Acer Iconia Tab W500
Les concepts hybrides périphérique mobile/dock clavier se multiplient. Après l'Asus Eee Pad Transformer et le Motorola Atrix, c'est au tour d'Acer de se lancer avec l'Iconia Tab W500, un modèle plus classique se rapprochant plutôt des « netbooks/tablette » comme l'Inspiron Duo de Dell. Ou comment combiner les avantages du netbook et de la tablette... Ou leurs inconvénients.Design et ergonomie[/anchor]
L'Acer Iconia Tab W500 se compose donc de deux parties. La tablette en elle même et son dock clavier, optionnel et commercialisé pour une centaine d'euros supplémentaires. Commençons par lever une ambigüité qui pourrait apparaître lorsque l'on regarde les photos de l'Acer Iconia W500. On pourrait croire qu'il s'agit, comme de l'Asus Transformer, d'une tablette que l'on peut docker et utiliser exactement comme un ordinateur portable que l'on referme. Il n'en est rien.En réalité les deux parties sont désolidarisées : le dock ne sert qu'à accueillir la tablette, mais il ne fait en aucun cas office de charnière. De même, si on trouve bien un crochet permettant de maintenir l'ensemble fermé, il faut pour cela retirer la tablette du dock, et la poser sur celui ci, des aimants se chargeant de la maintenir en position. Conséquence un peu absurde : n'oubliez surtout pas de ne pas l'ouvrir comme un portable !
Passons donc à la tablette elle même et déjà une première impression entachée par un problème de poids : avec 950g sur notre balance, l'Iconia W500 remporte la « palme » de la tablette la plus lourde du marché. On trouvait déjà le modèle Android d'Acer limite sur ce point. Ici il nous paraît tout simplement inconcevable d'utiliser la W500 à une main.
La tablette est également du genre volumineuse et surtout assez épaisse : elle dépasse l'épaisseur d'un iPad 1 en son centre.
La connectique est en revanche assez fournie : deux ports USB (dont un est utilisé par le dock), un port HDMI pour la sortie TV, un slot SD et un slot pour carte SIM (la 3G est en option), les deux derniers étant recouverts par des caches un peu cheap.
Du côté du dock, on trouvera deux ports USB supplémentaires et ça ne sera pas un luxe puisqu'une fois la tablette connectée, on perd naturellement un des deux connecteurs qui se branche sur la station d'accueil... Mais également le second qui est alors inacessible ! Bon point en revanche : le dock est équipé d'un port Ethernet. On trouve enfin deux webcams à l'avant et à l'arrière de la machine. On pourra donc l'utiliser même en mode tablette, ce qui n'était pas le cas de l'Inspiron Duo par exemple.
La connectique ne suffit malheureusement pas à contrebalancer le principal défaut de la station d'accueil : l'absence de trackpad ! Une grande partie du dock étant réservée au système de fixation de la tablette, il n'y a tout simplement pas de place pour celui ci et on se retrouve donc coincé avec un trackpoint, un dispositif qui fera peut être plaisir à certains utilisateurs professionnels, mais qui s'avère tout de même rebutant et peu confortable, d'autant plus que l'ergot en caoutchouc nous est resté très rapidement dans les doigts sur le modèle que nous avons reçu en test. Bref : prévoyez de la place pour une souris dans votre sacoche !
Le clavier est de type chiclet, et plutôt agréable si on oublie la séparation de la touche Entrée, coupée en deux pour donner accès à l'antislash.... Que l'on aura donc tendance à saisir au lieu d'appuyer sur Entrée !
Terminons tout de même sur un bon point : l'écran de l'Iconia Tab W500 est de bonne qualité, avec un angle de vision satisfaisant. L'écran est capacitif et nous a semblé offrir une réactivité tout à fait acceptable.
