Codec vidéo : Chrome abandonnera le H.264

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 12 janvier 2011 à 12h01
00A0000003404642-photo-logo-chrome.jpg
Sur le blog officiel du projet open source chromium, Google annonce qu'à l'avenir, le navigateur Chrome ne prendra plus en charge le codec vidéo H.264, une décision motivée par l'adoption et la promotion des technologies ouvertes.

Outre les nombreux formats de polices sur Internet, l'un des aspects ralentissant la finalisation du HTML5 au W3C - l'organisme chargé de réguler les standards du web - reste indéniablement le format de fichier vidéo rattaché à la balise <video>. En effet, ces dernières années, le sujet a divisé les différents éditeurs de navigateurs.

Des éditeurs divisés

La fondation Mozilla et l'éditeur Opera Software ont choisi de défendre le format libre Theora au détriment du codec H.264. A propos de ce dernier, Mike Shaver, vice-président chargé de l'ingénierie sur le navigateur Firefox, expliquait en janvier 2010 : «  Pour Mozilla, un format dont les droits de propriété intellectuelle ont été déposés est problématique ». En effet, dans certains pays, l'usage du H.264 nécessite d'acheter une licence auprès du groupe MPEG-LA. Afin de favoriser une adoption massive, les modalités de licenciement ont cependant été assouplies par le détenteur du H.264 jusqu'en 2015. Reste qu'à terme, cela constitue une barrière pour de nombreux jeunes programmeurs. La société MPEG-LA n'hésite d'ailleurs pas à défendre sa position. Au mois de mai 2010 l'éditeur Nero avait déposé une plainte pour abus de position dominante, laquelle fut rejetée en fin d'année dernière par la cour de Californie.

Le codec H.264 est cependant adopté par Apple au sein de son navigateur Safari. En répondant à une requête de la Free Software Foundation, le PDG Steve Jobs déclarait : « tous les codecs vidéo sont couverts par des brevets ». Selon lui des plaintes avaient été déposées contre Theora. Et d'ajouter : « malheureusement ce n'est pas parce que quelque chose est open source que cela signfie qu'aucun brevet n'a été violé (...) Le standard ouvert est différent du libre et de l'open source ».

Au mois d'avril 2010, Microsoft annonçait également que le codec H.264 trouverait sa place dans Internet Explorer 9. Dans un billet publié sur l'un des blogs officiels de Microsoft, Dean Hachamovitch, vice-président du produit Internet Explorer, affirmait que ce codec s'avére plus performant pour la prise en charge du matériel. Et d'ajouter : « nous pensons qu'il s'agit aujourd'hui du meilleur codec vidéo pour le HTML5 ».

De son côté Google avait décidé d'intégrer les deux technologies Theora et H.264 tout en concoctant son propre conteneur WebM. Basé sur la technologie de sa filiale On2, ce dernier est constitué du codec vidéo VP8 et du format audio Vorbis.

Hypocrisie ou pure logique ?

Pour certains la décision de Google d'abandonner le codec H.264 serait une pure hypocrisie. Après tout, pourquoi faire l'apologie des standards ouverts alors que la technologie fermée Flash d'Adobe est directement intégrée au sein du logiciel ? Serait-ce parce qu'Adobe est l'un des partenaires de Google sur le format WebM ? Quoiqu'il en soit la déclaration de Mike Jazayeri reste très claire : « bien que le H.264 joue un rôle important, notre but est de favoriser l'innovation et l'ouverture. La prise en charge du codec sera abandonnée et nos ressources se focaliseront complètement vers les technologies open source ». Alors, hypocrisie ?

00E6000003199622-photo-webm.jpg
Ce serait toutefois oublier les efforts de Google auprès de la communauté du logiciel libre. Face à la division des éditeurs et l'existence de technologies propriétaires, la Free Software Foundation avait demandé à Google de libérer son codec VP8. En février dernier sur son site officiel, la communauté adressait un message au géant du web : « Avec le rachat d'On2, vous possédez désormais non seulement le plus gros site de vidéo (YouTube) mais également tous les brevets relatifs à un codec vidéo de haute performance - VP8 ». Et d'ajouter : « nous voulons tous que vous fassiez le bon choix. Libérez VP8 et utilisez-le sur YouTube ».

Trois mois plus tard, Google annonçait la publication de son conteneur, lequel fut aussitôt adopté par Mozilla et Opera. Aussi, chez Microsoft, M.Hachamovitch expliquait au mois de mai : « dans sa prise en charge du HTML5, IE9 supportera la lecture de vidéo en H.264 mais également de VP8 lorsque l'utilisateur aura installé le codec sur Windows ».

Rappelons par ailleurs qu'il existe des discordes juridiques entre la MPEG-LA et la firme de Mountain View. En effet, au lendemain de l'annonce du codec WebM, Larry Horn, PDG du groupe MPEG LA, préparait déjà un dossier de dépôt de plainte. Selon lui le codec VP8 serait assujetti à des droits de propriété intellectuelle. C'est Jason Garrett-Glaser, développeur principal de la bibliothèque x264, qui aurait repéré certaines similitudes entre les codecs H.264 et VP8. Face à ces accusations, le même Mike Jazayeri, avait déclaré : « nous avons effectué une analyse très poussée de VP8 et de On2 Technologies avant l'acquisition et depuis nous connaissons très bien la technologie, c'est la raison pour laquelle nous la distribuons en open source ».

Pour Google l'abandon du H.264 est l'occasion de pousser davantage la technologie WebM. A défaut de pouvoir rassembler tous les éditeurs de navigateurs, ce choix n'empire cependant pas l'état de la situation actuelle. Reste à savoir si Apple fera cavalier seul.
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles