Pour nous faire un avis sur la question, Acer nous a fait parvenir mi juillet son ultraportable star. Indéniablement séduisant, ce véritable délire d'ingénieur parvient à s'attirer la sympathie dès les premiers instants. Mais avant d'entrer de plain-pied dans le passage en revue dudit laptop, prenons quelques instants pour planter le décors.
Le Swift 7 2019 que nous avions en test est proposé à près de 2000 euros. Un prix salé qui suffit à l'envoyer sur la même grille tarifaire ou presque qu'un MacBook Pro 13 d'Apple. Pour ce tarif, le terminal embarquait :
- Un processeur Intel Core i7-8500Y (2 cores / 4 threads ; 1,50 GHz de base / 4,20 GHz en boost ; 5 Watts de TDP ; 4 Mo de cache).
- 16 Go de mémoire vive LPPDDR3.
- 512 Go de SSD.
- Un écran IPS Full HD (1920 par 1080 pixels) de 14 pouces, tactile, Gorilla Glass 6. 92% de ratio châssis / écran.
- Deux ports USB-C (Thunderbolt 3, USB 3.1 Gen 2 et DisplayPort 1.2), une prise Jack 3,5 mm micro / casque.
A noter qu'une version dotée de 8 Go de RAM et 256 Go de stockage est aussi disponible, cette fois à un tarif recommandé de 1799 euros. Le reste de la fiche technique est maintenu à l'identique. Déstockage oblige, Acer met aussi en avant son Swift 7 2018. Ce dernier, testé en fin d'année dernière sur Clubic, est omniprésent sur le web et à des tarifs parfois intéressants.
Digression terminée, passons au test à proprement parler du Swift 7 2019.
Un fantasme d'ultraportabilité compromis par de belles errances d'ergonomie
Le Swift 7 2019 ne compte pas parmi les appareils les plus fins du marché, il est le plus fin... et pourrait bien le rester un petit moment. Ce record n'a toutefois pas pu être établi sans quelques concessions, notamment en termes de châssis. Cette taille de guêpe, le dernier fleuron d'Acer la paye cash sur le plan de la robustesse. Le terminal est fragile et il ne s'agit pas là d'un simple ressenti. Une fois ouvert, la carcasse du nouveau Swift 7 se tord facilement, à tel point que la peur d'un choc ou d'une mauvaise chute est omniprésente lorsque l'appareil est sorti de sa housse (élégante et généreusement fournie par Acer avec le produit).La légèreté du laptop est aussi à pointer du doigt pour expliquer la psychose qui atteindra sûrement ses utilisateurs. Prendre les photos de ce test (en bord de mer et par grand vent) avait ainsi tout d'un risque. Après quelques prises et de longues minutes à redouter que l'ultraportable n'aille rejoindre les mouettes en contrebas, nous avons jugé qu'il était temps de le replacer sagement dans son étui (ouf, les photos étaient dans la boîte) pour aller prendre un verre au calme. Faut-il pour autant s'arrêter là et déconseiller le Swift 7 2019 ? Heureusement non, mais les utilisateurs les moins attentionnés feraient bien de passer leur chemin. Le terminal est de ceux que l'on chouchoute... ou qu'on laisse en rayon.
Cette fragilité inhérente au concept même de l'appareil, s'ajoute par contre à une succession de petits détails ergonomiques qu'Acer n'a pas su (ou pas pu) solutionner.
Le premier qui vient en tête concerne la webcam du Swift 7. Difficile de trouver pire endroit pour placer une webcam que sous l'écran, dans une petite trappe logée juste au dessus du clavier. C'est pourtant là que le constructeur taïwanais a décidé de l'installer, tout en choisissant de l'excentrer sur la gauche, comme pour en rajouter une couche.
Une véritable gageure : non seulement cette dernière vous filme en contre-plongée (pour un menton et des narines retransmis en HD sur Skype) et de travers, mais son champ de vision sera complètement « bouché » si l'on souhaite taper du texte. Dommage, car cette webcam s'avère d'une qualité relativement convenable et aurait fait un travail très suffisant si elle avait pu être ajoutée au dessus de l'écran. Reste que la chose est littéralement impossible dans le cas du Swift 7, nous y reviendrons un peu plus bas.
L'autre gros souci d'ergonomie concerne le trackpad. Tout en longueur, ce dernier se montre trop étroit pour être utilisé confortablement. L'expérience finale est donc mi-figue mi-raisin : d'un côté le trackpad est précis, réactif et copieusement cliquable ; de l'autre les sorties de route son nombreuses du fait de son manque de largeur. Difficile d'en être vraiment satisfait pour scroller sur le net ou parcourir de haut en bas un document... surtout lorsqu'on vient d'un MacBook Pro 13, qui profite - à format équivalent - d'un trackpad kilométrique.
Notons aussi la présence d'un capteur d'empreinte très réactif, mais là aussi plutôt mal localisé (à gauche du clavier) pour une majorité d'utilisateurs. Les gauchers seront aux anges, les droitiers seront pour leur part contraints à une déplaisante gymnastique à chaque ouverture de session... tout du moins jusqu'à ce qu'ils se résignent à utiliser leur index gauche. En la matière, Acer semble pourtant sûr de son coup... le Swift 7 2018, lui aussi, comportait un capteur d'empreintes situé exactement au même endroit.
