Qu'il s'agisse de développer des assistants personnels autonomes, des logiciels de reconnaissance automatisés ou des voitures capables de conduire toutes seules, on retrouve derrière tous ces outils de pointe la patte du machine learning, soit des algorithmes capables de capitaliser sur l'expérience des utilisateurs pour améliorer leur fonctionnement et donc « apprendre » à mieux gérer les situations auxquelles on les confronte. Le sujet mobilise de nombreuses start-up spécialisées, dont les travaux attisent les convoitises des grands noms de la Silicon Valley.
Deux récents rachats témoignent de cet appétit. Début août, on apprenait ainsi qu'Apple venait de racheter la société Turi, basée à Seattle, pour un montant estimé à 200 millions de dollars. Entre autres produits, Turi développe notamment GraphLab Create, un framework qui réunit diverses interfaces de programmation et bibliothèques nécessaires à la création d'applications ou de services orientés vers le machine learning. La start-up propose également un outil, Turi Distributed, dédié à l'administration des serveurs qui sous-tendront la production.
Entre autres débouchés pratiques, Turi met en avant des scénarios tels que la recommandation automatique, l'analyse des sentiments, la détection de tendance ou la mesure de la performance. Apple, qui n'en est pas à sa première acquisition dans le domaine, a fourni son habituel commentaire selon lequel la société en rachetait de temps en temps d'autres sans entrer publiquement dans les détails.
Intel s'offre Nervana
Le sujet mérite-t-il qu'on développe des processeurs dédiés ? Si l'on en croit Google, la réponse est oui. En mai dernier, le numéro un mondial de la recherche en ligne a expliqué au cours de sa conférence pour développeurs qu'il exploitait désormais des puces spécialisées baptisées Tensorflow dans ses datacenters. Il n'est donc pas surprenant de voir qu'Intel, leader sur le marché des processeurs, s'intéresse également de près à la question. La firme a cette semaine annoncé le rachat d'une start-up vieille de deux ans, baptisée Nervana, pour un montant estimé à 350 ou 400 millions de dollars.Comme Turi, Nervana développe des outils dédiés à la création d'intelligences artificielles, mais elle travaille également à la mise au point d'une architecture physique, dédiée, qui aboutirait donc à la conception de puces hautement spécialisées (ASIC) et dévolues à cette unique tâche. Pour Intel, les actifs et les brevets déjà déposés par Nervana nourriront l'expertise du groupe et le développement de ses produits phare dans l'univers des serveurs et du machine learning, à commencer par les processeurs Xeon et les calculateurs Xeon Phi. Ils seront sans doute nécessaires au vu de l'intense compétition qui s'annonce.