SF Rocambole

Clubic aime la science, Clubic aime l'avenir, Clubic aime la science-fiction. Avec S | F nous vous partagerons régulièrement nos recommandations dans le domaine de l'imaginaire : littérature, bande dessinée mais aussi films...  

Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Dégager un peu de temps pour la lecture n’est jamais chose aisée dans nos vies modernes bien remplies. Alors imaginez ma joie quand j’ai découvert Rocambole, une application française de lecture à la demande qui permet de bouquiner sur le pouce !

Vous qui suivez mes chroniques littéraires depuis plusieurs mois maintenant, vous n’êtes pas sans savoir que j'ai un goût prononcé pour la lecture numérique. J'aime particulièrement les liseuses électroniques, capables d'embarquer des centaines de bouquins et dotées d'une autonomie gargantuesque. 

Face à ces machines, je dois bien avouer que mon smartphone ne me sert jamais pour lire : trop petit, écran pas forcément adapté, faible autonomie... Et pourtant, depuis peu il revient au centre de mon attention grâce à Rocambole. 

Rocambole, c’est une application française dédiée à la lecture. Basée sur un abonnement mensuel, elle offre des dizaines de récits découpés sous forme d’épisodes. En gros, c’est comme Netflix mais en version lecture numérique. Un concept diablement addictif, surtout quand on n’a pas le temps de se poser une heure ou deux pour bouquiner un gros pavé. 

J’ai décidé de convier Julien Simon – alias Neil Jomunsi - à une petite série de questions/réponses afin qu’il nous parle plus en détail de ce projet Made in France. Vous pouvez d’ailleurs retrouver sa série Coronavirus gratuitement sur l’application Android et iOS de Rocambole ou dans ma chronique dédiée

Interview de Julien Simon, directeur éditorial chez Rocambole 

Salut Julien et merci de m’accorder un peu de ton temps pour répondre à quelques questions. Pour ma part, cela fait plusieurs années que je suis ton travail : la maison d'édition Walrus, la série Jésus contre Hitler, ton Projet Bradbury – qui a visiblement bien inspiré Saïd et ses Horizons Parallèles -, Ozmocorp et maintenant l'application Rocambole... Avant qu’on rentre dans le vif du sujet, peux-tu présenter à nos lecteurs ton parcours ? Qu’est-ce qui te pousse à sortir des ornières du parcours éditorial classique ? 

Julien Simon : Il n’était pas du tout écrit que j’atterrirais dans l’édition. C’est presque un hasard, un heureux hasard. J’ai fait des études de cinéma, j’ai étudié la dramaturgie, le scénario, la réalisation, le montage, etc. Et puis au terme de ces études, il a bien fallu que je commence à bosser. J’ai fait plusieurs petits boulots, avant de finalement en trouver un qui me plaisait bien : libraire. Et j’ai tellement aimé que j’y suis resté. J’ai toujours été un grand lecteur, donc j’étais dans mon élément. Passionné de technologie, je me suis très vite intéressé au livre numérique, qui conciliait un peu ces deux passions qui m’animaient. Et un jour, l’iPad est sorti en France. C’était en 2010. Et j’ai pensé : voilà un appareil qui peut concilier tout ce que tu as fait jusqu’ici, à savoir le livre et le cinéma. En 2010, mettre des vidéos dans des livres, c’était de la science-fiction. C’est comme ça qu’est né Walrus, studio de création et éditeur de littérature un peu folle, exclusivement numérique. On n’était pas nombreux à l’époque à croire au potentiel de la lecture sur écran. Et je crois que fondamentalement, j’aime ça : sortir des chemins balisés, essayer de nouvelles choses, tester. Le numérique bouleverse le secteur de l’édition, c’est indéniable. Ce nouvel écosystème offre des outils de création complètement dingues, qui permettent d’imaginer de nouveaux "objets à lire". Et c’est exactement ce que je fais aujourd’hui chez Rocambole. 

Maintenant, peux-tu nous parler des origines de Rocambole ? D’où a germé l’idée de ce “Netflix de la lecture” ? Combien de personnes sont aux manettes ? Bref, on veut tous les détails sur ce beau projet Made in France ! 

