En marge du stand d'HTC du Mobile Word Congress de Barcelone, nous avons pu rencontrer Frederic Tassy, directeur général d'HTC France. Nous avons profité de cette occasion pour évoquer la nouvelle gamme de mobiles proposés par HTC. Bien sûr, nous aborderons également le cas de la Flyer, une nouvelle tablette 7 pouces qui sera très prochainement proposée par HTC.
Clubic.com : Paradoxalement, alors que nombre de journalistes ont applaudi la présentation de vos produits pendant la conférence de presse (NDLR : compte rendu disponible ici), les sites spécialisés et les internautes n'hésitent pas à parler de déceptions face à une gamme « réchauffée » dénuée de réelles évolutions ou innovations tant sur le plan matériel que logiciel. Par exemple, vous ne disposez pas d'un fer de lance double cœur capable de rivaliser avec l'Optimus 2X de LG ou le Galaxy S II de Samsung.
Frederic Tassy : La problématique du dual core relève d'un faux débat. Il s'agit plus d'une guerre entre les fournisseurs de chipset tels que Qualcomm et NVIDIA qu'entre les constructeurs. Le dual core n'apporte pas forcément plus de puissance. Notre tablette est basée sur un processeur simple cœur cadencé à 1,5 GHz qui est plus rapide que des dual core 1,2 ou 1,3 GHZ. Nous travaillons avec Qualcomm et sommes très contents des performances de nos terminaux.
Qu'avez-vous à répondre aux gens qui vous disent que Qualcomm proposait son Snapdragon cadencé à un gigahertz à partir de fin 2009, et que vous utilisez du Snapdragon à un gigahertz en début d'année 2011.Bien sûr, l'architecture a dû évoluer, mais la fréquence reste inchangée.
Je ne suis pas la personne la plus technique, mais la réalité est que le que le Snapdragon qui est embarqué sur nos produits est très largement suffisant pour faire tourner non seulement le produit, mais aussi l'interface qui à fait ses preuves, et qui s'appelle HTC sense. Ce qui est important en dehors de la technologie, c'est l'expérience utilisateur. À mon sens, les clients s'intéressent assez peu aux puces embarquées pour peu que l'expérience soit satisfaisante. Je mets quiconque au défi de dire qu'il est déçu par les performances du Desire S. Les personnes qui disaient que les Desire et Desire HD étaient de très bons terminaux ne seront pas déçues par le desire S, le WildFire S, etc. qui sont pas que des « refresh ». Nous avons fait d'excellents scores de vente avec la gamme Desire et avec le Wildfire, nous avons vraiment le souhait de transformer l'essai en proposant davantage de monoblocs, davantage de résolution, etc.
Justement, la résolution n'évolue pas avec les nouveaux produits.
F.T. : Sur le WildFire S, la résolution n'est pas du tout la même, nous passons cette fois sur un écran de 320 x 480.
Le WildFire était un terminal d'entrée de gamme, il était difficile de faire pire, ou identique qu'une résolution de 320 x 240 en 2011. Vos nouveaux terminaux haut de gamme restent plafonnés à du 480 x 800.
F.T. : On peut voir les choses comme ça, mais il faut garder à l'esprit que le premier WildFire est un produit qui s'est très bien vendu. Grâce à lui, nous avons pu nous positionner sur le marché du compte bloqué dans lequel nous n'étions pas du tout présents. Les opérateurs avec lesquels nous avons travaillé pour proposer le WildFire ont été ravis, car cela a permis d'apporter l'expérience HTC Sense au plus grand nombre.
Nous avons des produits « mainstream » tels que l'HTC Desire et le WildFire. En 2011, nous souhaitons consolider ce succès avec les Desire S et WildFire S. Certes, il faut du buzz avec de la nouveauté et des designs innovants, mais à côté de ça, il faut aussi élargir la clientèle. C'est ce que nous comptons faire avec les produits Facebook HTC Cha Cha et HTC Salsa.
