Aux États-Unis, un groupe catholique a dépensé 4 millions de dollars afin de mettre la main sur les données personnelles de plusieurs utilisateurs d'applications de rencontre homosexuelle. Son objectif : identifier les prêtres gays et les dénoncer.
Parmi les applications ciblées se trouvent Growlr, Scruff, Jack’da, OkCupid, ou encore Grindr…
4 millions de dollars dépensés
Dans une vaste enquête, le Washington Post a révélé comment cette ONG catholique, installée à Denver et baptisée Catholic Laity and Clergy for Renewal, a acheté les données de localisation et d'utilisation de ces applications. En analysant des enregistrements de réunions à huis clos du groupe ainsi que des fuites de documents et des archives publiques, le média a découvert que de 2018 à 2021, le groupe ultra conservateur a déboursé 4 millions de dollars pour se procurer des données privées issues de ces plateformes.
Pour identifier ses cibles, le groupe a recoupé les informations récupérées avec les résidences d'église abritant des prêtres. Ces dernières ont ensuite été communiquées à des dizaines d'évêques à travers les États-Unis. Sur son site, l'ONG affirme que sa mission est « d'offrir des ressources aux responsables de l'Église afin qu'ils puissent mieux s'occuper de leurs prêtres et de leurs fidèles ».
Comme de nombreuses autres applications, Grindr s'associe à des annonceurs pour cibler les utilisateurs et les nouveaux clients potentiels à travers la publicité. Dans ce vaste système d'échange, facilité par la législation quasiment non existante outre-Atlantique en matière de protection de la vie privée, certains courtiers en données interceptent les informations et les reconditionnent pour les vendre, procédé très probablement utilisé dans cette affaire sordide.
Grindr tente de se défendre
Patrick Lenihan, porte-parole de Grindr, assure qu'il n'est pas possible que les données de localisation provenant de l'application aient fuité de cette manière, car l'entreprise a modifié les données qu'elle partageait avec ses partenaires publicitaires en 2020. À cette époque, une étude avait démontré que l'entreprise mettait en danger ses utilisateurs en exposant des informations susceptibles de révéler leur identité et leur sexualité.
Selon Lenihan, Grindr partage bien moins de données avec ses partenaires publicitaires que le reste du secteur, et il rappelle que les utilisateurs de l'application ont la possibilité de désactiver la publicité ciblée. Cependant, le média Gizmodo rapporte qu'en 2022, il était encore possible de racheter des données de localisation à Grindr.
Sources : The Washington Post, TF1, Gizmodo