Julien Simon : À l’origine, la version alpha de Rocambole était une application beaucoup plus proche de Wattpad, dans le sens où chacun était plus ou moins libre de proposer des textes et de les voir publiés – le contrôle éditorial était minimal, l’essentiel étant de créer une communauté. Quand je suis arrivé en tant que directeur éditorial en mars 2020 – pour la petite histoire, j’avais trouvé l’équipe super dynamique et je leur avais proposé mon aide – on a vite décidé de basculer d’un modèle Wattpad à un modèle Netflix, plus qualitatif, avec une vraie ligne éditoriale dont on m’a confié la charge. Ça collait de toute façon davantage à la vision de Camille, la fondatrice de Rocambole, qui avait pour ambition de ressusciter le roman-feuilleton. Depuis plus d’un an maintenant, on ne fait que ça : augmenter l’exigence et donc la qualité des séries publiées. Nous sommes 5 associés principaux, et chacun a son domaine de compétences très particulier : Boris à la comm, Camille à l’UX, François aux finances, et Lucy et moi à l’édito. On a commencé de rien ou presque, et on a eu l’occasion d’apprendre de nos erreurs en chemin. Maintenant que le train est lancé, et bien lancé, on essaie de rester sur les rails. Ça passe par l’amélioration permanente de l’app, des fictions à lire, de la communication – on itère en permanence. Et ce qui est cool, c’est que ça commence à payer : les gens sont de plus en plus nombreux sur l’app et on commence à intéresser des investisseurs. C’est un soulagement, parce que c’est aussi un truc dont on ne se rend pas forcément compte quand on n’a jamais créé de boîte : c’est un combat permanent contre la fatigue, le découragement, le manque d’argent, les bugs… On est très loin des clichés de la Silicon Valley. Comme tu le rappelles, c’est un projet 100% français, qui a l’ambition d’aller chatouiller les GAFA – rien que ça. Tout cela fait qu’on se sent un peu investis d’une mission, celle de faire lire sur smartphone, donc sur un terrain, celui du divertissement numérique, sacrément disputé par des grosses boîtes américaines. Ça nous donne une énergie de fou : celle de proposer une alternative et une voie de résistance. 

Sacré défi que d’aller titiller les GAFA ! Mais à mon sens, il y a un autre défi important à relever : la rémunération des auteurs. Dans le monde du streaming par abonnement – que ce soit dans la musique ou la vidéo - elle est malheureusement très faible en général, car liée au nombre d’abonnés et au nombre de visionnage. Qu’en est-il du côté de Rocambole qui suit un schéma éditorial assez inédit ? Comment sont rémunérés les auteurs qui publient leurs écrits sur ton application ? Gagnent-ils autant qu’en passant par une maison d’édition plus classique ? 

Julien Simon : Oui, et c’est un sujet auquel je suis très sensible : je suis notamment engagé auprès de la Ligue des Auteurs Professionnels, et je mets un point d’honneur à faire tout pour que Rocambole devienne le partenaire dont tout auteur puisse rêver. D’une part, en proposant des contrats avantageux, que ce soit en termes de droits cédés ou de durée de cession. D’autre part, en cherchant la meilleure rémunération possible. Certes, nous empruntons les codes des entreprises du numérique, avec une rémunération proportionnelle aux lectures et au nombre d’abonnés. Mais j’ai tenu à ce que chaque auteur reçoive également un à-valoir, ce qui est assez inédit pour une application de lecture : ainsi, on prend le meilleur des deux mondes. Cet à-valoir n’est pas encore rentabilisé par les revenus des abonnés, mais je pense que c’est un investissement nécessaire : une manière de dire aux auteurs qu’ils ne sont pas une matière première dont on peut user à sa guise, mais de véritables partenaires sur lesquels nous misons en tant qu’entreprise. Notre but, ce n’est pas de rentabiliser dès le départ notre investissement, mais de tout faire dans le futur pour nous mettre en position de rentabiliser cet investissement de base. Donc oui, on peut dire qu’ils gagnent autant qu’en passant par une maison d’édition classique, et j’ai pour ambition qu’ils gagnent même davantage dans les prochains mois et les prochaines années. Pour cela, il faudra que les abonnements soient au rendez-vous. 

