Il y a des séries dont la sortie ou même l'existence pure et simple sont complètement occultées par l'omniprésence d'un autre show au genre similaire, mais profitant d'une plus grande popularité. C'est exactement le cas de Manhunt : Unabomber, écrasée par une certaine Mindhunter ; tâchons de réparer cette injustice.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Colis Pocket
Presque toute personne possédant un compte Netflix - ou s'intéressant un tant soit peu à l'univers merveilleux des séries - a probablement déjà entendu parler de Mindhunter. Gageons que la communication de ladite plateforme de SVOD et le bouche-à-oreille autour du show ont, semble-t-il, été efficaces. Le succès de ce dernier n'est d'ailleurs globalement pas volé, mais aujourd'hui il est temps de mettre en avant une série qui, à mon sens, mérite encore plus de louanges, et surtout votre attention.Tout comme Mindhunter donc, Manhunt : Unabomber est plus ou moins une histoire vraie ; comprenez, basée sur des faits réels, avec quelques images d'archive intégrées au montage pour renforcer l'immersion, mais avec un brin de prises de liberté pour rendre l'ensemble plus cinématographique.
Durant ses huit épisodes le show s'intéresse, comme son nom le suggère, à la traque par le FBI du tragiquement célèbre terroriste Ted Kaczynski (porté par le toujours impeccable Paul Bettany), a.k.a l'Unabomber.
À partir de 1970 et durant plusieurs décennies, ce dernier a envoyé de nombreux colis piégés meurtriers. Faute de réussir à l'identifier et à le capturer tant il était prudent et intelligent, les autorités ont dû commencer à réfléchir autrement.
À l'instar, encore une fois, de Mindhunter - promis, après celle-là, j'arrête d'en parler -, qui s'intéresse à la naissance du « profiling » par le FBI, il est question ici des débuts de l'utilisation de la graphologie et de l'analyse linguistique afin de traquer les criminels.
C'est là que le personnage de Jim Fitzgerald (incarné par un, pour une fois, bluffant Sam Worthington) intervient.
Malgré de nombreux obstacles, cet agent du FBI va inciter sa hiérarchie à faire confiance à de nouvelles méthodes avant-gardistes afin de découvrir l'identité et traquer l'Unabomber, avec qui va ainsi s'engager un passionnant duel psychologique à distance (pensez à Yagami et L de Death Note).
Le show alterne les échelles de manière intelligente. Il s'intéresse bien évidemment à cette coûteuse chasse à l'homme, hors normes pour l'époque, mais pense aussi à zoomer régulièrement « à hauteur d'homme » en se penchant sur les décisions et les motivations profondes de Kaczynski durant toute sa vie, ou encore sur l'évolution de Fitzgerald, complètement dévoré par son travail et cette intense confrontation.
Une intensité timbrée
Mais là où Mindhunter (flûte, la revoilà) m'a régulièrement ennuyée de par son propos parfois un brin prétentieux (ce n'est bien évidemment que mon avis) et surtout son rythme souvent longuet, Manhunt : Unabomber vous absorbera d'un bout à l'autre.Avec son format ramassé et un montage dynamique et intelligent qui jongle de manière non linéaire entre les décennies et alterne entre les périodes de poursuite et les passionnantes discussions entre l'agent du FBI et le terroriste après la capture de ce dernier (oups, spoilers), Manhunt : Unabomber jouit d'un excellent rythme. La réalisation maîtrisée de Greg Yaitanes (qui avait déjà réalisé tous les épisodes de la série Quarry) n'y est assurément pas étrangère.
« j'ai mis des épisodes en pause pour aller immédiatement sur Wikipédia en apprendre plus »
Ce sens du montage et de la narration, associé à un scénario qui arrive à captiver alors que l'on connaît déjà plus ou moins la fin, à d'excellents dialogues à la fois riches et digestes, et surtout à un jeu d'acteur extrêmement solide (l'évolution des deux personnages principaux est à applaudir, mais aussi les performances de certains seconds couteaux), font qu'on ne voit pas le temps filer.
De même, la série fait partie de ces rares show où j'ai mis des épisodes en pause pour aller immédiatement sur Wikipédia en apprendre plus sur des éléments évoqués (et ainsi me spoiler, en passant, parce que je suis un peu bêta 🙃).
Regarde Unabomber, man
Bref, vous l'aurez compris, Manhunt : Unabomber m'a passionné et j'espère sincèrement que ce sera également votre cas.Notez pour finir que ce qui devait initialement n'être qu'une mini-série proposée sur Discovery Channel pourrait finalement avoir le droit à d'autres saisons, prochainement, chez un autre diffuseur. Il ne s'agira logiquement pas d'une suite, mais d'autres histoires du même acabit et donc avec de nouveaux acteurs. Dans la saison 2 il devrait notamment être question des Jeux olympiques d'Atlanta de 1996.
Cette série est pour vous si :
- Vous aimez Mindhunter ou les séries du même genre- Les histoires vraies (même un brin romancées) vous intéressent
- Vous raffolez de duels psychologiques et de débats riches
Cette série n'est pas pour vous si :
- Vous n'aimez pas les histoires vraies à base de drames meurtriers- Vous cherchez une série pour vous détendre
La saison 1 de Manhunt : Unabomber est disponible sur Netflix. Voilà le trailer en VO et en VF, faute de VOSTFR.