Si vous ne connaissez pas Shure, retenez simplement que dans le genre étalon de l'audio professionnel, le yankee se pose un peu là. Créée en 1925 par Sidney N. Shure dans l'Illinois, the Shure Radio Company (son nom d'origine) commença à vendre — ô surprise — des postes de radio. Au fil des ans, la société développa des microphones puis des cellules de lecture pour platines vinyles. Vers le milieu des fifties, elle commercialisa le premier micro sans fil destiné aux artistes, puis l'Unidyne III ainsi que les mythiques SM57 et SM58. Ils firent de la marque une référence absolue, utilisée par les plus grands chanteurs, orchestres et studios d'enregistrement.
Design, ergonomie et autonomie : jusqu'ici, tout va bien.
Si vous cherchez un casque facilement transportable, passez tout de suite votre chemin. Bien qu'il soit de dimensions proches de celles d'un Bose ou un Sony, l'AONIC ne peut pas être replié. Petite consolation on pourra tout de même faire pivoter les oreillettes afin de l'aplatir. Il prend alors place dans un bel étui circulaire qui pourrait facilement passer pour un sac à main design (26 cm de diamètre, 6,5 cm d'épaisseur, anse souple intégrée). L'AONIC 50 n'est pas non plus un modèle de légèreté : (334 grammes, contre 250 grammes pour le Headphones 700 de Bose et 255 grammes pour le WH-1000X M3 de Sony. À l'usage, cela ne pose aucun problème tant il est confortable à porter.Shure n'a pas mégoté sur la qualité de construction ni sur les matériaux employés. Les branches supportant les écouteurs sont faites d'aluminium brossé tandis que l'arceau les reliant dispose d'un rembourrage à mémoire de forme confortable. Les coussinets procurent une bonne isolation passive ainsi qu'une couverture des oreilles que nous jugeons très agréables.
Le constructeur ne cède pas à la mode du tout tactile et conserve quatre poussoirs mécaniques (mise sous tension, contrôle du volume et touche de commande) ainsi qu'un commutateur à trois positions (mode neutre, activation de l'annulation de bruits et mode transparent). Logés sur l'oreillette droite, ils sont facilement accessibles et ne nous ont demandé que quelques minutes afin de les maîtriser. La charge de la batterie s'effectue grâce au port USB-C (lui aussi logé sur l'oreillette droite). Un port microjack situé sur l'oreillette gauche autorise la connexion du câble audio fourni.
Si l'ergonomie nous semble globalement satisfaisante, on regrette tout de même l'absence d'un détecteur de proximité qui suspendrait la lecture lorsque le casque est retiré. Enfin, l'autonomie annoncée de vingt heures est proche de la réalité puisque nous avons pu utiliser le casque près de 19 heures avant que sa batterie soit entièrement vidée.
Shure Play Plus : vraiment plus !
Le constructeur met à disposition ShurePlus Play, application destinée à accompagner les produits sans fil de la marque (disponible pour iOS et Android). Avant de l'utiliser, il faudra établir manuellement la connexion Bluetooth entre le casque et l'appareil de lecture (un smartphone dans notre cas). L'application contient quelques réglages utiles comme le choix du niveau de suppression de bruit active (à choisir uniquement, entre normal et maxi) et le degré de transparence du mode environnement (restitution du bruit ambiant par le casque). C'est un peu maigre, mais cela s'avère suffisant à l'utilisation.L'égaliseur intégré, nettement plus intéressant, est sans aucun doute l'un des plus complets disponible pour un casque audio. On pourra utiliser l'un des cinq réglages prédéfinis ou créer les siens en fonction de ses besoins. On utilise pour cela la traditionnelle courbe que l'on manipule au doigt ou l'ajustement précis grâce au trio fréquence, gain et bande passante. Détail qui pourra intéresser les utilisateurs les plus pointus, le contournement des fréquences non utilisées peut au choix être activé ou désactivé à l'aide d'un commutateur de l'interface. Une fois le réglage peaufiné, on le sauvegardera afin de l'activer au besoin.
S'il est indéniablement complet pour un casque audio, l'égaliseur n'est actif qu'en utilisant le lecteur audio de l'application. Sous iOS, on pourra lui faire lire la musique disponible par Apple Music, à condition qu'elle ai été sauvegardée en local. Cela n'est pas possible sous Android (même si Apple Music y est présent depuis belle lurette) et il faudra se contenter des fichiers se trouvant dans le répertoire Music de l'appareil. Les fichiers non compressés sont pris en charge tant qu'ils ne sont pas protégés par un DRM.