Vous dites qu'il faut faire du buzz avec un produit phare, n'avez-vous pas l'impression que ce terminal est absent de votre nouveau catalogue ?
F.T. : Nous sommes au mois de février. D'autres terminaux HTC qui n'ont pas encore été annoncés sortiront sur 2011. Aucun constructeur n'annonce l'ensemble de son line up à Barcelone. Quand on regarde le nombre de terminaux Android lancés par HTC ces dernières années auxquels s'ajoutent les terminaux Windows Phone 7, il n'y a pas de soucis à se faire. Rien que pour ce début d'année, nous lançons cinq terminaux complétés par une tablette.
Puisqu'on parle de Windows Phone 7, ou est-il passé cette année ? HTC n'a fait aucune annonce qui pourrait laisser supposer de la poursuite de l'expérience. L'annonce de Microsoft et Nokia d'un partenariat commun met-elle fin à l'éventualité de voir débarquer un terminal Windows Phone 7 chez HTC ? Si ce n'est pas le cas, le manque d'engouement pour le système se traduira-t-il par un abandon chez HTC ?
F.T. : Nous avons lancé cinq terminaux dans le monde l'année dernière dont trois en France. Le retour client est excellent. Le partenariat avec Nokia ne met pas fin à notre volonté de poursuivre la commercialisation de terminaux Windows Phone 7, au contraire, c'est toujours mieux de se sentir moins seul face à Microsoft qui restera un très bon partenaire d'HTC. On a des gens de chez HTC assis chez Microsoft, et ça, ça ne changera pas. La présence de Nokia élargit l'écosystème. Il vaut mieux avoir une part de marché moins importante sur un gâteau qui est très gros plutôt que l'inverse.
Votre gamme Windows Phone 7 a donné une impression de fausse diversité. Au final, en dehors de quelques détails cosmétiques, vos terminaux étaient tous plus ou moins les mêmes tant sur le plan matériel que sur le plan logiciel. Ne pensez-vous pas que cette stratégie vous a fait du tors ?
F.T. : Non, le Trophy et le Mozart ne se ressemblent pas du tout, il y en à un qui est monobloc très compact et qui à un positionnement musical, l'autre à un positionnement plus axé gaming et l'autre est un 4,3 pouces. Non, il y a tout de même une vraie diversité avec ces produits. D'autre part, nous essayons de designer des produits qui sont en lien avec les besoins des opérateurs.
Pour conclure sur les aspects techniques qui ont un peu déçu avec la gamme des smartphones pourquoi l'AMOLED a disparu de la gamme HTC ? Samsung ne voulait plus vous en vendre, ou n'avait pas une capacité de production suffisante pour satisfaire votre demande ?
F.T. : Nous entretenons toujours de bonnes relations avec Samsung, mais comme tous les industriels, nous avons plusieurs sources d'approvisionnement pour les composants. Maintenant, nous avons un partenariat très fort avec Sony qui nous fournit en écrans Super LCD.
Justement, comment se fait-il que le Desire S ne bénéficie pas du Super LCD alors qu'il remplace le Desire, un ancien haut de gamme qui faisait figure de vitrine technologique, et qui était équipé d'un écran AMOLED lors de sa sortie ?
F.T. : Un industriel se doit de ne se rendre dépendant de personne, ou le moins possible. On a de bonnes relations avec Samsung, on travaille toujours avec eux, mais il se trouve que pour les écrans, nous avons changé de fournisseur. On est en pleine période de croissance chez HTC, on se doit donc d'avoir différents canaux d'approvisionnement.
Passons cette fois à votre tablette, la Flyer. Pourquoi avoir privilégié un format 7 pouces alors que les tablettes reprenant ce format sorti en 2010 n'ont pas vraiment connu un succès retentissant ? Même Samsung a délaissé le 7 pouces pour passer sur une diagonale de 10,1 avec sa prochaine tablette. D'autre part, pourquoi ne pas proposer un choix à l'utilisateur en commercialisant une version plus attractive dénuée de circuit 3G, ou une version 10 pouces ?
