Les netbooks, deuxième ! En janvier 2008 débarquait en France le premier Eee PC. Asus fut ainsi à l'origine de l'engouement important des consommateurs pour ces ordinateurs portables petits, légers, peu puissants, mais surtout très peu chers, les netbooks.
De nombreux constructeurs se sont jetés sur ce marché, qui a connu de belles heures de gloire, poussé par Intel et son Atom. Puis les baisses progressives des ventes ont eu raison d'un produit dont la raison d'être était justement la production de masse, tant les marges dégagées étaient faibles. Du moins, c'est ce que nous pensions. Mais ça, c'était avant le Chromebook.
Avec ses petites machines très connectées, mais surtout très peu onéreuses, Google et ses partenaires ont remis au goût du jour l'ordinateur premier prix. Car les Chromebook se vendent, et même plutôt bien. Plusieurs acteurs s'en sont aperçus : les constructeurs d'une part, et Asus en tête, qui voient là l'occasion de développer un marché où la demande est manifestement encore forte. Et Microsoft, d'autre part, qui a décidé de casser les prix de sa licence Windows afin de contrer les Chromebook et le Chrome OS de Google.
Ainsi débarque donc le EeeBook X205TA, le netbook 2.0. Avec les ingrédients qui ont fait la réussite des premiers modèles, toujours quelques sacrifices, mais aussi un petit quelque chose en plus, qui pourrait faire de nouveau décoller cette catégorie de produits.
Un netbook, oui mais
Et cette petite chose en plus, c'est le soin qu'a apporté Asus à la construction de son netbook. Il y a quelques années, la finition de ces machines laissait vraiment à désirer, la qualité des plastiques était médiocre, l'assemblage très moyen.Cet EeeBook ne laisse pas du tout la même impression. Alors évidemment, on est loin des coques en aluminium unibody, et le plastique choisi par Asus (du moins celui de couleur bleue de notre exemplaire de test) aura tendance à marquer si vos doigts ne sont pas parfaitement propres.
Mais un indice ne trompe pas : je me suis amusé à faire tourner ce netbook dans la rédaction en demandant une estimation de son prix. La plupart du temps, les pronostics dépassaient, parfois largement, les 219 euros demandés par Asus. La qualité d'assemblage, les finitions n'ont jamais été aussi bonnes à ce prix-là, c'est certain.
Finition en hausse, performances qui stagnent
Ne nous emballons pas, toutefois. Car cet EeeBook X205 reste un netbook. Avec ce que cela implique au niveau des composants. Autrement dit, ce bon vieil Atom d'Intel est toujours de la partie, et en l'occurrence le Z3735F de génération Bay Trail. Avec quatre cœurs, certes, mais une fréquence toujours aussi limitée (1,33 GHz) et 2 Mo de mémoire cache.Résultat : par rapport à la Transformer T100, que nous testions il y a un an presque jour pour jour, les performances n'ont clairement pas évolué, mis à part du point de vue de la bande passante mémoire. Un gain que l'on doit en particulier à la hausse de fréquence des 2 Go de RAM qui équipe ce netbook (1 333 contre 1 066 MHz). Toutefois, on ne ressent pas cet apport sur les tests applicatifs que nous avons menés (sous Mediacoder, notamment).
De même, ne comptez pas jouer raisonnablement sur ce netbook. Si le HD Graphics d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier, les performances ne sont toujours pas à la hauteur des titres actuels et moins actuels. En revanche, l'IGP présent dans ce netbook est capable d'afficher une vidéo Full HD sans souci : vous pourrez utiliser le port micro-HDMI (et non HDMI plein format) pour diffuser du contenu sur votre téléviseur par exemple, puisque la définition de l'écran, si elle est supérieure aux 1 024 x 600 des netbooks d'antan, ne dépasse pas les 1 366 par 768 pixels.
Le SSD choisi par Asus est également décevant. Moins de 90 Mo/s en lecture, à peine plus de 50 Mo/s en écriture... Et si les performances en lecture et écriture aléatoires sont supérieures à celles d'un disque dur, on reste toutefois sur notre faim. D'autant que face à un support plus conventionnel, le SSD perd largement la bataille de la capacité de stockage.