Le clavier est en revanche l'un des points forts du produit. En dépit de touches un peu petites (et potentiellement gênantes pour les grosses paluches), le clavier du Swift 7 est un sans faute. Sur une bécane à ce point fine, le fabricant est parvenu à proposer une course des touches, certes courte, mais avec un bon retour pour une frappe très agréable - même lors de longues sessions en traitement de texte.
Un point rapide sur la connectique de l'appareil : elle est rachitique, et c'est souvent le cas sur ce type de machines. Comme évoqué en début d'article il faut se contenter de seulement deux ports USB-C et d'une prise Jack 3,5 mm. Les deux entrées USB-C sont toutefois compatibles avec les standards Thunderbolt 3, USB 3.1 Gen 2 et DisplayPort 1.2 pour une connectique indirectement complète. Pour se faire pardonner, Acer fournit (en plus de la housse en simili-cuir) un adaptateur embarquant une prise USB-C, une entrée USB-A et un port HDMI.
On regrettera par contre l'absence du slot nano SIM qu'Acer avait eu le bon goût d'ajouter au Swift 7 2018. Celui-ci permettait une connexion 4G très pertinente sur des appareils aussi nomades, et transformait le Swift 7 en véritable "Always Connected PC"... processeur ARM en moins.
L'écran et ses délices... le processeurs et ses limites
Côté écran Acer nous livre une dalle IPS qui n'a pas grand chose à envier à ce qui se fait de mieux sur ultraportables. L'affichage est lumineux, superbement contrasté, et les couleurs sont restituées avec grande justesse. Sur une diagonale de 14 pouces, la définition Full HD suffit amplement, même si l'on tend à s'habituer de plus en plus à des écrans 2K. L'avantage du 1080p est aussi à chercher en matière d'autonomie, et nous verrons plus loin que, là non plus, le Swift 7 n'est pas à plaindre.Il faut par ailleurs saluer l'ingéniosité dont Acer a fait preuve pour nous proposer un écran dénué ou presque de bordures. Avec une dalle qui occupe 92% de l'espace disponible, l'image affichée semble flotter à côté du châssis. Soulignons à ce propos le format surprenant de l'écran. S'il s'agit bien d'une dalle 16:9, son intégration sur l'appareil (et la quasi invisibilité des charnières) donnent presque l'impression d'un écran ultrawide. Ce n'est pas vraiment commun, encore moins sur un ordinateur portable aussi compact. Il suffit d'ailleurs de prendre le Swift 7 en mains, même replié, pour s'apercevoir qu'il ne colle pas aux dimensions classiques d'un ultraportable de 14 pouces.
Dans les faits le choix de ce format d'écran et de son intégration sur l'appareil risquent de susciter des opinions assez clivées. Indiscutablement élégant, l'écran du Swift 7 est loin d'être aussi pratique qu'une dalle 3:2, surtout en bureautique et pour surfer sur le net. Il s'agira pourtant, avec la vidéo, des usages les plus fréquents sur le terminal. Une affaire de goût... mais sans ce format, le Swift 7 aurait été nettement moins sexy. Si vous choisissez l'appareil, vous comprendrez d'ailleurs assez vite que la majeure partie des choix d'Acer a été dictée par sa quête d'esthétisme. Une approche louable, certes, mais périlleuse.
Nous n'en avons pas encore parlé, mais précisons rapidement que l'écran du Swift 7 est tactile (une option dispensable sur ce type de produits) et hautement sujet aux reflets. Cela posera souvent problème en extérieur ou dans des pièces très éclairées. Heureusement, la luminosité de la dalle, plutôt élevée, permet de rectifier un peu le tir, mais pas au point de rendre l'ensemble facile à utiliser dans toutes les conditions de luminosité.
Vient la question du processeur. Acer a fait le choix d'une puce très basse consommation signée Intel : le Core i7-8500Y lancé en début d'année. Il s'agit d'un processeur 2 cores / 4 threads cadencé entre 1,5 et 4,20 GHz. Son principal intérêt est de rester cantonné à un TDP très faible, oscillant entre 3,5 et 7 Watts selon la fiche ARK du produit. C'est peu et cela permet au Swift 7 de fonctionner sans système de dissipation actif. Comprenez qu'il n'y a aucun ventilateur ici.
L'avantage est double : d'une part le silence est absolu puisque aucune pièce mécanique n'est en mouvement lorsqu'on utilise le PC, d'autre part ce processeur consomme peu d'énergie et l'autonomie qui s'en voit grandement améliorée. Malheureusement, le Core i7-8500Y n'est pas une bête de course quand on se penche sur les performances brutes qu'il développe.
Il faut avant tout voir ce CPU comme l'ami du traitement de texte, de la navigation web et du multimédia. Le montage vidéo et la retouche photo sont à proscrire, et pour cause, la puce d'Intel n'est tout simplement pas conçue à cet effet. En résulte un Swift 7 qui ne convient pas à tous les usages et dont la polyvalence est somme toute restreinte. Les utilisateurs les moins demandeurs sauront toutefois y trouver le compte.
