Dialogues et action qui percutent, héros et antagonistes hauts en couleur, univers et scénario captivants... Difficile de trouver des défauts dans la garde de Lastman. Raccrochez les gants et laissez-moi vous parler de cette série d'animation française qui risque bien de vous mettre K.O.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Dans la Vallée, oh oh, d'Aldana, lalilala
Peut-être connaissez-vous déjà la BD à succès Lastman, dont le 12ème et ultime tome arrive dans les librairies en cette fin 2019. Sur la brèche de cette notoriété France 4 a alors proposé en 2016 une adaptation animée éponyme - servant de préquelle à cette fameuse BD - en dernière partie de soirée. Mais il aura fallu attendre son arrivée dans un second temps sur Netflix pour que la série d'animation pour adultes Lastman obtienne la popularité (internationale !) qu'elle méritait depuis le début.
Mettons d'ailleurs les choses au clair immédiatement : il est inutile d'avoir absolument lu la BD avant de s'attaquer à la série pour s'y retrouver. Il est d'ailleurs plutôt conseillé de faire l'inverse, certains éléments de la série s'intégrant dans les derniers tomes et pouvant provoquer des combustions spontanées du cerveau du lecteur.
La série est notamment chapeautée par l'un des 3 cocréateurs de la BD, Balak (à qui l'on doit également en grande partie les bijoux irrévérencieux d'animations pour adultes que sont Vermine et Peepoodo), et réalisée par Jérémie Perrin. Celle-ci adopte un format atypique qui risque de vous faire enchaîner les épisodes comme on dévore des bonbons sans même s'en rendre compte : 26 épisodes d'environ 12 minutes chacun.
Une dizaine d'années avant les événements de la BD, le spectateur suit Richard Aldana : jeune boxeur aussi fainéant que vulgaire dont le grand cœur (et un peu la bêtise) va le mener au centre d'intrigues improbables et dangereuses dans la ville mouvementée et décadente de Paxtown.
Et je ne peux honnêtement pas en dire beaucoup plus sur le scénario sans en gâcher l'intérêt. Sachez juste qu'il n'est pas du tout uniquement question de boxe, mais plutôt d'un mélange entre un univers urbain moderne et d'éléments de fantasy. C'est d'ailleurs l'une des nombreuses forces du show (et de la BD d'ailleurs) : présenter un univers qui semble au départ relativement simple et cohérent, mais y apporter rapidement, par d'intelligentes touches, des éléments étranges et anachroniques.
"Comme en boxe, la maîtrise du rythme est un élément déterminant et ici une réussite indéniable."
C'est ce procédé qui donne principalement envie de lancer l'épisode suivant au plus vite afin de comprendre le pourquoi du comment de qu'est-ce que c'est que ce pataquès. Comme en boxe, la maîtrise du rythme est un élément déterminant et ici une réussite indéniable. De plus la façon dont est lentement distillé le mystère participe, du premier au tout dernier épisode, à ce que jamais l'intérêt ne retombe ou que le scénario ne semble précipité.
One Punch Line
L'alchimie immédiate dont jouit la série s'explique également par les excellents dialogues du show. Aussi souvent hilarantes que dramatiques ou coup de poing et mémorables, les lignes du moindre personnage sont écrites avec talent.
Le travail réalisé par les comédiens et comédiennes (de doublage) est également à saluer ; on y entend Martial Le Minoux, Maëlys Ricordeau, Vincent Ropion, Barbara Beretta ou encore Monsieur Poulpe pour n'en citer que quelques-un.
Avec un public adulte en ligne de mire, Lastman n'a d'ailleurs pas sa langue dans sa poche pour faire rire ou pour critiquer quelque chose de notre société en passant (coucou BFMTV, la forme ?).
Elle ne lésine pas non plus sur la violence, le sang, les explosions et tout le reste pour clouer le spectateur devant l'écran durant des scènes d'action qui percutent. La mise en scène enlevée reste néanmoins toujours claire.
"on approche furieusement du sans-faute"
Même la musique originale de Philippe Monthaye et Fred Avril n'est pas en reste. Qu'il s'agisse de pistes chantées par le personnage Tomie Katana, de moments prenants et émotionnels ou de bastons intenses, la série d'animation régale régulièrement les oreilles. Oui, on approche furieusement du sans-faute.
C'est bien simple, l'intégralité des personnes que j'ai pu guider vers Lastman n'ont pu s'empêcher de la regarder d'une traite ou presque une fois lancées. La majorité a ensuite dévoré la BD et même mes parents (oui, nous, veilleurs avons aussi des parents) ne tarissaient pas d'éloges après leur visionnage.
The Lord of the Ring
Ne reste plus qu'à espérer que la récemment annoncée saison 2 (qui sera elle composée de 6 épisodes de 45 minutes et qui devrait arriver en 2021 chez France Télévision) conservera les mêmes qualités et rencontrera moins de soucis de gros-sous que la première. Celle-ci avait en effet dû passer par la case du financement participatif pour pouvoir boucler correctement ses derniers épisodes suite à un problème avec un partenaire financier...
Bref, foncez regarder Lastman. Façonné de vrais choix esthétiques et scénaristiques, c'est un show de grande qualité qui redore concrètement le blason de l'animation française pour adultes et casse, en passant, quelques bouches.
Cette série est pour vous si :
- Vous aimez le mélange des genres moderne/fantasy- Vous recherchez une oeuvre concise et qui botte le cul
- Vous attendez avec impatience le tome 12 de la BD Lastman
Cette série n'est pas pour vous si :
- L'animation ce n'est vraiment pas votre truc- Vous êtes allergique à la violence ou la vulgarité
- Vous n'aimez pas la vie parce que quand même, merde, ça fracasse
La saison 1 de Lastman est disponible sur Netflix. Et ne vous arrêtez pas à ce trailer, qui je trouve ne rend pas pleinement justice à la série.