Si la consommation de livres numériques a progressé en France avec l'essor des liseuses électroniques mais aussi et surtout des tablettes, la tendance aura été plus profitable aux fabricants qu'aux libraires.
Plus de trois quart de téléchargements gratuits
77 % des ouvrages téléchargés l'ont ainsi été gratuitement, et autant de consommateurs (77 %) de livres dématérialisés s'en sont contentés, c'est-à-dire qu'ils n'en ont jamais acheté.
Il faut dire qu'un grand nombre d'ouvrages, à commencer par la plupart des classiques de la littérature, sont tombés dans le domaine public et sont ainsi proposés gratuitement et légalement : au milieu d'ouvrages payants dans les librairies d'Amazon et d'Apple, mais surtout sur des plateformes dédiées telles que celle de la Bibliothèque Nationale de France, Gallica ou Google Books. Ces trois dernières représentent ainsi à elles seules 52 % des téléchargements légaux.
Les libraires commerciales telles que la Fnac, Chapitre ou 1001Librairies se partagent seulement 41 % des téléchargements légaux.
Pire encore, sur l'ensemble des ouvrages téléchargés, plus d'un quart, 27 %, l'ont été illégalement !
Ni livre de poche, ni pérennité ?
Mais alors pourquoi, alors qu'on achète plus facilement un véritable livre que n'importe quel autre bien culturel, au lieu de se le procurer gratuitement (bibliothèque municipale par exemple), le livre électronique se vend-il si mal ?
L'omniprésence des verrous numériques (DRM) ou des environnements propriétaires (Kindle) accablent en outre l'une des inventions les plus pérennes de l'histoire humaine. À ce jour, les bibliothèques électroniques sont au contraire à la merci d'une autodafé électronique.
On peut enfin penser que l'absence d'équivalent du format (et du tarif) poche rebute plus d'un consommateur de livre électronique. Pourquoi diable troquer tout ce qui fait la force du livre papier, si c'est pour payer le même prix ?
En d'autres termes et comme pour la musique dématérialisée, la balle est dans le camp des éditeurs et autres ayants-droits.