Tesla va mettre à mal les réserves de lithium

Thomas Pontiroli
Publié le 27 mars 2016 à 18h31

La demande en lithium va exploser dans les années à venir, sous l'effet de l'essor des véhicules électriques. En juin 2014, Tesla a lancé le gigantesque chantier de sa Gigafactory dans le Nevada. Son ouverture est prévue pour 2017. En 2020, elle atteindra sa capacité maximale et produira alors « plus de batteries au lithium-ion par an qu'il n'en était produit dans le monde en 2013 », prévoit l'américain, qui compte « produire » 35 GWh par an.

Avec le lancement de la Tesla Model 3, dont la précommande débute le 31 mars 2016, et les livraisons à la fin 2017 aux États-Unis - et dans le courant 2018 dans le reste du monde - la société d'Elon Musk devrait changer d'échelle et quitter progressivement le marché de niche. D'une production de 50 000 véhicules en 2015 - des Model S quasi-exclusivement -, le fabricant anticipe une production annuelle de 500 000 voitures en 2020.

C'est justement pour couvrir ses besoins à venir en batteries que Tesla a décidé de lancer sa propre usine.


Tesla, acteur majeur

La production de batteries est un problème que la société compte donc régler elle-même. Et Tesla est formel : à cette échéance, à elle seule, la société « requerra la totalité de la production mondiale actuelle de batteries au lithium-ion ». Sans compter l'arrivée prochaine des batteries domestiques Powerwall, que l'américain va tenter de populariser auprès des foyers en quête d'indépendance énergétique, et le Powerpack pour les entreprises.


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Usine de production de batteries lithium-ion Gigafactory de Tesla, devant entrer en production en 2017 - Crédit : Tesla.


Pour en rester à la seule automobile électrique, Citigroup estime la production mondiale à plus de 1 million de véhicules en 2020, conférant dans cette hypothèse une part de marché de l'ordre de 50 % à Tesla sur ce secteur, et le plaçant donc comme plus gros consommateur mondial de lithium - du moins, à destination des voitures. La banque ajoute que le secteur automobile devrait avoir fait grimper la demande de 30 % entre 2010 et 2020.

Depuis 2003, la production mondiale de lithium a presque doublé, pour atteindre 31 700 tonnes par an, en raison de l'explosion notamment des appareils électroniques, au premier rang desquels les smartphones et les tablettes. En 2015, il s'est écoulé 400 millions de smartphones, et plus de 200 millions de tablettes. Mais pour faire face aux besoins de l'auto électrique, c'est un autre ordre de grandeur que les mines devront atteindre...

Les mines se multiplient...

Plusieurs exploitants ont flairé le filon, à l'instar de la mine à ciel ouvert de lithium de Mt Cattlin, en Australie, qui s'apprête à rouvrir ses portes à la fin du mois de mars. Un événement « devenu rare dans ce secteur en crise partout dans le monde », soulignent Les Echos, qui rapportent cette information. Toujours d'après Citigroup, 16 projets de ce genre sont apparus, dans ce pays - qui possède un tiers des réserves -, et en Amérique du Nord.


C'est également le cas en Argentine, deuxième producteur mondial, et concentrant avec le Chili et la Bolivie deux tiers des ressources mondiales. Malgré tout, ouvrir une mine n'augure pas de la durabilité des gisements, et des études alarment depuis dix ans sur les réserves de lithium... En janvier 2015, l'Institut d'études géologiques des États-Unis affirmait que le monde aurait assez de réserves pour encore 365 ans de production mondiale.


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Estimation de la production de batteries par la Gigafactory de Tesla d'ici à 2020 - Crédit : Tesla.

... les réserves se divisent

Mais cette estimation repose sur une production de 40 000 tonnes de lithium par an. Or le demi-million de Tesla prévu en 2020 réclamera presque cette quantité de lithium à lui seul. En se référant à l'étude de Citigroup, on peut estimer que les besoins mondiaux seront de l'ordre de 80 000 tonnes par an, divisant par deux la durée de vie des réserves. Et ces études ne tiennent pas compte des objectifs de la Chine et de l'Inde... très ambitieux.

Pékin s'est en effet fixé comme objectif la mise en circulation de 5 millions de « véhicule propres » dans quatre ans (électriques, hybrides ou autres). L'Inde de son côté viserait 800 00 véhicules en 2016, 6 millions en 2020.


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