Est-il encore nécessaire de présenter la marque taïwanaise Asus ? À l'origine « simple » fabricant de cartes mères, sous-traitant de grandes marques, la firme s'est rapidement fait un nom vendant ses composants sous sa propre marque et se diversifiant ensuite de manière assez remarquable. Cartes graphiques, lecteurs optiques, ordinateurs portables, écrans LCD, Asus touche aujourd'hui un peu à tout et c'est donc logiquement qu'à partir de 2006, il a commencé à s'intéresser sérieusement au marché du gaming avec le lancement de ROG, Republic of Gamers, sa marque dédiée. Sans surprise, c'est évidemment sous cette marque que sort le premier casque-micro « audiophile » signé Asus, un modèle singulier qui déroge avec les habitudes du constructeurs... Pour le meilleur ?
Fiche technique de l'Asus ROG Theta Electret
Riche de multiples modèles, la gamme Republic of Gamers constitue le haut du panier dans l'offre gaming de chez Asus qui propose également des produits intéressants, mais moins riches, moins complets via TUF Gaming. Notez toutefois que même au sein des produits ROG, une classification est possible et la sous-gamme Theta constitue en quelque sorte l'aboutissement du concept, la quintessence du label. Ainsi, deux produits sont en réalité disponibles : d'un côté le Theta Electret que nous testons aujourd'hui et de l'autre, le Theta 7.1 que nous aurons peut-être l'occasion de détailler une prochaine fois. Évidemment proches sur certains aspects, les deux Theta diffèrent toutefois nettement dans les objectifs recherchés : l'Electret a vocation à réconcilier les amateurs de jeux et les mélomanes quand le 7.1 doit permettre de vivre plus complètement l'expérience gaming.L'Asus ROG Theta Electret, c'est :
- Transducteur : double, 45 mm avec aimants néodyme et 120 conception Electret
- Impédance : 32 ohms
- Réponse en fréquence : 20 Hz - 40 kHz
- Microphone : oui, unidirectionnel, flexible et détachable
- Réponse en fréquence du micro : 100 Hz - 10 KHz
- Connexion : filaire, câble jack 3,5 mm (1,5 m) + splitter audio/mic (1,2 m)
- Spatialisation : non, stéréophonie
- Logiciel : non
- Poids : 555 grammes
- Prix et disponibilité : disponible, à 299,99 €
Nous le voyons d'emblée sur la fiche technique du Theta Electret, il s'agit d'un produit atypique. Atypique tout d'abord parce que malgré son prix très élevé, il ne propose qu'un son stéréophonique sur lequel nous aurons évidemment l'occasion de revenir. Atypique également car Asus se contente d'une connectique jack 3,5 millimètres là où la majorité des casques-micro gaming haut de gamme penche pour l'USB. Atypique enfin, car dans sa construction même il se distingue des autres modèles commercialisés, concurrents ou signés Asus. Là encore, nous y reviendrons, mais notons d'emblée la présence d'un double système combinant un transducteur électret et un woofer en néodyme.
Design et confort
Les particularités du Theta Electret ne sautent toutefois pas aux yeux et, en apparence, il s'agit finalement d'un produit assez simple, assez classique, même si on est clairement dans du haut de gamme. La robe est intégralement noire avec simplement deux inserts argentés sur les oreillettes afin de figurer le logo Republic of Gamers. Logo qui, soulignons-le, ne s'illumine pas puisque le Theta Electret ne dispose d'aucun système RGB. L'architecture du casque-micro se compose d'un mélange de métal et de plastique. Le premier est principalement utilisé sur l'armature du produit et donne une certaine résistance à l'arceau central. Celui-ci est en réalité conçu en deux parties (cf. nos photos) avec l'armature proprement dite et un coussin de sorte que le contact avec le crâne soit plus confortable.Un arceau central qui s'écarte aisément, mais la rigidité métallique autorise un retour franc à sa position d'origine. La pression au niveau du sommet de la tête n'est jamais désagréable. En revanche, du côté des oreillettes, le bilan est un tout petit peu moins flatteur. Cela dépend évidemment des morphologies, mais sur notre tête, les oreillettes avaient tendance à exercer une pression légèrement inconfortable sur les mâchoires. Rien de dramatique, mais puisque l'on parle d'un casque-micro qui vise l'excellence, il faut le souligner. Soulignons aussi l'absence de charnières rotatives pour la fixation de ces oreillettes, pourtant présentes chez certains concurrents comme Audeze. En intégrer aurait peut-être justement permis de limiter cette relative pression ressentie.