F.T. : Le marché de la tablette décolle doucement, et cela n'est pas propre à HTC. Nous suivons l'évolution des choses avec attention, et ne voulons pas lancer des produits pour lancer des produits. Nous voulons proposer un produit qui apporte une valeur ajoutée. Je ne suis pas sûr que ces tablettes n'aient pas trop marché en raison de leur format. Les constructeurs, les consommateurs et les opérateurs n'étaient pas véritablement prêts. L'écosystème des contenus n'était pas prêt non plus. Tout le monde a voulu suivre Apple dans la précipitation pour lancer des tablettes à Noël.
Nous pensons que le marché va évoluer graduellement, et qu'il prendra par le format 7 pouces. Nos ingénieurs pensent quel la mobilité est importante, et que les tablettes doivent pouvoir être tenues à une main.
Concernant l'absence de choix, vous avez dit vous-même que le marché décollait doucement. Nous essayons donc de nous concentrer sur une tablette dont le succès va aussi dépendre de l'expérience que pourront avoir les clients dans les boutiques, nous travaillons énormément là-dessus.
En dehors de la problématique du format, on a le sentiment que les constructeurs n'ont pas encore compris ce que recherchaient les gens en matière de tablette. De nombreux utilisateurs sont prêts à franchir le pas, mais ils ne souhaitent pas allouer un budget supérieur à celui d'un netbook. D'autre part, la présence d'un circuit 3G est souvent vue comme un point négatif, les utilisateurs préférant éviter le syndrome du double abonnement en se connectant à Internet en Wi-Fi, ou via tethering depuis leurs smartphones. Au final, on a presque l'impression que ce sont les opérateurs qui conçoivent les tablettes à la place des constructeurs.
HTC Flyer sur le stand d'HTC
F.T. : La 3G est quelque chose qui est cher aux opérateurs qui sont des acteurs majeurs en Europe, ce n'est pas HTC qui le dit, c'est une réalité. Ils participent à apporter de la technologie dans la poche des consommateurs. Après, il est certain qu'on peut toujours dire que c'est trop cher. La réalité c'est que la technologie est onéreuse. L'opérateur participe tout de même à la démocratisation de la technologie. Je sais que les opérateurs n'ont pas la côte parce qu'on a toujours envie de payer ses factures moins cher, voire de ne pas en payer du tout dans le cas d'une tablette, ce qui est normal. La Flyer sera équipé de Wi-Fi, elle pourra être connectée à Internet via ce biais.
Le choix du 7 pouces ne donne-t-il pas naissance à un produit hybride qui ne s'éloigne pas suffisamment du smartphone ?
F.T. : Notre tablette est tout de même beaucoup plus grosse qu'un smartphone et l'usage n'a rien en commun avec un smartphone. D'autre part, la qualité des matériaux est importante. Nous arrivons avec quelque chose de très différenciant du marché. Le design et la qualité des matériaux sont vraiment premium. En termes d'interface, nous avons voulu attendre que l'interface HTC sense soit finalisée pour sortir notre tablette.
Justement, ne pensez-vous pas que l'absence d'honeycomb (Android 3.0) risque de limiter les ventes ?
F.T. : Je pense que non, aujourd'hui, ces histoires de versions d'Android sont importantes si vous êtes un constructeur de tablettes ou de smartphones classiques, et que vous proposez uniquement des produits sans surcouche, sans écosystème, sans identité. Bien sûr que nous allons déployer honeycomb lorsqu'il sera disponible, nous l'avons annoncé. Toutefois, pour l'instant, nous concentrons nos efforts sur HTC Sense.
N'avez-vous pas plutôt dû rester sur une ancienne version d'Android parce qu'HTC sense n'était pas prêt pour honeycomb ?