Composants[/anchor]
Acer a opté pour l'Iconia W500 pour la plateforme Brazos d'AMD, déclinaison de Fusion pour les ordinateurs d'entrée de gamme et les netbooks. On rappelle que le but est, à l'image du Sandy Bridge d'Intel, d'intégrer dans une même puce le CPU et le GPU, formant ce qu'AMD appelle un APU (Accelerated Processing Unit). La plate-forme Brazos est composée de cet APU et d'un Southbridge (appelé ici Fusion Controller Hub ou FCH) de type Hudson, disponible en deux versions. La première gère 6 ports SATA 6 Gbps tandis que la seconde se limite à 3 Gbps.
Ici, c'est l'APU Ontario, ou C50, qui est utilisé. Il est composé de deux cœurs Bobcat cadencés à 1 GHz, et d'un circuit graphique Radeon HD 6250. C'est assez léger pour la 3D (les performances sont proches d'un Ion Next Gen) mais suffisant pour décoder de la vidéo HD de manière relativement confortable.
En ce qui concerne le stockage, on dispose d'un SSD de 32 Go. Bon point pour la technologie utilisée... mais mauvais point pour la capacité ! 32 Go, sur un PC équipé d'un Windows 7 déjà gourmand, c'est assez léger. Heureusement qu'il y a des ports USB et un slot SD. Heureusement, Acer se rattrape sur la mémoire vive : 2 Go de DDR3 fournis !
Système et logiciels[/anchor]
L'Acer Iconia Tab W500 intègre donc Windows 7, accompagné de sa couche tactile. Ce choix fera sans doute le bonheur des utilisateurs professionnels, mais depuis que nous avons testé notre précédent périphérique de ce type (le Dell Inspiron Duo), l'environnement des tablettes a considérablement changé.Disons le clairement, les OS dédiés aux tablettes, même les plus perfectibles d'entre eux comme Android Honeycomb, révèlent l'inadéquation de Windows, dans sa forme actuelle, sur une tablette. Microsoft a beau proposer quelques optimisations (boutons de fenêtres et polices plus grosses, navigation multitouch dans Internet Explorer...), Windows est résolument un système d'exploitation fait pour être utilisé avec un clavier et une souris, à la limite avec un stylet, mais surtout pas au doigt ! Cela reste utilisable, car les icônes et certaines interfaces de type ruban Office sont suffisamment volumineuses...
Néanmoins, le type de périphérique implique vraiment un usage dénué de fenêtres à manipuler, et de menus contextuels. Microsoft semble d'ailleurs en avoir conscience : la preuve en est la récente présentation de l'interface optimisée tablette de Windows 8. Une philosophie radicalement différente, inspirée de Windows Phone 7, avec toujours la possibilité d'accéder au bureau et exécuter des applications Windows « classiques » si on le souhaite. Tout ce qui manque à la formule actuelle...
En contrepartie, il faut bien avouer que pour les utilisateurs souhaitant une tablette complètement autonome, rien ne vaut naturellement Windows : en ayant l'esprit tordu, on pourrait même utiliser la W500 pour synchroniser un iPad ou une tablette Android ! Pas d'App Store, juste la logithèque la plus étendue qui soit, de la plus petite application aux ténors que sont Photoshop ou Office, en passant par les incontournables (Skype, Messenger, Thunderbird, Firefox, OpenOffice....).
Voyons tout de même ce qu'Acer a inclus dans sa tablette, car outre l'interface standard de Windows, on trouve, comme sur l'Iconia double écran, des applications maison, et l'interface Acer Ring, accessible en posant les 5 doigts de la main sur l'écran. L'interface circulaire est plutôt agréable, mais son usage est ici assez limité : il ne fait que centraliser l'accès à... 4 applications ! Comme surcouche tactile, on aura vu mieux...