Rien à redire en revanche sur l'ajustement par crans de chaque oreillette : douze crans permettent d'adapter le Theta Electret à toutes les tailles de tête, des crans qui pour ne rien gâcher, se trouvent aisément. Afin d'assurer un maximum de confort, Asus livre par ailleurs deux jeux de coussinets pour ses oreillettes. Nous aurons l'occasion d'y revenir, mais les premières enrobées de cuir assurent une isolation un peu plus importante que les secondes, à base de tissu et sensiblement plus épaisses (3,5 centimètres contre 2,9 cm). Nous avons une petite préférence pour le tissu qui autorise une meilleure aération et limite l'échauffement bien que ce dernier reste faible même avec les oreillettes en cuir. Le changement de revêtement se fait simplement.
La forme des oreillettes - en D inversé - est un classique chez Asus et ne devrait pas gêner beaucoup de joueurs. Soulignons que les petites têtes pourraient y trouver un peu à redire dans la mesure où les oreillettes sont malgré tout imposantes. Autre remarque qui peut être formulée en jetant un œil à la fiche technique du Theta Electret : il est lourd, très lourd même. Reste que ses 555 grammes ne nous ont pas gêné plus que cela, preuve de l'excellent travail en matière d'équilibrage. Précisons que chaque oreillette dispose de son propre câble, les deux parties venant se rejoindre au bout de 25 centimètres pour former un câble jack 3,5 millimètres un petit peu court à notre goût, de seulement 1,5 mètre. Enfin, c'est sur l'oreillette gauche que l'on retrouve la prise pour la tige microphone - sans bonnette - et le bouton de sourdine. Aucun réglage du volume, aucune télécommande n'est présente.
Alors, ce rendu « audiophile », ça donne quoi ?
La singularité du Theta Electret réside bien davantage dans sa conception interne que dans son design. Pour la partie audio de son casque-micro, Asus a effectivement eu l'idée de combiner deux transducteurs dans chaque oreillette. Aux côtés de classiques transducteurs 45 millimètres avec aimants en néodyme, le Taïwanais a décidé de se se reposer sur la technologie électret. Nous ne sommes pas des experts en la matière, mais disons schématiquement que l'électret se rapproche de l'électrostatique en ce sens que les écouteurs utilisent une membrane chargée électriquement et ce sont les variations du champ électrique qui viennent « animer » cette membrane. En théorie, l'électret est plus réactif et plus léger qu'un écouteur « classique ». De plus, l'électret est capable de garder sa charge sur le temps long. En ce sens, il n'a donc pas besoin de disposer d'un circuit de charge comme une membrane électrostatique.Dans le cas très précis de son Theta Electret, Asus précise que cet électret est principalement utilisé pour les hautes fréquences, au-dessus de 7500 Hz. Une orientation qui permet au transducteur néodyme de se focaliser sur le reste du spectre, officiellement de 20 à 7500 Hz. Asus souligne toutefois que pour profiter au mieux des particularités de son casque-micro, il est recommandé de lui associer un DAC capable de fournir 3Vrms sous 160 Ohms. Pour ce faire, nous avons ainsi pu compter sur un Essence III, convertisseur numérique-analogique et amplificateur pour casque signé du même Asus. Un produit clairement hors de portée de nombreuses bourses... comme le Theta Electret finalement. Dans ces conditions, nous avons d'abord été impressionnés par le sentiment « d'ouverture », de clarté ressenti sur chaque morceau utilisé pour nos tests. Il va sans dire que ces morceaux n'étaient pas en MP3. Nous avons, comme sur chacun de nos tests, du FLAC au moins en 24 bits / 96 KHz.