Le futur : parlons-en un peu si tu veux bien. L’application - avec la start-up derrière - est actuellement en pleine prise de vitesse. Les investisseurs semblent très intéressés par le concept. Les téléchargements se multiplient, tout comme les séries disponibles. Mais ensuite ? Quels sont les projets de Rocambole pour les semaines et mois à venir ?  

Julien Simon : L’arbre est planté, la terre est bonne et la météo est au beau fixe : maintenant il faut que ça pousse ! Notre objectif numéro un pour les prochains mois est de convaincre de plus en plus de gens d’utiliser Rocambole au quotidien, de leur faire constater que leur smartphone est un outil idéal pour lire dans les transports, dans la salle d’attente ou dans la file au supermarché, qu’ils peuvent l’utiliser partout et tout le temps et qu’ils y découvriront des tonnes de séries à lire dans des genres très variés. En plus des genres déjà présents, nous pensons en développer de nouveaux comme par exemple la non-fiction ou l’érotique, pour continuer à proposer le panel le plus vaste possible à nos utilisateurs. Nous allons aussi, et c’est une grande étape, commander de plus en plus de séries « sur mesure », en engageant spécialement des auteurs et des scénaristes pour nous fabriquer les meilleures fictions à la demande. Cette logique de "pool" nous permettra d’être réactifs aux tendances et de publier de plus en plus de textes extraordinaires. Tout est prêt : il ne manque plus que vous. 

L'avenir semble radieux pour Rocambole ! Pour terminer, si tu devais dire une seule chose à nos lecteurs pour les convaincre de sauter le pas, qu'est-ce que ce serait ? 

Julien Simon : Je leur dirais que si le confinement nous a appris une chose en la matière, c’est qu’il y a un vrai enjeu à porter la lecture numérique, et encore plus quand c’est un projet français. De nombreuses personnes qui se sont abonnées le disent : par son côté facile et accessible, Rocambole les a en quelque sorte réconciliées avec la lecture. Alors pourquoi ne pas essayer ? 

Merci Julien ! Pour ma part, j’ai sauté le pas il y a quelques semaines et je ne regrette pas du tout. Moi qui suis habitué à lire sur liseuse, je ne m’attendais pas à prendre goût à la lecture sur le smartphone. Il y a d’ailleurs plusieurs séries qui m’ont fait forte impression. En voici un petit avant-goût rien que pour vous, amis lecteurs, dans ce SF hors-série. 

5 séries incontournables à lire sur Rocambole

Avec les vacances d’été qui approchent, c’est l’occasion de se poser un peu et de revenir aux choses simples, comme lire de la bonne SF à la française. J’ai sélectionné pour vous cinq séries disponibles en exclusivité sur Rocambole. Si vous sautez le pas, je vous invite à me faire vos retours sur l’application dans les commentaires !

Coronavirus de Neil Jomunsi

Je vous en ai déjà parlé dans une précédente chronique, mais il me semblait indispensable de commencer aujourd’hui par Coronavirus. Créée par Julien Simon, cette série est l’une des cinq en accès gratuit sur Rocambole. C’est aussi et avant tout l’une des meilleures que j’ai lu jusqu’à présent. 

On y découvre un monde où le coronavirus CoV-41 sème la mort dans Paris. Séparés de leurs parents, Lia et ses deux frères cadets vont devoir affronter la mort sous de nombreuses formes et échapper à la quarantaine imposée par l’armée. 

Sous ce récit violent se cache un véritable reflet de ce qu’aurait pût être la crise sanitaire qui secoue le monde depuis des mois. Comme toujours, Julien nous régale de sa plume aiguisée, mêlant adroitement moments de tension et passages plus reposants. Un vrai régal ! 

Les Évaporées de Cécile Duquenne 

Si Rocambole met régulièrement en avant des auteurs indépendants, elle accueille de plus en plus de romanciers connus. Cécile Duquenne est l’une de ces auteures qui nous livre un récit épique avec Les Évaporées. Composée de 10 épisodes, cette série vous emmènera dans un futur où se mêlent mort et espoir... 