Internet[/anchor]
En plus des nombreuses possibilités de navigation sur le web, puisque l'on peut évidemment utiliser n'importe quel navigateur pour Windows, Acer inclut Touch Browser, un butineur dont le seul intérêt, très franchement, est de disposer de contrôles à la taille adaptée au doigt. Le navigateur n'est qu'une surcouche d'Internet Explorer, s'avère beaucoup plus lent que le navigateur « natif » et n'apporte même rien puisqu'IE gère tout aussi bien le zoom multi touch ou le défilement de pages. Heureusement, Windows s'avère ici un atout : on aura à disposition les meilleurs navigateurs du marché, d'IE9 à Google Chrome en passant par Firefox ou Opera.Touch Browser intègre tout de même une fonctionnalité « originale », enfin pas tant que ça puisqu'elle rappelle Safari sur Mac OS X : la possibilité de « découper » des zones de pages web pour les afficher en tant que widgets dans une autre application intitulée MyJournal. Celle ci propose ainsi une sorte de tableau d'affichage de coupures de sites web que l'on peut ranger par catégorie.
On trouvera enfin SocialJogger, une application permettant d'afficher des flux Facebook, YouTube et Flickr, sur trois colonnes différentes. Ca part d'une bonne idée dans la lignée de Tweetdeck... Mais justement, Twitter n'est pas de la partie, alors qu'il serait plus logique de le retrouver aux côtés d'autres réseaux sociaux pour ce type d'application. Pas très convaincant...
On ne trouvera pas de client mail ou de logiciel de vidéo conférence, mais évidemment, là encore dans ce domaine on trouvera tout ce dont on a besoin, de Skype à Messenger en passant par Thunderbird ou Windows Live Mail.
Multimédia[/anchor]
Acer oblige, on trouve dans l'offre logicielle de l'Iconia W500 le logiciel Clear Fi, qui permet de lire du contenu multimédia depuis l'appareil, mais également depuis tout appareil DLNA connecté au réseau local. L'interface, développée par Cyberlink, est agréable est plutôt bien adaptée au tactile.L'application permet de lire les pistes musicales, les vidéos et les photos présentes dans sa bibliothèque, d'explorer les contenus partagés sur les appareils présents sur le réseau, et également de visionner des vidéos YouTube, ou issues de ses amis sur FaceBook. Bref, rien d'extraordinaire, mais pourtant, Clear Fi fait partie des rares aspects de l'Iconia Tab W500 qui donne réellement l'impression d'utiliser une tablette pensée pour le tactile et pas un PC sans clavier.
Un mot sur les enceintes situées au dos de la tablette : elles délivrent un son satisfaisant avec des aigus assez précis. Il ne faudra cependant pas en attendre des miracles, d'autant plus qu'elles saturent à plein régime. En revanche, on appréciera les capacités de décodage HD de la puce : le C50 est certes assez sollicité, mais la lecture reste fluide.
Capture photo et vidéo[/anchor]
L'Iconia W500 est équipée de deux webcams aux performances apparemment identiques : 1,3 Mégapixels ! La qualité ne dépasse pas les chiffres : les photos manquent quelque peu de précision même si le rendu des couleurs est correct (bien que tirant sur le vert dans notre environnement). On reste cependant loin des performances du capteur présent sur l'Iconia A500.En revanche, en ce qui concerne la vidéo, avec l'utilitaire fourni (également développé par Cyberlink), nous n'avons pu obtenir que des images extrêmement saccadées, et qui plus est en 640x480. Franchement décevant !