Stockage : une philosophie pas si éloignée de celle de Google
En effet, sur les 32 Go dont dispose ce PC, il ne reste à l'utilisateur que 10 Go une fois Office 365 installé (la suite bureautique de Microsoft est livrée avec ce portable, la licence offerte par Asus étant valable un an).32 Go de mémoire flash, c'est seulement le double d'un EeePC 901 sorti il y a 6 ans... Alors que parallèlement, le prix de ces puces a très largement diminué. Un choix volontaire de la part d'Asus pour promouvoir son Web Storage (sur lequel vous bénéficiez d'un espace de stockage de 500 Go) ? Sous cet angle, la philosophie de cet EeeBook X205 ne s'éloigne pas trop de celle des Chromebook, même si l'on ne parle ici que de stockage et non de services en ligne. Le circuit Wi-Fi 802.11n prévu par Asus ne va pas servir à rien...
Quoi qu'il en soit, vous ne pourrez pas augmenter le stockage (la mémoire flash est soudée à la carte-mère) et vous devrez vous reposer sur le port micro-SDXC (et non SDXC plein format, là encore) pour étendre la capacité d'accueil du netbook. Ou vous promener avec un disque dur externe, que vous connecterez à l'un des deux ports USB 2.0 (et non USB 3.0) dont est pourvue cette machine.
Un bon compagnon de voyage
Ce netbook peut prendre place sur une table basse et faire office de PC d'appoint, pour une simple recherche Internet ou pour répondre à ses mails. Mais là n'est pas son principal intérêt selon nous.Avec un poids de seulement 950 grammes, son format réduit (son épaisseur n'excède pas 17,5 mm), un chargeur très discret et facile à transporter, cet EeeBook X205 peut surtout se révéler être un bon compagnon de voyage. Et c'est d'autant plus vrai que notre test d'autonomie maison, qui recoupe différents usages (bureautique, vidéo, musique, navigation...) n'est venu à bout de ce portable qu'au bout de 10 heures et 12 minutes... La batterie n'est pas d'une capacité phénoménale (38 Wh), mais Intel a bien progressé pour ce qui est de la consommation de ses Atom. D'où ce résultat très convaincant.
L'écran dont est pourvue cette machine se prête un peu moins à cet usage nomade : sa luminosité est assez bonne (325 cd/m²), mais il manque de contraste (260:1) et surtout d'un traitement mat qui lui fera défaut dans des conditions de lumière changeantes.
Un petit défaut qui n'empêche pas le X205 de très bien se comporter en déplacement : il prend facilement place sur des genoux (d'autant qu'il chauffe très peu tout en ne faisant aucun bruit), et touchpad et clavier s'utilisent sans peine. Mention spéciale pour ce dernier : dans un format aussi réduit, Asus est parvenu à inclure un clavier digne de ce nom, sans réel sacrifice, avec des touches bien proportionnées et bien espacées, et qui bénéficient, qui plus est, d'une course assez longue.
Notre avis
Et une fois déterminé l'usage de cette machine (surf et bureautique), qui ne nécessite pas de puissance, on apprécie son poids, sa compacité, son autonomie très confortable, mais aussi son clavier, de fort bonne facture.
Finalement, si Asus avait ajouté un écran mat, des ports USB 3.0 (et non de l'USB 2.0 dont il semble hérité de la précédente génération de netbooks), mais surtout d'un SSD plus rapide et à la capacité plus généreuse, le X205 serait probablement l'un des produits, voire le produit de l'année.
Ce n'est pour l'instant qu'un bon produit. Mais la concurrence de HP (avec son Stream) et le succès que rencontrera, on le pense, ce premier netbook 2.0 devrait encourager Asus dans cette voie. Du moins nous l'espérons. Quoi qu'il en soit, ce X205 a de quoi séduire. Et de quoi mettre quelques bâtons dans les roues de Chromebook.