Passe-partout en mode austérité
Il faut être honnête, avoir connu les produits Fidelio, ou encore des casques au design aériens comme le SHL9560 et tomber sur ça... Pas forcément moche, le Philips PH805 est particulièrement anonyme, passe-partout, voire triste. Sa branche asymétrique tente bien de livrer un peu d'originalité au produit, mais sans vraiment y parvenir. L'ensemble est un mix entre le noir satiné et légèrement grainé (ce qui est plutôt un bon point) des coques, le noir laqué de leur anneau extérieurs, et le gris onyx des branches et de l'arceau. Un océan de plastique monotone ou un exemple de sobriété, tout dépend du point de vue.Un simple ajout de couleurs aurait sans doute pu faire une différence. Quelques points comme la légères inclinaisons des coques tranchant un peu la monotonie.
La fabrication est honnête, mais pas spécialement heureuse pour un produit annoncé à 180 Euros (mais souvent en-deçà en pratique). L'arceau est souple et solide, ce qui est déjà un très bon point, mais le reste se base sur un plastique assez léger et claquetant. Nous ne sommes certainement pas dans une finition d'entrée de gamme, mais le monde a bien avancé depuis quelques années et il est difficile de comparer ce produit avec les Marshall ou les Jabra par exemple.
Le casque étant pliable, nous pouvons mettre une partie des petits grincements rencontrés sur le compte de cette bonne intention. Le casque fait tout ce qu'on peut demander à un bon produit sur le plan ergonomique, mais ne transpire pas la durabilité. Un design un peu daté en somme.
Au chapitre des boutons et connectiques, PH805 fait preuve de la même philosophie, en allant au plus simple. Un connecteur micro-USB accentue encore sa conception un peu datée. On pourrait pointer du doigt le coût plus important de l'USB-C, ce qui reste recevable, mais bien des modèles à moins 100 Euros se permettent de l'intégrer. Mise à part cette prise antédiluvienne, un petit connecteur Jack 2,5mm permettant de raccorder le casque en filaire, ainsi qu'un bouton multifonction, tout aussi léger que le plastique des coques.
Philips livre le casque avec un câble dédié, jack 3,5mm d'un côté et 2,5mm, câble plat d'une finesse un peu alarmante. En revanche, la housse rigide livrée est un bon point. Simple mais pratique, un petit objet que toute les marques ne se donne pas la peine de donner.
Un confort à la dure, mais tout à fait valable
Les coussinets à mémoire de formes étant extrêmement dense au toucher, on pouvait avoir quelques craintes sur le confort.Et bien non. Sans être un élève modèle, le PH805 combine plutôt bien la forme de son arceau, pas trop resserré, son repose tête doux et épais, et ses coussinets suffisamment larges et profond. Sur des courtes et moyennes sessions, le Philips ne serre pas trop le crâne et ne vient pas s'appesantir plus que ça. Le bandeau assez large et épais permet de compenser son poids (environ 280 g) légèrement plus important que ce qui existe chez les Sony ou Bose, voire sur les équivalents Sennheiser de sa gamme de prix.
Sur de plus longues sessions (passée l'heure ou les deux heures selon les personnes) le confort vacille un peu mais reste tout à fait valable. Mettons un gros bémol pour les porteurs de lunettes, vite rattrapés par la densité des mousses, de quoi bien appuyer les branches sur le crâne.
Ergonomiquement tordu, heureusement fonctionnel
On le répète toujours, mais aucune marque de casque (et encore moins de True Wireless) n'a trouvé la recette parfaite pour les contrôles. Philips ne vient se placer ni dans le camp tout tactile du Bose Headphones 700 ni dans le modèle à boutons du Marshall Monitor II ANC, mais dans un entre-deux assez particulier.Toutes les commandes sont placées sur le côté droit, ce qui réduit largement les erreurs de manipulations. C'est aussi là que l'étrangeté arrive.
La surface de la coque est tactile, ce qui laissait penser à un système en croix Volume + Changement de pistes, le tout avec play/pause via un petit tapotement. Ce n'est qu'au tier vrai ici, puisqu'on ne peut balayer la coque que verticalement, pour le réglage de volume. Une pression au centre ne va pas déclencher la pause mais changer le mode de réduction de bruit : ANC activé, ANC désactivé, Mode Ambient sound.
La navigation passe quant à elle par le petit bouton multifonction de la tranche. Le déplacer d'un côté ou de l'autre permet d'accéder au passage de pistes, un clic le met en pause ou en lecture, une pression prolongée permet l'allumage ou l'extinction du casque, voire le déclenchement du profil d'appairage.
Le placement de la navigation sur la tranche et le reste des fonctions sur la coque est assez déroutant. Mais on peut reconnaitre à Philips d'avoir bien implémenté l'un et l'autre. Le tactile (pour le réglage du volume) est étonnamment réactif et précis, surtout pour un produit du genre. Le bouton multifonction donne une sensation très gadget au toucher, mais est tout à fait au point. Ergonomie un peu étrange donc, mais efficace.
Techno à l'ancienne ? Ou juste suffisante ?
