Windows 10 : Microsoft veut-il vraiment bloquer les jeux piratés ?

Alexandre Laurent
Publié le 18 août 2015 à 15h50
Les conditions d'utilisation des services associés à Windows 10 laissent entendre que Microsoft se réserve le droit de bloquer les jeux vidéo contrefaits. Cette découverte a fait naître une nouvelle polémique, qui n'a cependant peut-être pas lieu d'être...

Windows pourrait-il un jour bloquer de lui-même un logiciel contrefait ? La polémique fait rage depuis la découverte, via Alphr, d'une mention relative aux jeux vidéo piratés dans les conditions d'utilisation des services Microsoft. Ces derniers recouvrent une partie des fonctionnalités associées aux comptes Microsoft, de Skype à Outlook en passant par l'assistant vocal Cortana, le Windows Store ou la plateforme Xbox.

Que disent vraiment ces conditions, entrées en vigueur le 1er août dernier, que la plupart des gens valident sans les lire ? Le passage incriminé est le suivant :

« Nous pouvons vérifier automatiquement la version du logiciel que vous utilisez afin de pouvoir continuer de vous fournir les Services, et pouvons télécharger des mises à jour logicielles ou modifications de configuration sans vous les facturer afin de mettre à jour, d'améliorer et d'étoffer les Services, y compris celles susceptibles de bloquer votre accès aux Services ou d'empêcher votre utilisation de jeux contrefaits ou de terminaux non autorisés ».

À première vue, Microsoft se réserve donc le droit de forcer l'installation d'une mise à jour capable de bloquer l'accès à certains de ses services, mais aussi d'empêcher l'utilisation d'un jeu vidéo contrefait, ce qui sous-entend que l'éditeur pourrait disposer d'outils capables de détecter les logiciels en question. Dans la mesure où les réglages par défaut de Windows 10 soulèvent déjà des questions quant au respect de la vie privée de l'utilisateur final, la polémique a rapidement pris de l'ampleur sur la Toile.

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Ces conditions d'utilisation ne sont cependant pas spécifiquement liées à Windows 10. Le point qui fait débat ici n'a d'ailleurs rien d'inédit : on le retrouve par exemple dans les conditions d'utilisation de la console Xbox datées de juillet 2014, sous une formulation différente :

« Nous pouvons, entre autres choses : (i) restreindre ou limiter l'accès aux Services (...) en téléchargeant automatiquement un logiciel associé directement sur votre Dispositif Autorisé, notamment un logiciel vous empêchant d'accéder aux Services, de jouer à des jeux piratés ou d'utiliser des périphériques interdits ».

Dans les faits, Microsoft ne bloque pas spécifiquement les jeux Xbox contrefaits, mais il s'arrange en revanche pour que la console résiste le plus fermement possible aux tentatives de piratage, de façon à préserver l'écosystème associé. Courante chez les fabricants de console, la pratique est également admise dans l'univers de la mobilité. Apple et sa lutte contre les outils de jailbreak, qui permettent de déverrouiller l'accès au système et d'installer des applications non officielles, voire piratées), en témoigne à chaque nouvelle mise à jour d'iOS.

En tant que système d'exploitation indépendant du matériel utilisé et des logiciels tiers installés, Windows échappait jusqu'ici à ce schéma. Avec Windows 10, Microsoft prend toutefois un chemin différent : ses principaux services en ligne sont intégrés au sein du système, qui lui-même a vocation à s'intégrer à des environnements matériels spécifiques, téléphones mobiles et consoles de salon.

D'un point de vue économique, la couche Windows tend donc à s'effacer pour mieux servir les intérêts des couches voisines, qu'il s'agisse d'un hardware Microsoft ou des services en ligne développés par l'éditeur. La mise à disposition de Windows 10 sous forme d'une mise à jour gratuite, et les inquiétudes nées des communications établies par défaut entre un PC Windows et les serveurs de Microsoft, renforcent encore cette impression. Reste à voir si cette dilution ira jusqu'à modifier en profondeur l'utilisation qui peut réellement être faite du système et des logiciels choisis par l'utilisateur final.

SafeDisc et SecuROM : DRM non grata sur Windows 10

Sans lien avec les conditions d'utilisation de Windows 10, Microsoft a récemment annoncé que les jeux protégés par les verrous numériques SafeDisc et SecuROM ne seraient pas pris en charge par Windows 10. Nulle considération éthique ici : un porte-parole interrogé au micro de Rocket Beans a expliqué que cette décision était motivée par les risques que faisaient courir ces DRM au niveau de la sécurité générale du système.

Que les nostalgiques se rassurent : plusieurs des titres phare protégés à leur sortie par l'un de ces deux DRM ont été depuis réédités ou mis à jour sans leur verrou numérique (Bioshock par exemple).
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