F.T. : Honnêtement, non. HTC sense fonctionne extrêmement bien sur nos smartphones, sur le Flyer, HTC sense est particulièrement impressionnant. Nous sommes très à l'aise avec l'absence d'honeycomb et pensons que les gens ne seront pas déçus par HTC sense sur Flyer. Je peux vous assurer que les utilisateurs préfèreront HTC sense à l'interface classique d'Android.
Ne pensez-vous pas que certains utilisateurs risquent d'être lésés si à terme, certains programmes disponibles sur l'Android Market réclament Android 3.0 ?
F.T. : Je ne le pense pas. Au contraire, je pense que ce choix va être un très bon test pour notre version tablette d'HTC Sense, et un bon moyen pour les utilisateurs HTC Sense de constater la valeur ajoutée apportée par cette interface qui va beaucoup plus loin que la version que l'on retrouve sur nos smartphones.
Donc, vous pensez que les ergonomes d'HTC sont meilleurs que ceux de Google ?
F.T. : HTC travaille véritablement sur l'ergonomie. Les développeurs d'Android et d'HTC n'ont pas les mêmes objectifs en terme d'interface utilisateur. Les objectifs à atteindre par Google sont beaucoup plus larges alors que chez HTC, nous pouvons nous permettre de nous concentrer sur l'interface. Faisons des tests et jugeons sur facture : le carrousel 3D et l'ensemble de l'écosystème séduiront des clients qui ne s'intéressent pas forcément à la version d'Android qui équipe leur tablette.
OnLive sur Flyer !
En parlant de l'écosystème, vous avez annoncé On Live, un service de jeu vidéo « cloud » exécuté côté serveur dont l'image est renvoyée vers la tablette via Internet. Même si une manette compatible est annoncée, ne pensez-vous pas qu'en situation de mobilité, certains jeux trop complexes ne pourront pas se contenter des simples contrôles tactiles sur l'écran ? Lors de la démonstration présentée à la conférence, le directeur d'On Live à choisi un jeu de tennis qui se prêtait bien à l'exercice. On imagine aisément que ce ne sera pas le cas de tous les jeux proposés par On Live.
F.T. : Je ne pense pas, je pense que nous travaillerons l'ergonomie pour qu'elle soit optimisée pour les contrôles tactiles. Au besoin, il sera toujours possible d'utiliser un accessoire tel que le pad dont la compatibilité avec la tablette a été confirmée.
L'objectif pour HTC avec cette tablette est que l'utilisateur remplace son téléphone par une tablette (NDLR : cas de Streak ou du Galaxy tab), ou qu'il parte sur un double équipement, avec double abonnement ? Sera-t-il possible de passer des appels voix avec la tablette ?
F.T. : Non, nous ne sommes pas sur du simple équipement tablette, nous sommes clairement sur du double équipement (NDLR : smartphone + tablette). On ne s'occupe pas des abonnements, mais HTC ne dit pas que la tablette va remplacer le smartphone. Il s'agit de deux usages différents, il s'agit d'une nouvelle catégorie de produits à part entière. On ne pourra pas téléphoner avec la tablette, on est uniquement sur de la data. Pour le moment, HTC ne dit pas que la Flyer va remplacer un Desire S. Nous ne pensons pas que la tablette va tout remplacer.
ChaCha et Salsa, et clavier du ChaCha
Dernière question : quel constructeur comptez-vous attaquer de façon frontale avec Salsa et ChaCha, vos deux « Facebook Phones » ? Quelle sera la cible ?
F.T. : Je ne communiquerais pas sur la concurrence. Pour ce qui est de la cible, les deux produits Facebook sont résolument orientés grand public. Nous avons commencé avec le WildFire, nous poursuivrons avec le WildFire S, ainsi qu'avec ces deux nouveaux terminaux. En terme de cible d'âge, les produits Facebook sont clairement ciblés sur du 15 - 24 alors que la cible habituelle des smartphones HTC se situe plutôt aux alentours des 25 - 49, même si la frontière est parfois difficile à distinguer.
Merci