Reconnaissons que nous n'avons pas forcément beaucoup de points de comparaison à ce niveau d'excellence, mais dès les premières secondes, on se rend compte que le Theta Electret est un net cran au-dessus de tout ce que nous avons pu avoir entre les mains, exception faite - peut-être - de l'Audeze Mobius testé il y a quelques mois par Matthieu et sensiblement plus coûteux. Le rendu audio est d'une clarté assez remarquable et permet de porter son attention sur chaque composante du morceau, sans la moindre difficulté. On discerne chaque sonorité, on distingue chaque instrument sans jamais avoir l'impression que les choses se superposent, prennent le pas les unes sur les autres. En théorie censées débuter à 20 Hz, les basses démarrent réellement plutôt autour de 45 Hz mais profitent d'une précision remarquable. Elles sont rondes, denses, on serait tenté de dire harmonieuses, mais, plus important, elles n'écrasent jamais le reste du spectre et on ne ressent aucun creux, aucun manque.
Soulignons par ailleurs, un remarquable comportement dans les médiums qui nous a permis de particulièrement apprécier nos morceaux favoris. On profite ainsi pleinement de la guitare acoustique sur Freebird (Lynyrd Skynyrd) ou de la richesse d'un Belleville (Django Reinhardt). Nous apprécions également l'absence totale de « raccord ». On pouvait effectivement craindre que le passage du néodyme à l'électret se fasse de manière un peu brutale. En réalité, s'il se fait autour des 7500 Hz, cette transition est totalement transparente. Une transition qui permet aux aigus de s'exprimer sans dénaturer le son, sans engendrer la moindre saturation. S'il nous fallait nous montrer encore plus critique, on pourrait peut-être relever une très légère tendance au sifflement sur certaines voix, mais c'est vraiment très léger. En revanche et alors que nous avions déjà souligné la faible longueur du câble, il nous faut mentionner sa tendance à « porter » les nuisances sonores : tapotez sur le câble pendant l'écoute et vous aurez droit à des bruits pas très agréables dans le casque. Rien de catastrophique, mais cela mérite d'être souligné.
De la qualité du microphone
Nous l'avons dit, le microphone du Theta Electret est monté sur une tige que l'on peut retirer sans difficulté. La tige est également flexible, de sorte qu'il n'est pas bien difficile de l'ajuster à sa bouche. En revanche, autant nous avons été bluffés par l'excellence de rendu du casque, autant le microphone nous a semblé plus quelconque, moins fringant. Il fait très correctement le job et assure une bonne captation avec une voix claire, précise, sans artefact. Reste que d'autres casques-micro nettement moins coûteux font aussi bien. Cela dit, Asus axe sa communication sur le rendu audio de son Theta Electret : qu'il dispose d'un microphone dans la moyenne haute, mais sans innovation particulière n'a donc rien de choquant.Pas de 7.1, aucun logiciel
Là encore, nous abordons un sujet déjà évoqué précédemment au moment de parler des deux modèles de la gamme Theta, d'un côté le 7.1 et de l'autre notre Electret. Si Asus commercialise un autre modèle estampillé 7.1, il n'est donc pas surprenant que le Theta Electret se limite à la seule stéréophonie. En réalité, nous en sommes d'ailleurs très heureux et presque reconnaissants. Il est agréable de voir un constructeur ainsi « contraindre » sa fiche produit pour se focaliser sur l'essentiel : la qualité de restitution. Alors forcément, dans les films ou dans certains jeux, on perd un peu en ambiance et il n'est plus possible de localiser précisément un adversaire. En revanche, la précision, la finesse de reproduction sont sans commune mesure. Question de choix donc et il serait particulièrement intéressant de juger du travail réalisé sur le Theta 7.1 justement... mais ça, c'est une autre histoire.Un regret technique en revanche car en se limitant à la seule connectique jack 3,5 millimètres, Asus limite aussi l'écosystème de son casque-micro. En effet, aucun logiciel ne vient accompagner le Theta Electret qui fait pâle figure par rapport à d'autres produits haut de gamme. L'absence de logiciel limite évidemment les options ou les réglages, mais et nous en avons déjà parlé, il est important d'accompagner son Theta Electret d'un DAC amplificateur pour casque de qualité. Dès lors, on peut imaginer que c'est à partir de ce dernier que l'on va réaliser les réglages nécessaires. Dommage tout de même qu'Asus n'ait pas été en mesure de proposer au moins une molette de volume. À quelque chose malheur est en revanche bon puisque le Theta Electret - quoique surdimensionné pour de tels produits - est parfaitement capable d'accompagner une console ou un smartphone. Merci la connectique mini-jack.