Amis adeptes des codecs avancés vous pouvez partir, car le casque ne s'éparpille pas dans du codecs 24 bits et 96 kHz. Ainsi pas de LDAC ou de AptX HD. Mais même sans être exigeant, on ne retrouve pas plus d'AptX ni même d'AAC, ce qui est aussi étrange qu'avec le Monitor II de Marshall. Philips n'avait visiblement pas envie de casquer pour des licences. Une limitation digne d'un produit bas de gamme. Pas forcément embêtant sur le plan sonore, mais un peu désordre niveau marketing.Pour le reste, sachez que le casque utilise une puce Bluetooth 5, sans donner plus de détails. Pour adeptes de la brumeuse certification Hi-Res, le PH805 affiche ce petit logo sur la boite. Cela ne veut absolument rien dire en pratique mais montre que Philips avait finalement assez d'argent à placer dans une ou deux singeries marketing.
La qualité de connexion est tout à fait irréprochable, pas de saut de connexion ou de bugs lors de notre de notre test. On regrette seulement que le PH805 ne soit pas multipoint (connexion sur plusieurs device à la fois).
Isolation active, le beau geste
A casque milieu de gamme, isolation milieu de gamme. Sur ce plan, le Philips n'est pas une révolution mais donne déjà un résultat tout à fait correct. Le casque fait son boulot dès les 60 Hz, et s'il n'atténue clairement pas les 25 dB promis sur la boite, même dans sa gamme de fréquences la plus efficace, le PH805 est utile dans la plupart des situations. Mais surtout, le petit blanc présent en mode ANC (là sur tous les casques mais parfois suffisamment bas pour être inaudible) est tout à fait contenu. Philips a donc rendu une copie qui n'a rien d'impressionnante, qui ne révolutionne pas les produits à moins de 200 Euros, mais reste suffisamment bonne être qualifiée d'utile.L'isolation passive (isolation des coussinets) est très honnête, mais peut-être pas assez régulière. Ainsi le modèle isole très bien dans les médiums et le début des aigus, en tous cas pour un casque (les bons intras restant au-dessus), mais ne sabre pas autant les aigus que la densité de ses coussinets pouvait laisser penser.
Terminons sur le mode Ambient Sound, qui chez les autres marques est un retour sonore pur et simple, sans toucher au volume musical. Ici, Philips a cru bon de de devoir baisser drastiquement le volume sonore de la piste en cours, un genre de fonction appelée normalement Aware Mode. En plus de cette baisse de volume, le casque tente de reproduire les fréquences atténuées par l'isolation passive (les coussinets). Le résultat est franchement moyen, largement suffisant pour les voix, mais trop étouffé dans les aigus pour être suffisamment efficace en pratique.
J'aime quand ça dure
La marque annonce une autonomie très conséquente, à savoir 30 h sans ANC et 25 h avec, un chiffre tout à fait satisfaisant. En pratique nous sommes effectivement dans ses chiffres, c'est-à-dire respectivement 29 h 30 et 24 h 45, soit extrêmement proche. Ici le choix du codec ne se pose même pas, mais un rendu en AptX et surtout en LDAC aurait forcément fait chuter ces bons chiffres.Philips ! Je sais où tu te basses !
Avant toute déception, précisons que ce casque ne se pose pas comme un héritier de la gamme Fidelio, cette série de casques (bientôt ressuscitée) haut de gamme et particulièrement travaillés d'un point de vue sonore. Le PH805 fait ce qu'il y a à faire pour un modèle Bluetooth + ANC de cette gamme de prix.La signature sonore n'est pas neutre, loin de là, que ce soit avec ou sans ANC. Pas monstrueusement basseux, le casque tape assez fort avant les 100Hz, il est ainsi assez rond voire un peu pesant. Il faut clairement être adepte de cette accentuation, rappelant largement celle du Sony WH-1000xm3 bien que moins maîtrisée. Le casque est un peu plus lent à ce niveau, plus mou, mais surtout un peu plus caverneux, débordant un peu sur les bas-médiums. Nous avons donc un casque puissant et assez agréable, mais pas incroyablement rapide ou percutant.
Le reste du spectre est assez équilibré, même si les aigus sont un peu sages. Le PH805 n'est jamais agressif, même sur les morceaux qui ne demandent que ça, mais il perd également un peu d'aération dans l'affaire, un point qui le sépare du Sony, parfois un peu acide mais toujours plus détaillé et sonnant plus large et profond. On ne joue pas dans la même gamme de prix, la comparaison n'est donc pas très valable. Face au Plantronics Backbeat Pro 2, nous avons déjà un adversaire plus valable. Ici le Philips se défend beaucoup mieux, faisant au moins jeu égal sur les basses, l'un et l'autre étant finalement assez maîtrisé pour leur prix, très puissants mais pas caricaturaux. Le Plantronics choisi d'accentuer les aigus, ce qui le différencie mais ne le rend pas foncièrement supérieur.
Basses plus rondes que rapides, son manquant un peu d'aération et pas extrêmement détaillé, le Philips reste pourtant un bon casque passe-partout en termes de son. Pour les adeptes d'une sonorité ronde, mais à l'aise à peu près partout.
En filaire (passif), le casque est bien plus équilibré, ce qui lui permet de ne plus avoir ce débordement des basses sur le reste. Le niveau de détails est clairement supérieur et l'aération monte d'un cran. On voit que le transducteur a vraiment quelque chose dans le ventre. De là à dire qu'il fait mieux qu'un casque purement filaire de cette gamme de prix, il y a un pas que nous ne franchirons pas. La plupart des casques, Bose et Sony en tête, devenant catastrophiques en filaire passif, nous pouvons déjà saluer la performance de Philips.