Son : la (haute) fidélité avant tout
Autant le dire tout de suite : nous avons été conquis par la qualité du son restitué par l'AONIC 50. Bien sûr, il s'agit d'un casque Bluetooth 5 et souffre des limitations dues aux débits de cette technologie, incompatibles avec une véritable écoute haute fidélité. Il a toutefois quelques arguments non négligeables à faire valoir.En premier lieu, le support des codecs AAC, aptX, aptX Low Latency, aptX HD et LDAC (pour plus d'infos sur ceux-ci, on se référera à l'excellent papier de Johan Gautreau paru sur le sujet en décembre dernier) en plus du SBC. Sans être parfaits (même si LDAC peut sous certaines conditions atteindre le Nirvana), ils autorisent un transfert sans fil de très bonne qualité.
Autre argument non négligeable, le port USB-C du casque ne se contente pas de charger la batterie, mais transporte aussi le signal audio. En le connectant à un smartphone Android à l'aide d'un câble USB-C vers USB-C (non fourni, malheureusement), il devient véritablement un casque Hi-Res restituant correctement les morceaux lossless. C'est ce que nous avons constaté avec des fichiers FLAC 24 bits 96 KHz . Dommage que l'on perde alors la possibilité de commander la lecture depuis les touches du casque. Inutile de tenter l'opération sur un iPhone à l'aide d'un câble Lightning vers USB-C, le casque n'étant dans ce cas pas reconnu.
Nous avons testé l'AONIC 50 avec tout type de fichiers audio, allant des plus médiocres à ceux encodés avec amour, en passant par le streaming (Apple Music, Spotify et Qobuz).
Nous nous sommes dans un premier temps intéressés à la qualité d'écoute lorsque l'annulation de bruit active est éteinte. Si le son est bien meilleur lorsque les fichiers ne sont pas compressés, force est de constater qu'il reste dans tous les cas très correct. Très équilibré, il ne fait pas la part belle aux basses comme c'est actuellement la mode chez les grands constructeurs. Les graves sont bien présents, mais pas écrasants. Les bas médiums sont clairs et bénéficient — tout comme les aigus — d'une définition impeccable. Impossible de ne pas tomber sous le charme des arrangements subtils des Rolling Stones lors de l'écoute de You can't always get what you want, ou de ne pas vibrer avec la voix rauque de Woodkid dans son interprétation de The golden age. Les amateurs de musique classique y trouveront aussi leur compte, qu'il s'agisse d'apprécier la toccata et fuge en ré mineur de J.-S. Bach ou le très vibrant Requiem de Mozart. Shure a manifestement passé beaucoup de temps à concocter les deux transducteurs dynamiques de 50 mm en néodyme ( 20 Hz — 22 kHz) équipant le casque. La spatialisation de la scène stéréo s'avère très bonne, tout comme l'isolation passive procurée par les coussinets des écouteurs. Ceux-ci ne chauffent pas trop les oreilles et l'on peut envisager sans problème de longues sessions d'écoute.
Lorsque l'annulation de bruit active est enclenchée, le son ne se dégrade pas notablement. Certes, un tassement du son peut parfois être remarqué, notamment sur les aigus. Mais rien de dramatique. Le mécanisme d'annulation de bruit, entièrement concocté par Shure, repose sur quatre micros (deux à l'extérieur des oreillettes et deux à l'intérieur). Pour tout dire, il nous a un peu laissé sur notre faim puisque l'isolation procurée n'est pas si époustouflante qu'espérée. Mais il est vrai que notre mètre étalon — l'impressionnant WH-1000X M3 de Sony — n'est pas dépassé ni même égalé sur cet aspect. Cela ne signifie pas que l'AONIC 50 est mauvais dès qu'il s'agit d'annulation de bruit active, loin de là. Mais nous nous attendions à un peu mieux de la part d'un produit vendu 400 euros.
Si l'annulation de bruit est un critère primordial, l'AONIC 50 risque de ne pas correspondre à vos attentes. Mais si vous acceptez ce (très) léger handicap, il se rattrape par la qualité du son produit, qui le classe à coup sûr parmi les meilleurs.
Pour conclure la partie audio, on évoquera rapidement la qualité en conversation téléphonique. Sans être totalement transcendante, elle nous semble très satisfaisante même si les micros ont tendance à capter un peu trop le bruit environnant (notamment dans la rue).
L'avis de Clubic
Pour un premier essai, l'AONIC 50 est une réussite au niveau de la qualité audio et l'on n'hésitera pas à le qualifier de casque haute fidélité sans il (même si cela va sûrement défriser les intégristes du filaire). On n'en attendait pas moins de la part d'un constructeur devenu quasiment mythique dans l'univers professionnel.L'annulation de bruit active est en revanche un peu en dessous de nos espérances. Ce n'est pas qu'elle soit mauvaise, bien au contraire : mais à ce prix, on s'attendait à un sans-faute et ce n'est pas tout à fait le cas. On aurait aimé que Shure rende l'AONIC 50 repliable afin qu'il plus facilement transportable et qu'il intègre quelques dispositifs supplémentaires. Parmi elles, la présence d'un détecteur de présence coupant le son lorsque le casque est retiré ainsi que le support de la connexion sans fil multipoints (plusieurs lecteurs connectés simultanément au casque) aurait été bienvenue.