Voilà plus de trois mois que Stadia a fait ses débuts, et son catalogue ne comporte toujours que 28 références. Une sélection des plus réduites, qui s'expliquerait selon certaines sources par des sommes peu engageantes promises aux éditeurs.
S'interrogeant sur l'absence de gros titres indépendants sur la plateforme de Cloud gaming de Google, Business Insider est allé à la rencontre de certains développeurs. Ressort de ces entretiens que, bien que les poches de Google soient pleines à ras bord, Stadia a bien du mal à délacer sa bourse.
Le code source de l'application Stadia donne des indices sur l'arrivée de l'offre gratuite
Aucune incitation à rejoindre Stadia
« Nous avons été approchés par l'équipe Stadia », raconte à Business Insider un fameux — bien qu'anonyme ici — développeur indépendant. « Habituellement avec ce genre de démarchage, ils vous font une offre très alléchante pour vous motiver à signer ». Mais cette offre alléchante n'est jamais venue. Elle était « non-existante », selon les termes du développeur.Un témoignage qui est loin d'être isolé. En toquant à la porte d'un responsable d'édition, Business Insider s'est vu répondre « qu'il n'y avait pas assez d'argent en jeu », et que l'offre que Stadia lui avait faite « était si basse que nous n'en avons pratiquement pas parlé ».
Que même des développeurs indépendants, fatalement moins fortunés que de grands groupes usinant du triple A, refusent les avances de Stadia peint un tableau inquiétant des fonds qui sont alloués part Google à son service de Cloud gaming.
Une audience encore trop maigre
Mais, comme le rappelle Business Insider, les « incitations » desquelles on parle ici ne sont pas que d'ordre pécuniaire. Être approché par une nouvelle plateforme, c'est aussi s'ouvrir vers une nouvelle audience potentielle.Mais une fois encore, Stadia ne fait pas rêver grand monde de ce côté de la barrière vidéoludique. « Il y a des plateformes où l'on veut être parce qu'elles ont une audience et que vous voulez l'atteindre », résume un développeur. « C'est ce que Steam ou la Nintendo Switch sont. Ils ont de grands groupes de joueurs sur leur plateforme, et vous voulez en faire partie afin qu'ils puissent jouer à vos jeux ». Mais dans le cas de Stadia, ajoute-t-il, l'audience n'est pas — encore ? — au rendez-vous.
Il faut dire également que Google se traîne un certain nombre de casseroles qui ne font rien pour redorer l'image de son service naissant et déjà cabossé. En témoigne le site Google Graveyard, la firme de Mountain View est la spécialiste des projets montés en épingle et abandonnés promptement face à l'indifférence générale. Une incertitude dont les développeurs ont conscience, et qui les retient d'intégrer le catalogue Stadia.
« Avec l'historique de Google, je ne sais même pas s'ils travailleront encore sur Stadia dans un an », exprime, las, un autre développeur. « Ça ne serait pas fou à imaginer de la part de Google. Ils l'ont déjà fait par le passé ».
Stadia, de son côté, joue la langue de bois et la montre. « Tous les éditeurs et développeurs n'ont pas encore annoncé leurs jeux sur Stadia pour le moment », répond Patrick Seybold, un représentant du service à Business Insider. En début d'année, Stadia promettait effectivement que plus de 120 nouveaux jeux rejoindraient la plateforme en 2020. Des jeux indépendants en feront-ils partie ?
Source : Business Insider