d'être évident, surtout en s'attaquant au monopole d'Internet Explorer. Le libre peut donc fonctionner, évoluer et séduire au-delà d'un cercle d'initiés, à condition d'y mettre les ressources.