© Qualcomm
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Loin de l'annonce en grande pompe de sa technologie/certification Snapdragon Sound, le fondeur vient de dévoiler un futur codec qui, au moins pour ce qu'il représente (en particulier en marketing), pourrait bien donner un petit coup de fouet au Bluetooth audio.

En effet, le nouveau codec AptX lossless est le premier du genre à revendiquer une qualité potentiellement lossless, c’est-à-dire sans aucune perte de données entre le fichier 16 bits d'origine (qualité CD) et l'appareil Bluetooth.

AptX Lossless : la possibilité du sans-faute

Pas encore très détaillé (mais Qualcomm/CSR ne dévoile jamais totalement ses recettes), le codec AptX Lossless n'est pas à prendre
comme un codec purement lossless, mais plutôt un modèle « scalable to
lossless
 », à l'image du peu connu codec non-Bluetooth AAC-SLS (noyau AAC et bitrate adaptatif qui permet d'aller jusqu'à une qualité lossless).

L'AptX Lossless repose sur la base du codec AptX Adaptive, mais plus étendue. Il peut ainsi aller non pas d'un bitrate 279 kbs à 420 kbs,
mais de 120 kbs à plus de 1 mbs. Ce débit étant adaptatif, la puce Qualcomm choisira, en fonction des conditions (puissance émission/réception, encombrement radio de l'environnement), le bitrate optimal afin de ne jamais avoir de décrochage sonore.

À faible et moyen bitrate, la qualité sera donc à pertes, bien que l'AptX Adaptive soit déjà très optimisé.

Mais, à partir d'un certain seuil, plus aucun algorithme à pertes ne sera en jeu, si bien que le codec pourra être considéré comme bit perfect par rapport au signal d'origine. Un fichier FLAC 16 bits/44,1 kHz pourra
donc se retrouver, au format AptX Lossless, sur la puce Bluetooth d'un casque ou d'un écouteur, sans qu'aucune donnée musicale n'ait été retirée. Le codec sera capable de détecter si la source est lossless et d'autoriser automatiquement de pousser (si cela est possible) le bitrate jusqu'à ce seuil lossless.

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Pour les amoureux du 24 bits/96 kHz, il sera même possible de fonctionner dans cette qualité, mais avec une compression à pertes.

Forcément, il n'y aura pas, même avec des optimisations, de miracles sur l'autonomie en qualité lossless. Cela demandera un débit important et, par conséquent, une endurance réduite par rapport à des débits moyens.

 Un codec Bluetooth ? Oui et non

Bien sûr, la promesse est importante, mais il faut tout de même ne pas oublier qu'elle est avant tout marketing. Il faudra bien la détailler, lire entre les lignes et attendre quelques confirmations. Cela nous pousse immanquablement à relever déjà quelques bémols.

Pour commencer, si l'AptX Adaptive est un codec que l'on trouve en standard sur l'essentiel des smartphones récents (intégrable depuis Android 10), ce ne sera pas le cas avec l'AptX Lossless, en tout cas dans un premier temps.

Un appareil supportant ce format devrait obligatoirement être certifié Qualcomm Snapdragon Sound. La chaîne du son devra donc être, de bout en bout (smartphone et casque/écouteur), équipée de puces Qualcomm, bardées d'éléments propriétaires, pour des marques qui auront payé leur gabelle à Qualcomm.

Cette technologie met en jeu un certain nombre d'optimisations hardware et de modifications dans les couches logicielles du Bluetooth. L'un des exemples les plus parlants est l'utilisation, pour atteindre le 1 mbs de
l'AptX Lossless, du Bluetooth High Speed Link, une modulation particulière pour les envois de données, là aussi développée par Qualcomm.

La question peut donc se poser : l'AptX Lossless peut-il vraiment être considéré comme un codec Bluetooth ? La notion de standard universel est tellement loin avec ce codec qu'il n'est de toute façon pas question de le voir arriver sur des appareils type Apple (qui a horreur de la
technologie propriétaire des autres). De plus, beaucoup de marques maintenant réfractaires à Qualcomm, comme Sony, risquent là aussi de le bouder au profil du LDAC et du LC3. L'AptX Lossless est presque un « codec audio pour le protocole Qualcomm, avant d'être un codec audio pour le protocole Bluetooth ».

Autre crainte, que nous confirmerons ou non avec les premiers modèles compatibles : comment pourra-t-on vérifier que la qualité, à un instant T, est lossless et non lossy, puisque ce codec adapte son bitrate en
permanence ? Partir sur une approche scalable est la seule chose à faire avec un environnement Bluetooth, mais s'il faut se dire « ce codec est lossless, mais actuellement, je ne peux pas dire si c'est vraiment le cas », nous sommes déjà dans une certaine ambiguïté.

Est-il vraiment nécessaire de s'enthousiasmer pour ce codec quand le futur LC3, standardisé (et obligatoire pour le LE Audio), pourra être adaptatif de 160 kbs à 1 mbs ? L'avenir nous le dira.

Source : TechPowerUp