On notera par contre qu'en dépit de performances correctes, mais loin derrière celles des Core i5 et i7 « U » à quatre cores, le Core i7-9500Y a le mérite de ne chauffer qu'avec modération sur le Swift 7. En stress test sous AIDA 64 (charge CPU à 100% pendant presque 30 minutes d'affilé), les températures relevées sous HWMonitor restaient comprises entre 65 et 70 degrés. Dans ces conditions, le processeur basse consommation d'Intel pouvait donner le meilleur de lui-même sans subir les affres du thermal throttling, pourtant pandémique sur les ordinateurs ultra-fins.
Dans le cadre d'un usage classique, les températures dégagées se stabilisaient aux environs de 40 degrés la plupart du temps, avec quelques pointes à 45-50 lorsqu'on le sollicitait un peu plus. De très bons résultats.
Une des meilleures autonomies du marché
Cruciale sur les ultraportables, l'autonomie est un autre atout du Swift 7. Le laptop se montre endurant et passe régulièrement la barre des 10 heures d'autonomie en bureautique. Dans le cadre d'une utilisation plus poussée, mêlant bureautique, surf sur le net via Brave et lecture vidéo fréquente on atteint cette fois les 9 à 10 heures, tandis qu'en lecture vidéo sous Netflix (via Edge, avec le rétroéclairage du clavier coupé, la luminosité à 70% et un casque branché) l'appareil requiert une prise secteur au bout de 8 heures 30 environ.Dans l'ensemble, et si ces estimations varieront forcément en fonction des usages et des habitudes de chacun, le Swift 7 2019 se positionne peu ou prou au même niveau que son rival le XPS 13 2019 de Dell (que nous testions récemment). Une autonomie des plus respectables qui renforce l'orientation nomade du nouveau chouchou d'Acer et permet de travailler dessus une journée complète sans problème. Attention par contre à la recharge que nous avons trouvé un poil longue (comptez 2 bonnes heures pour passer d'environ 10% de batterie à 100%).
Il est temps d'aborder le dernier volet de notre test, celui du son. Sans surprise aucune sur une machine de ce gabarit, les haut-parleurs s'avèrent proprement médiocres, avec peu de puissance et un son suraigu, entièrement dépourvu de basses. Ces derniers sont par ailleurs très mal placés (décidément), puisque installés sur le dessous de l'ordinateur, de part et d'autre du clavier. On aura au moins la chance de ne pas les voir.
Heureusement, le bilan est nettement plus positif une fois un casque branché. La sortie Jack proposée par Acer est de qualité avec un signal puissant, bien équilibré et bien défini. Dommage par contre que la précision soit altérée une fois le volume haussé à plus de 75-80% en fonction des morceaux choisis. Un seuil que l'on aura toutefois rarement besoin de franchir.
Acer Swift 7 2019, l'avis de Clubic :
Le Swift 7 cuvée 2019 est l'archétype de ces appareils que l'on aime malgré leurs défauts. Le nouvel ultraportable star d'Acer est soigné, plaisant à utiliser et jouissif à transporter. Son autonomie est l'une des meilleures actuellement disponibles sur le marché et sa qualité de construction respire le soin et l'attention.Difficile pourtant de ne pas tiquer sur les choix parfois discutables du constructeur taïwanais, tout spécialement en matière d'ergonomie et de disposition de certains « périphériques » (trackpad certes long mais trop étroit, webcam très bizarrement située, capteur d'empreintes peu pratique pour les droitiers). Dans la même veine, le format surprenant, car très en longueur, du terminal peut plaire autant que déplaire.
Et puis il y a la question du prix, et ne nous le cachons pas, c'est le principal problème du Swift 7. L'ultrabook se positionne une fois de plus sur un marché chargé. Les challengers sont nombreux, lourdement armés... et vendus dans bien des cas à des tarifs inférieurs.
Sur le même créneau, Dell tient la dragée haute à toute concurrence avec son célèbre XPS 13.
Référence en matière d'ultraportable, le PC du constructeur de Round Rock se vend à partir de 1130 euros en version i3 tandis qu'un peu plus de 1500 euros suffisent à se payer les faveurs du modèle équipé d'un Core i7-8565U (nettement plus performant que le Core i7-8500Y intégré au Swift 7).
Pour les amateurs de laptops (un peu) plus ambitieux en termes de look, l'Envy 13 de HP est pour sa part proposé à près de 1000 euros. Pour ce prix on y trouve un Core i5-8265U (lui aussi plus véloce que le Core i7-8500Y), 8 Go de RAM et 512 Go de SSD. Il convient aussi d'évoquer les nombreux modèles premiums d'ASUS, dont certains ont été passé en revue dans nos colonnes ces derniers mois.
Dépenser 1800 euros minimum dans un Swift 7 2019 relèvera donc d'un choix conscient, celui de l'esthétisme et de l'hyper-portabilité. Reste à savoir si ce joli minois et cette insolente légèreté suffiront vraiment pour attirer les foules.