Droits d'auteur : YouTube durcit le ton et surveille la monétisation

Audrey Oeillet
Publié le 11 décembre 2013 à 11h01
YouTube a décidé de durcir le ton vis-à-vis des chaînes de vidéo exploitant du contenu appartenant à des ayants-droit : outre un examen revu pour déterminer si les vidéos ont le droit, ou pas, d'être monétisées, du contenu se retrouve également supprimé du service.

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Coup dur pour les YouTubers qui monétisent certains types de vidéos sur la plateforme de Google : cette dernière a décidé de renforcer le contrôle du contenu publié sur sa plateforme, lorsqu'il est soumis à une demande de monétisation, mais pas seulement.

Si un contrôle des vidéos que les utilisateurs veulent monétiser existe déjà à l'heure actuelle, il sera fortement renforcé à partir de janvier 2014 : la plateforme souhaite vraisemblablement ne plus rien laisser passer. « Pour qu'une vidéo puisse bénéficier de la monétisation, vous devez détenir tous les droits nécessaires à l'utilisation à des fins commerciales des éléments visuels et audio, qu'ils soient votre propriété ou celle d'un tiers. Si vous décidez d'intégrer le contenu d'un tiers dans une vidéo, vous devez vous acquitter des droits pour utiliser et monétiser ce contenu sur YouTube » explique une page d'information disponible sur le support de Google.

Le processus de contrôle demandera notamment à ce que la vidéo soit mise en ligne, mais non listée, pour qu'elle ne soit pas disponible au public avant son contrôle par YouTube, qui s'autorise le droit de la supprimer si elle enfreint le droit d'auteur. Il ne sera donc pas possible de mettre la vidéo en ligne pour le public et en demander la monétisation dans la foulée, ce qui demandera aux créateurs de contenu de s'y prendre à l'avance dans l'espoir de voir la vidéo validée rapidement - entre 2h et 48h seront nécessaires, souligne le service.

En somme, des vidéos intégrant des extraits de film, de musique ou de jeux vidéo appartenant à des tiers ne devraient plus permettre aux personnes qui les publient de gagner de l'argent. Sur le support du service, il est clairement expliqué qu'à moins de disposer d'un accord ou d'un contrat de licence établi de manière plus ou moins directe avec un éditeur - « Certains éditeurs indiquent dans leurs contrats de licence qu'ils vous autorisent à utiliser l'ensemble du contenu d'un jeu vidéo pour une utilisation commerciale » - de telles vidéos ne pourront plus être monétisées, alors que c'est le cas aujourd'hui, et les revenus tirés de ces vidéos pourront être directement reversés aux ayants-droits.

La grogne chez les testeurs de jeux vidéo

En somme, ce qui était jusque-là toléré sur YouTube ne le sera plus : les tests de jeux vidéo réalisés par des amateurs, les vidéos utilisant de la musique ou des images sous licence ne pourront plus être monétisées et pourront également être supprimées très rapidement de YouTube, même si une partie de la vidéo découle d'une création personnelle.

L'une des communautés qui a le plus rapidement réagi à cette situation s'avère être celle des YouTubers spécialisés dans le jeu vidéo, qui se sentent particulièrement menacés par cette nouvelle mesure. Le nombre de testeurs de jeux et d'éditeurs d'émissions sur YouTube qui vivent de la monétisation de leurs vidéos étant notable, certains s'inquiètent pour l'avenir, même si le salut pourrait se trouver dans l'établissement de partenariats avec les ayants-droit, qui seraient alors maîtres à bord pour choisir leurs représentants.

De nombreux YouTubers reçoivent par ailleurs, depuis lundi, des alertes de violation de droits d'auteur entraînant le blocage de la monétisation, la désactivation de leurs vidéos dans certains pays, voire la suppression totale de ces dernières.

Brad Colburn, propriétaire de la chaîne TheRadBrad, qui approche des 2 millions d'abonnés, indique avoir reçu une centaine de réclamations depuis lundi, sur une petite partie de ses quelque 3 000 vidéos. Mais ce que le YouTuber souligne, c'est que les réclamations ne sont pas forcément faites par les éditeurs de jeux : elles peuvent venir d'un compositeur de musique qui ne veut pas qu'un extrait de quelques secondes apparaisse. « Toutes les heures d'enregistrement, de montage et d'uploading pour, au final, donner 100% de mes revenus à cette personne » résume Colburn.

A noter également que certaines grandes chaînes de contenus, membres du programme de Créateurs de YouTube, ont également été pris au dépourvu - c'est notamment le cas de Machinima.




Une démarche agressive

Il faut cependant souligner que les contrôles effectués par YouTube ont toujours existé, et que la plateforme s'est toujours réservé le droit de jouer les gendarmes pour faire respecter le droit d'auteur. Néanmoins, c'est le caractère agressif de la démarche constatée depuis le début de la semaine qui choque, alors que les YouTubers s'attendaient à voir les contrôles s'accroître uniquement à partir de janvier, comme le laissait penser l'annonce de début décembre.

Si YouTube présentait alors la démarche comme un moyen de lutter contre le piratage pur et dur et augmenter la qualité du contenu sur sa plateforme, l'entreprise ne s'est pas encore exprimée face à cette vague répressive. Gageons qu'elle sera bientôt obligée de sortir de son silence compte tenu de la grogne qui sévit sur Internet depuis lundi.
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