Nox, jeune Chasseuse, a une mission bien précise : ramener de gré ou de force les femmes enceintes qu’elle rencontrera à l’extérieur de son bunker. L’avenir de l’espèce humaine repose sur ses épaules. Mais son destin va changer suite à sa rencontre avec Milla, une jeune mère au tempérament bien trempé. 

Basé dans un monde post-apocalyptique où les radiations détruisent tout, ce récit réussit l’incroyable tour de force de se montrer poétique. Il m’aura été impossible de lâcher les 10 épisodes avant leur conclusion finale. Un vrai coup de maître de la part de Cécile Duquenne ! 

Pulp Justice de William Terry Lang 

La SF, ce n’est pas qu’un enchaînement de batailles spatiales et de mondes dévastés. On y trouve aussi de bonnes doses d’humour et ça fait du bien ! Avec Pulp Justice, j’ai retrouvé ce qui me plaisait tant chez les éditions Walrus : des univers totalement décalés avec des récits qui ne se prennent pas au sérieux. 

Dans cette série en 15 épisodes, on suit les aventures de Vince et Chédid Chédid, deux Shérifs qui parcourent une France dévastée par un hiver nucléaire au volant de leur fidèle Alpine. Derniers représentants de la loi, nos deux héros viennent sauver la veuve et l’orphelin... contre espèces sonnantes et trébuchantes, moustache au vent et flingue à la main ! 

Un véritable road trip post-apo qui m’a fait me tordre de rire tout au long de la saison 1. De la vraie SF pulp qui ne prend rien au sérieux. Les parodies et références culturelles s’enchaînent à un rythme effréné, tout comme les fusillades style western. C’est juste jouissif, au point que je n’ai qu’une hâte : pouvoir enfin dévorer la saison 2 !

Citizens de F.W. Tallgan et Emmanuel Guichard 

Ma lecture actuelle sur Rocambole et l’une des plus prenantes de cette application. Citizens est une série au long cours composée de 36 épisodes. C’est probablement pour ça qu’elle a été écrite à quatre mains. Quoi qu’il en soit, elle vaut le coup d’œil. 

Dans Citizens, on assiste en direct à la fin du monde. Oui, oui, rien que ça. Les humains ont fini par passer la ligne rouge et se balancent allègrement tout leur armement nucléaire à la tronche. Au milieu de ce gigantesque capharnaüm, on alterne entre les points de vue de plusieurs survivants bien déterminés à ne pas vivre leurs derniers jours. Les destins des uns et des autres s’entrecroisent dans un jeu de survie intense qui ne laisse pas indifférent. 

Attention, lecteurs sensibles s’abstenir, ce récit est particulièrement violent. Mais cette violence sert un but : nous immerger dans cette apocalypse aussi soudaine qu’inattendue. C’est cru, c’est dur mais c’est au final le monde qui attend les hommes après que l’inévitable se soit produit... 

Pionne de Anne Langlois 

J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur, mais je fais une petite incartade en vous dévoilant maintenant une série qui n’a rien à voir avec la science-fiction. Pionne est une production humoristique qui fait tellement de bien que je n’ai pas pu m’empêcher de vous en parler. Et puis après tout, c’est ma chronique, donc j’en profite ! 

Comme le laisse supposer le nom, les 17 épisodes proposés ici nous font retomber en enfance. On y suit les (mes)aventures de Cora, jeune femme qui doit bosser en tant que pionne dans un collège afin d’éviter de perdre ses droits aux allocations. Loin d’être motivée, elle devra apprendre à apprivoiser non seulement les enfants, mais aussi le principal grincheux et ses collègues pas toujours très efficaces. 

Fun et grinçant à souhait, Pionne est un divertissement qui fait du bien. On sent le vécu de l’auteure qui n’hésite pas à caricaturer d’une plume experte l’institution éducationnelle française dans son ensemble. Une chouette série à lire sans modération ! 

Si jamais vous avez sauté le pas (ou le faite suite à cet article) et testé Rocambole, n'hésitez pas à faire vos retours en commentaires. Sur ce, je retourne faire un peu de binge-reading à la française ! 

Application Android Rocambole

Rocambole est disponible sur l'App Store Apple pour iOS et sur le Play Store pour les appareils Android. Notez que ça fonctionne aussi sur les liseuses Android.