Performances[/anchor]
L'Acer Iconia W500 exécutant Windows 7 et la plate-forme Brazos, nous avons reproduit certains des tests de performances réalisés lors de notre test des premiers APU Fusion. A noter qu'il nous a été impossible d'installer 3D Mark 06 sur notre modèle de test, d'où l'absence de ce test dans les résultats.Cinebench
Le benchmark de Maxon, basé sur Cinema 4D exécute un rendu d'une scène, mettant à contribution tous les cœurs du processeur. Le résultat final dépend donc autant de la fréquence que du nombre de cœurs physiques ou logiques. Sans surprise, la W500 confirme nos précédents tests : le C50 est franchement à la peine ! On est encore derrière un netbook à base d'Atom 550 comme l'Acer Aspire One Happy, ou de l'Acer 5253, équipé quant à lui de Zacate, l'autre APU de la plate-forme Brazos, aux performances supérieures.Sciencemark 2 Primordia
Sous Sciencemark 2, en revanche, en exécutant le benchmark Primordia, qui est quant à lui mono cœur, on obtient des résultats tout à fait honorables. La W500 obtient un résultat légèrement inférieur à ce que nous avions mesuré sur l'Acer 522, mais qui confirme tout de même la supériorité du C150 sur les Atom double cœur. Là encore, l'Acer 5253 tire son épingle du jeu.Autonomie
Afin de comparer l'autonomie de l'Iconia W500 face aux tablettes Android ou à l'iPad, nous avons effectué notre test d'autonomie vidéo dans les mêmes conditions : un fichier vidéo SD (résolution DVD), lu en boucle avec luminosité à 80% et son à 50%, Wifi allumé et Bluetooth éteint.On n'attendait pas de l'Iconia W500 une autonomie digne d'une tablette dotée d'un processeur ARM et on ne s'y trompe pas : la batterie rend l'âme au bout de 3h22 de lecture. Ca n'est pas si mauvais, mais très loin de ce que l'on a pu mesurer sous Honeycomb ou iOS 4 où on trouve des durées de vie entre 5 et 10 heures.
Conclusion[/anchor]
Alors qu'Acer propose une Iconia Tab A500, certes imparfaite mais relativement attractive pour son prix, on reste nettement plus perplexe devant cette Iconia Tab W500. Acer n'est responsable qu'en partie de cette déception : le problème vient principalement du fait que Windows 7 n'est pas adapté à l'usage d'une tablette, ou du moins à ce que l'on attend d'une tablette aujourd'hui. Bien entendu, pour certains utilisateurs, notamment professionnels, le fait de disposer d'un vrai OS d'ordinateur sera plutôt un avantage : alors qu'Android comme iOS se contentent de suites bureautiques très limitées, l'Iconia W500 peut exécuter Microsoft Office : c'est un avantage non négligeable, sans même parler des nombreuses applications d'entreprise qui nécessiteront le système de Microsoft. La Windows est sans commune mesure, et c'est indéniablement un des rares points forts de l'utilisation de cet OS sur un périphérique mobile.
En revanche, si vous cherchez une tablette sans prise de tête pour surfer, consulter vos mails et regarder quelques vidéos, vous serez sans doute plus à l'aise avec un iPad, une Iconia A500 ou une HTC Flyer. L'autonomie des tablettes utilisant des processeurs ARM est sans commune mesure avec les 3 « petites » heures que vous offrira la W500 et son architecture X86, et même si Acer a fait quelques efforts pour proposer des applications orientées tactile, on est bien loin de l'expérience utilisateur d'iOS, ou même d'Android Honeycomb.
L'Iconia W500 pourrait alors se rattraper sur son côté hybride, mais là encore Acer a quelque peu raté sa copie. L'Asus Eee Pad Transformer montrait pourtant la voie à suivre : une tablette qui, une fois encastrée dans son dock clavier, devient un netbook à la charnière robuste. Rien de tout cela ici : les deux éléments sont désolidarisés, et pire encore : les utilisateurs distraits qui se mettraient à l'utiliser comme un portable risquent de se retrouver avec leur tablette ou leur dock clavier dans les mains. En outre, quitte à vouloir proposer un produit hybride, pourquoi diable ne pas avoir pensé à intégrer un trackpad ? Hormis les adeptes du trackpoint, il y a fort à penser que la plupart des utilisateurs trouveront l'Iconia W500 peu confortable, en mode tablette comme en mode netbook.
Tout n'est pourtant pas si noir : le clavier est confortable, l'écran est de qualité et la connectique plutôt fournie. Mais au final, l'ensemble peine à nous convaincre. La tablette seule est vendue 499 euros, soit le prix de sa petite sœur sous Android 3.0. Quant à l'ensemble tablette/clavier, il est commercialisé au prix de 589 euros. Un investissement supérieur à un netbook pour un résultat pas forcément plus convaincant. Vivement Windows 8 ?