Jays est une marque suédoise spécialisée dans l'audio qui a réussi à creuser son trou il y a maintenant 10 ans, en misant sur le design - ah ! ces Suédois - mais aussi grâce à des prestations sonores de qualité. Avec des écouteurs intra-auriculaires bien sûr, mais on se rappelle aussi des C-Jays et V-Jays, casques légers de très bonne facture, tous deux arrêtés aujourd'hui. La relève arrive avec le U-Jays, moyennant une jolie montée en gamme puisqu'on passe ici sur un casque à 200 euros. Par contre, le système de dénomination avec dédoublement de la marque donne toujours des intitulés aussi incongrus : Jays U-Jays...
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Présentation du U-Jays : design et construction
Le U-Jays est un casque fermé de type supra-auriculaire. La sobriété caractérisée des produits Jays a encore frappé ici : intégralement noir et mate, avec juste la griffe de la marque en gris clair, cette version ne s'autorise guère de folies (parce que le casque est également décliné en noir et champagne, blanc et argent ou blanc et champagne). Le seul élément qui nous fasse tiquer, c'est la courbure de la terminaison de branche. Un détail qui rappelle la série P de Bowers&Wilkins.Sorti de son carton, le casque est séparé de ses mousses d'écouteurs : les coques paraissent petites ainsi dévêtues. On assemble les mousses recouvertes de simili-cuir en actionnant un dispositif de glissière circulaire rigide. L'ensemble fait environ 3,5 cm d'épaisseur, et plutôt 3 cm une fois les mousses compressées sur les tempes : le port du casque est visuellement discret.
L'ensemble apparaît tout à fait robuste et bien fini, même s'il n'y a visiblement rien de métallique dans la construction. « Visiblement » parce que l'arceau est en fait en acier, mais recouvert de silicone. Le casque pèse tout de même ses 224 g, c'est dire s'il y a de la densité.
Décliné en version Android, iOS ou Windows, le U-Jays dispose d'un câble unilatéral amovible, avec télécommande / micro à trois boutons. Les écouteurs pivotent à un peu moins de 180° mais le casque n'est pas pliable. Les charnières offrent également un léger débattement vertical, histoire d'assurer un placage correct des écouteurs sur les oreilles.
Le U-Jays à l'usage : ergonomie et audio
S'il est passe-partout pour les gens qui le voient de l'extérieur, le U-Jays ne passe pas inaperçu pour le porteur. En effet, le casque se révèle assez lourd à porter, sensation renforcée par le niveau de pression de l'arceau, un peu plus élevé que la moyenne, mais surtout par la densité de l'arceau. Recouvert d'un élastomère au toucher peau de pêche, il n'est pas réellement rembourré : il y a simplement une zone de vide au creux de l'arceau.
La gêne que l'on peut ressentir ne vient toutefois pas tant de l'amorti léger que de la forme même de l'arceau. Jays l'a marqué en ogive : quand on a une boîte crânienne un peu large, il se crée des points de pression latéraux, là où l'arceau est bien dur, et le placage des écouteurs n'est plus uniformément réparti. Attention, il n'y a pas non plus de « prise d'air » mais on sent davantage de pression sur le dessus de l'oreille que vers le lobe.
Porteurs de lunettes, le U-Jays risque de ne pas être agréable. Et si vous aimez faire le balancier avec la tête au rythme de vos écoutes, sachez que le U-Jays est vite désarçonné, précisément à cause de la forme et la densité de son arceau. Un serre-tête plus arrondi et léger n'aurait pas été du luxe... Maintenant, le U-Jays se porte et supporte sans problème. La matière visco-élastique des revêtements d'écouteurs donne quelques sueurs aux feuilles de chou, mais on se console grâce à la généreuse isolation phonique qu'accomplit le U-Jays.
Mais surtout, si on ne se lasse pas du U-Jays, c'est parce qu'il sonne comme du velours. Le premier fait marquant, c'est la générosité des basses, vives et profondes à souhait, et là où il en a uniquement. Non, le U-Jays ne flanque pas un égaliseur de hip-hop à tout ce qui lui passe par le cordon. En revanche, sur un titre comme Identikit du dernier album de Radiohead (A Moon Shaped Pool), vous allez bien vous faire secouer les tympans. Disons que Jays ne bluffe pas quand il mentionne que sa plage de fréquences démarre à 10 Hz. De même, sur The Guard Attacks du groupe Chavez (album Ride the Fader), on perçoit bien le potentiel du U-Jays dans le bas du spectre.
A Moon Shaped Pool, le dernier album du groupe Radiohead et Ride the Fader du groupe Chavez
Signature Jays oblige, les médiums présentent une belle neutralité tandis que les aigus aèrent parfaitement l'ensemble, renforcent la précision sans provoquer la moindre fatigue. A ce propos, le U-Jays se défend sacrément bien en matière de précision. Il délivre une scène bien large et ouverte, où les instruments se positionnent distinctement. L'écoute est vraiment vivante !
Enfin, les 100 dB de pression sonore (sous 32 ohms) apportent suffisamment de panache pour rendre l'écoute sur smartphone confortable. Carton plein sur le plan de l'audio ? Pas tout à fait. Ce n'est pas réellement pénalisant, mais sur certaines voix graves, comme celle de Gainsbourg, le U-Jays a tendance à enrober les timbres, à les souligner par un excédent de grave qui fait perdre un peu de relief et de clarté au chant. C'est vraiment « histoire de dire », mais à ceux qui recherchent avant tout la linéarité, le Momentum On Ear de Sennheiser semble davantage indiqué.
Conclusion
De mémoire de testeur, Jays ne nous a jamais déçus. Ou plutôt, il nous a toujours bien emballés avec ses produits joliment dessinés et fidèles dans leur reproduction sonore. Et ce n'est pas le U-Jays qui va rompre cette continuité. On enchaîne les minutes d'écoute avec une délectation certaine sans voir le temps passer. Et cela malgré une conception imparfaite de l'arceau, qui ne siéra en tout cas pas à toutes les morphologies et pourra provoquer le cas échéant une gêne. Jays aurait dû opter pour un galbe plus arrondi du serre-tête, ainsi qu'une structure allégée et mieux rembourrée. Comme sur le Momentum On Ear par exemple.
Seulement, c'est le son qui reprend bien vite le dessus, et fait oublier tout le reste. Des basses franches, vivantes, réalistes, aux aigus nets et indolores, en passant par des médiums neutres et précis, le U-Jays distille les notes avec un naturel et un engouement qui font plaisir. La spatialisation de ce casque fermé de gabarit intermédiaire est excellente, autant sur le plan de la largeur de scène que sur celui de la précision du positionnement. Le seul reproche minime que l'on pourrait formuler à l'encontre du U-Jays, c'est sa tendance, sur certains types de voix graves, à forcer le timbre, en le soulignant d'un trait de bas médium. Mais ça reste anecdotique si l'on considère l'ensemble de la prestation. Un casque élégant, bien fini, isolant et redoutable d'efficacité !